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Dreamlands, entre rêve et cauchemar

Publié le 09 mai 2010 par Wewowy

On a testé pour vous, Dreamlands, l’excellente exposition inaugurée à Beaubourg cette semaine, qui revient sur la façon dont les parcs de divertissement et autres expositions universelles auraient façonné l’esthétique et l’urbanisme des villes du 20e siècle.

dreamlands 3

Le nom de l’exposition, fait référence à un parc d’attraction très populaire crée en 1904 à Coney Island, dans l’état de New-York. Et c’est l’agréable musique jazzy faisant la promotion du parc qui nous accueille au 6e étage du Centre Georges Pompidou, nous renvoyant à cette époque charnière où tout a commencé.

Ces Dreamlands, au travers desquels nous exprimons nos utopies, nos rêves, nos fantasmes, ont servis d’incubateurs, donnant naissance à une architecture du plaisir et du sensationnel qui n’a cessée depuis de se propager dans un monde où le sacro-saint loisir est devenu un mode de vie.  Ces espaces sublimés, façonnés par notre imagination et notre besoin de croire qu’il existe un urbanisme idéal, un urbanisme du bonheur, ont fini par s’imposer comme de nouvelles normes, brouillant la frontière entre rêve et réalité.

En visitant Dreamlands, on plonge dans le monde des foires et des expos universelles, qui finirent par délaisser l’utilitarisme pour le spectaculaire, comme ce fût le cas pour l’édification de la Tour Eiffel en 1889 à Paris, ou du délirant « Pavillon de Vénus » de Dali en 1939 à NY. On découvre la passion de Walt Disney pour l’urbanisme en consultant les plans inachevés d’Epcot, cette ville futuriste idéale qui devait préfigurer une nouvelle façon de vivre ensemble, mais qui ne verra jamais le jour (la faute à Walt qui est mort trop tôt…).

On assiste tristement, au spectaculaire développement de villes-collages kitchissimes dédiées au tout-puissant Dieu du fake, à l’image de Las Vegas, qui a érigé en véritable modèle une architecture ludico-commerciale où le carton-pâte est roi et où de pâles imitations des villes du monde entier attirent chaque année des millions de touristes.

Dreamlands vegas

On parcourt les rues de New-York, archétype de la métropole moderne, où des gratte-ciels aux bras bioniques devenus fous dansent du hip hop sur un champs de ruines, sur fond de bruits de sirènes et d’annonces radio. Nothing can stop a New-Yorker.

On s’interroge sur la notion d’authenticité, dans un monde saturé de références communes, dans lequel les voyages se résument trop souvent à faire des milliers de km pour poser devant des monuments célèbres que l’on a vu des milliers de fois en photo, et que l’on peut retrouver à deux pas de chez soi à l’état de modèle réduit dans ces parcs miniatures qui fleurissent un peu partout. Pourquoi voyager quand la copie devient plus importante que le modèle original ? Liu Wei pose la question en réalisant une gigantesque maquette fantasmagorique des monuments célèbres du monde… en os à mâcher pour chien !

On a un pincement de cœur devant les images de « the Truman Show » alors que Jim Carrey découvre qu’il a passé la moitié de sa vie dans un décor de cinéma sans le savoir.

On saute de dôme en dôme, de la ville de Dubaï où l’on peut skier alors qu’il fait 50° dehors, à cette bulle japonaise qui promet au nippons de leur faire oublier qu’ils sont dans une mégalopole polluée grâce à une plage artificielle couverte où il fait 25° toute l’année et où l’on peut faire du surf.

Notre balade dans Dreamlands termine sur une allégorie surnaturelle signée Mike Kelley, que nous appellerons « l’allégorie de Kandor ». Kandor, vous ne l’ignorez pas, est la capitale de Krypton… la planète de Superman! Les BD montrent sans cesse une représentation différente de la métropole. Un peu comme si nous étions incapables de représenter de façon pérenne cette ville qui symbolise la cité utopique du futur qui n’existera jamais.

La meilleure manière de vous rendre compte du phénomène est probablement de sauter dans un avion pour Shanghaï pour assister à l’exposition universelle de la démesure (see related post). Mais si comme nous, votre déclaration d’impôts vous oblige à reconsidérer vos projets d’évasion, ne ratez surtout pas Dreamlands. C’est jusqu’au 9 août !

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