On appelle cela une mutation réussie. Cela n’a l’air de rien comme ça mais c’est probablement ce qu’il y a de plus dur dans la musique : parvenir à changer de style sans pour autant renier complètement tout ce qui a été fait auparavant. Faire adhérer les fans de longue date à cette nouvelle formule tout en récupérant de nouvelles ouailles plus intéressées par la nouvelle mouture. La chose est ardue, nombreux y ont laissé plus que des plumes, mais elle n’est pas impossible. La preuve en 9 titres avec les Anglais de 65daysofstatic et leur quatrième album “We Were Exploding Anyway“.
On ne saura jamais si le groupe de Sheffield aurait finit par exploser comme semble l’évoquer le titre de leur nouvel album mais toujours est il que l’on sentait que le carcan post-rock commençait à devenir un peu trop étroit pour eux. Il y eut tout d’abord quelques petites touches électro, un peu de chant et du piano sur leur troisième album “The Destruction of Small Ideas“, puis un EP résolument électro. Sur leur quatrième album, les Anglais ont décidé de franchir résolument le pas et d’intégrer pour de bon l’électro et plus étonnant de la drum’n'bass.
La mutation se manifeste dès le premiers instants, dès les premières secondes de Mountainhead, le titre d’ouverture de “We Were Exploding Anyway“. 65dos construisait auparavant ses mélodies sur des boucles de guitares embarquées dans un jeu de montagnes russes propre au post-rock. Désormais, les samples et sonorités électroniques ont remplacé les guitares ou en tout cas pris le dessus sur les 6 cordes. Un mariage de coeur et de raison qui nous laissait craindre le pire et qui s’avère finalement une superbe réussite, à l’image d’un Crash Tactics, de Piano Fights ou plus encore de Come to Me qui bénéficie de l’apport vocal non négligeable de Robert Smith.
65dos va même encore plus loin sur certains titres dont Weak4, Dance Dance Dance et Go Complex, dans le plus pur style drum’n'bass, qui ne sont pas sans rappeler les débuts de Prodigy. La fin de l’album vire même complètement électro sur Tiger Girl, l’autre grand moment de cet album (avec Come To Me), qui n’aurait pas dépareillé sur “Tarot Sport”, le dernier album de Fuck Buttons. Plus de 10 minutes de boucles électroniques seulement entrecoupées de quelques breaks qui donnent une furieuse envie de danser. Si on nous avait dit que l’un des meilleurs titres électro de l’année serait l’oeuvre de 65dos on aurait sûrement cru à un poisson d’avril, mais ce titre démontre avec quelle maîtrise et quel brio le groupe de Sheffield a réalisé une mutation compliquée sans pour autant se couper de l’identité sonore qu’il s’était crée.
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L’album en écoute sur Spotify.