Sur la piste du ZODIAC... en DVD

Par Tom

Un assassin, se faisant appelé le "Tueur du Zodiaque", a sévi en Californie entre 1966 et 1978. Considéré, par certains, comme le "Jack l’Eventreur" américain, ce criminel n’a jamais été arrêté. L’une de ses particularités : il envoyait à la presse et aux forces de l’ordre des messages cryptés, véritables pamphlets destinés à asseoir sa supériorité et à narguer la police… Plus de quarante ans après le premier meurtre du "Zodiaque", le réalisateur David Fincher nous invite à pénétrer dans les méandres d’une enquête touffue et passionnante... disponible en DVD ! Le "métronome du Trash" se serait-il assagi ? De toute évidence oui ! Pour traiter de cette sombre histoire (véridique), David Fincher a choisi le chemin de la maîtrise et de l’analyse en utilisant un style nettement plus pausé par rapport à ses "Seven" et "Fight Club".

Tout en nous offrant, une nouvelle fois, quelques plans et artifices visuels de grande qualité, Fincher défend ici une "prose" plus sage comme il l’avait déjà fait dans "The Game" et "Panic Room". Si il y a un grand réalisateur derrière la caméra, devant celle-ci, on retrouve un trio d’acteurs époustouflants composé de Jake Gyllenhaal, de Mark Ruffalo et de Robert Downey Jr.. Inutile de gloser : la performance de ces trois stars est quasi-irréprochable. Si Gyllenhaal brille par son naturel et Ruffalo par sa sérénité camouflée, Robert Downey Jr excelle en interprétant un journaliste brillant et fanfaron, rongé par l’alcool.

Sondant en profondeur ce fait-divers morbide (voir ci-dessous), "Zodiac" souffre inévitablement de quelques longueurs. Ce film dépasse quand même les 2h30… Mais on pardonnera aisément cela à Fincher et à son équipe, tellement "Zodiac" brille sur plusieurs tableaux. S’étalant sur une assez longue "chronologie" (de 1966 à nos jours), l’histoire pourrait être divisée en trois temps...

Il y a tout d’abord la description méthodique des premiers meurtres & les rapports particuliers que le tueur entretenait avec les médias. Vient ensuite l’enquête de l’inspecteur David Toschi (Mark Ruffalo). Freinés par leur hiérarchie, cet enquêteur et son collègue, William Armstrong (Anthony Edwards), suspecteront, sans toutefois le confondre, un certain Arthur Leigh Allen. L’acteur John Carroll Lynch, vu notamment dans "Volcano" et "Gothika", est impeccable sous les traits de cet individu mystérieux et inquiétant.

Pour terminer son "marathon", David Fincher aborde l’enquête menée par Robert Graysmith (Jake Gyllenhaal), caricaturiste et (jeune) romancier. Voulant à tout prix découvrir l’identité du tueur, Graysmith va progressivement être rongé par cette enquête, délaisser son travail et, pire encore, sa famille. David Fincher n’oublie évidemment pas de sonder les motivations de cet investigateur en herbe et les retombés qu’aura cette enquête obsessionnelle sur sa vie affective.

Au terme de ce troisième "chapitre", "Zodiac" se conclue prudemment en avançant les derniers éléments de la véritable enquête. On n’aura donc pas droit à un final tranché, comme celui du "Dahlia Noir", mais plutôt comme une fin indécise (à la "HollywoodLand") qui laisse songeur… & c’est tant mieux !

Avec beaucoup de pudeur, David Fincher nous replonge au cœur du drame, là où un "déséquilibré", cherchant vraisemblablement les faveurs de la presse, a tué des innocents. Un film sobre et terrifiant à la fois, rehaussé par un merveilleux casting ! Du grand cinéma d’investigation ! Nul doute que ce "Zodiac" vient renforcer la déjà très attrayante filmographie d’un réalisateur hors normes.

La bande-annonce...

"Zodiac" jusqu’au bout des ongles !

Ceux qui verront ce film ne seront sans doute pas étonnés de l’apprendre mais "Zodiac" a bénéficié d’une très importante recherche documentaire. A cela, il faut ajouter la grande implication de l’équipe du film à commencer par David Fincher, lui-même, et le scénariste/producteur James Vanderbitt. Scénariste sur "Basic" (2003), "Nuits de terreur" (2003) et "Bienvenue dans la jungle" (2004), ce dernier s’est basé sur deux romans : "Zodiac" (1986) et "Zodiac unmasked : the identity of America’s most elusive serial killer revealed" (2002) du journaliste Robert Graysmith, l’un des personnages centraux du film, joué par Jake Gyllenhaal. En plus de ces ouvrages, James Vanderbitt disposait d’une tonne d’interviews et d’articles de presse de l’époque.

Ayant passé sa jeunesse en Californie à l’époque où le "Tueur du Zodiaque" sévissait, David Fincher a été interrogé, dans le cadre du film, les enquêteurs de l’époque, les survivants, les proches des victimes, ainsi que la famille d’un des principaux suspects, un ancien enseignant condamné pour attouchements sur mineurs et répondant au nom de Arthur Leigh Allen…


Le vrai Arthur Leigh Allen (photo issue de www.zodiackiller.com)