Considérations...

Par Ananda

La psychanalyse excuse les pires vilenies de l'humanité en les appellant "névrose" et, donc, en les pathologisant.

N'est-ce pas un peu facile ?

Si elle était vraiment capable de les corriger, de les "guérir", on comprendrait...

Mais n'a-t-elle pas, au contraire, intérêt à ce qu'elles se perpétuent (logique : elles constituent sa raison d'être) ?

Plus grave encore, elle présente souvent les choses de façon telle que les victimes de pareilles vilenies qui font appel à elle (faute de mieux) finissent par se sentir responsables de leurs propres mésaventures, comme si elles les avaient "attirées", en quelque sorte "désirées" (par "compulsion de répétition", par "mauvaise image de soi autopunitive" et/ou par "masochisme"). En psychanalyse, c'est l'abîmé, le "patient" qui devient pervers et tordu, il n'a pas droit à l'innocence; on n'arrête pas de lui faire pointer du doigt ce qui "ne va pas chez lui pour qu'il en soit arrivé là".

Et à quoi attribuer l'action presque "terroriste" des "thérapeutes" à l'encontre du pouvoir éducationnel des parents, en premier lieu de la mère ? Au fait qu' "inconciemment", ce sont des gens avides de pouvoir ?

Comment interpréter leur insistance sur l'affirmation de soi ?

Que dire du nombrilisme de plus en plus forcené que leurs omniprésentes conceptions freudiennes ont tendance à induire ?

Que penser de la façon qu'a la "thérapie" d'enfermer ses "patients" dans une bulle hors du monde ?

Changer le monde, agir sur le monde n'intéresse pas la psychanalyse.

La plupart du temps, les "psys" nous serinent : "occupez-vous de vous d'abord; le monde, il est ce qu'il est, il faut apprendre à le supporter, pour ne plus souffrir !"

Etrange psychanalyse !

A la fois si conservatrice et si "anarchisante" !

Je trouve qu'elle a un sacré air de famille avec le capitalisme, dont elle fait bien l'affaire.

C'est sur les champs de destruction que les mondes neufs s'établissent.

Tout peut être regardé à plusieurs niveaux.








L'Homme, par sa double nature d'animal et de conscience, est sans doute condamné à une certaine dose d'hypocrisie.

Certains aimeraient que la poésie soit "reconnue par le grand public", et par un système merdique où le paraître, l'ambition, le clinquant sont rois.

Pour ma part, je ne pense pas que ce soit là sa vocation réelle.

Le vrai poète, à mon sens, est une créature intériorisée et authentique, qui, à bien des égards, poursuit une quête d'absolu spirituel, et qui s'efface derrière ce que ses mots peuvent en refléter.

Le véritable royaume du poète est celui du silence, du temps suspendu, de la contemplation; de l'écoute, à l'affût dans l'ombre, des confins d'une réalité qui, soudain, sans crier gare, se voilent.

Mis à part qu'il est beaucoup moins serein, certes, nettement plus inquiet, le véritable poète est, tout bien pesé, une sorte de cousin du sage.

Il aime se tenir en retrait, apprécie de se sentir recouvert d'ombre.

Il se concentre trop sur ses "recherches", sur ses marottes, sur ses "alchimies"(pour emprunter un mot cher à Jean-Luc Maxence) pour céder aux sirènes, aux faiblesses de l'ego en état de boursouflement. Son plaisir, il le tire non de se voir cité, ou même publié (même si, accessoirement, ça peut ne pas lui déplaire), mais de l'acte même de la création, de la composition, elle-même réactive aux denses réactions que lui valent son contact, son incessante et obsédante inter-relation avec le monde.

Poreux, le poète écrit et ne trouve sa vraie joie que dans les mots qu'il trouve...ou, plus exactement,  ceux qu'il trouvera, car il est rare qu'il  soit satisfait de ce qu'il vient tout juste de produire. Le poète est toujours tendu dans une quête, toujours distrait, sollicité par l'"interférence" de ce qui s'impose à lui.

Je pense, pour tout dire, que la poésie est une ascèse, une exigence qui vous traverse. En tant que telle, elle ne saurait se faire prétexte à trop s'exposer sur les "feux de la rampe".

Les reconnaissances, les récompenses, les honneurs, au fond, lui importent assez peu. C'est le poète qui est au service de sa poésie, de la poésie, et non l'inverse...

Ce que cherche la vraie poésie, c'est une dimension intemporelle. Ce que le vrai poète cultive, c'est une simplicité proche du dénuement...pour ne pas dire une humilité d'ordre "mystique".

Celui/celle qui utilise la poésie pour se faire valoir, celui/celle qui en fait, en somme, un objet utilitaire n'a, je le crains, pas  compris grand chose à son authentique nature.

Désintéressée. La poésie se doit d'être désinterréssée.

Et puis, à quoi bon la "reconnaissance" d'un système aussi pourri ?

La poésie n'est-elle pas le domaine des chamanes, des voyants, des dissidents à part de tous poils ?

Le poète, en tant qu'enfant éternel, est inadapté social. Il cherche dans l'univers que lui offre la poésie un ailleurs, une sorte de monde parallèle qui l'allègerait, le délivrerait de toutes les pesanteurs du réel.

La poésie est peut-être le coeur de l'imaginaire humain.

Entre la complexité de l'Homme et celle du monde, la simplicité essaie, bravement, de se frayer un chemin.

La susceptibilité des uns est souvent fille de l'arrogance des autres.

Je me méfie toujours de l'Homme.

Il est plein de contradictions.

La vocation ultime de la connaissance ne serait-elle pas, par hasard, de nous amener au constat de l'étendue, sans remède, de notre inconnaissance ?

Si nous sommes mus, nous, humains, par un tel impérieux besoin de connaître le fin mot de l'histoire, ne pourrait-ce pas être parce que le fin mot de l'histoire cherche à se voir connu ?

Saurons-nous jamais s'il y eut une origine quelconque à l'origine ?

Ce qui est, peut-être, le plus "fatiguant" parfois, chez les êtres humains, c'est leur infantilisme.

Ce qui est vrai selon une certaine approche peut ne pas l'être selon une autre.

L'histoire du verre à moitié plein/à moitié vide, vous connaissez ?

Ce que les Mauriciens ont au moins tous en commun, c'est le sens et la tentation de l'Ailleurs; c'est une fascination pour les vastes et vieux pays d'enracinement millénaire qui ont une véritable identité à offrir à ceux qui y naissent; c'est une incertitude sur ce qu'ils sont, sur d'où ils viennent vraiment qui les rend potentiellement perméables à un peu toutes les influences et presque naturellement portés à la "citoyenneté du Monde".

Identité française et identité mauricienne : deux identités aux antipodes l'une de l'autre !

L'Océan Indien, c'est la complexité.

A peine a-t-on  le temps de se trouver vraiment soi-même... qu'il faut disparaître .

Nous sommes déjà dans ceux qui nous ont précédé (ancêtres, aïeux) comme nous sommes, encore, dans ceux qui nous suivront, connus ou pas.

P.Laranco.