Avant la sortir de Robin des Bois, revenons sur la première collaboration de Ridley Scott et Russell Crowe dans le genre historique avec Gladiator. Le retour en grâce d’un réalisateur et d’un genre disparu.
Les années 90 n’ont pas été tendres avec Ridley Scott. Il faut dire que pendant cette période, le réalisateur d’Alien et Blade Runner n’était pas au mieux de sa forme. Lame de Fond, 1492, GI Jane, on ne peut pas dire que ces derniers soient mémorables. Mais tout vient à point à qui sait attendre et l’aube du nouveau millénaire va redonner une source d’inspiration au réalisateur anglais. Poussé par Dreamworks qui, malgré ses succès critiques, cherche un gros succès au box-office, il va faire renaitre un genre complètement oublié, le péplum. Il faut dire que depuis Spartacus et le chant du cygne Cléopâtre, le genre n’a pas brillé par sa présence ni par sa qualité. Le défi était donc de taille. Mais pour un public qui n’en avait pas vu au cinéma depuis des années, cela ne pouvait que fonctionner. Et avec les moyens techniques d’aujourd’hui, le résultat ne pouvait en être que plus bluffant. Mais tout ne sera pas simple, à commencer par le casting. Pour les deux rôle principaux, pas de guest star ultra-bankable pour assurer les arrières (Mel Gibson était occupé sur le Patriot de Emmerich). Russell Crowe débarque d’Australie et, même si il a prouvé de quoi il était capable dans Révélations de Michael Mann, il est encore presque inconnu du grand public. D’un autre côté, c’est Joaquin Phoenix qui est choisi pour incarner Commode à l’écran alors qu’il a un peu le même type de carrière (reconnu par la critique, second rôle pour le public). Puis il y a eu les seconds rôles de marque dont Richard Harris et surtout Oliver Reed décédé pendant le tournage et donnant bien des souci à Ridley Scott pour terminer ces scènes. Après tout ça, le reste fait partie de l’histoire. Le film sort au début de la saison de blockbuster estivale 2000 et s’avère être une grande réussite. On retrouve les grande lignes des péplums d’antan avec des personnages forts, une histoire de vengeance personnelle convaincante, un contexte politique bien retranscrit, donnant de la profondeur à l’histoire. Tout en prenant soin de pas mettre en avant une quelconque réalité historique (le personnage de Maximus est fictif et de nombreux points ne sont pas raccords, malgré une personnalité de Commode bien retranscrite), Ridley Scott offre aux spectateur du grand spectacle. Les batailles et duels dans l’arène sont plus vrais que nature et emprunts d’un souffle épique que l’on avait oublié depuis longtemps. On retrouve ici un Ridley Scott dont on ne se rappelait plus. Un réalisateur avec un vrai sens du spectacle, de la mise en scène et qui trouve toujours les plus beaux plans. Il n’y a qu’à entrer dans l’arène pour être embarqué en pleine antiquité romaine. En plus de la mise en scène, on peut également saluer les performances des acteurs qui confirment Russell Crowe et Joaquin Phoenix comme de grands comédiens à suivre de près. Ce n’est pas pour rien qu’il seront nommés aux Oscars et que Russell emportera la statuette. Mais il y a aussi la musique de Hans Zimmer, épique, lyrique, avec la participation de Lisa Gerrard, la nomination aux Oscars ne sera pas déméritée et verra une association fructueuse naitre avec Ridley Scott (Les Associés, Hannibal, Black Hawk Down). Résultat, le film qui réussi à trouver le juste milieu entre grand spectacle efficace et réflexion politique et personnelle intéressante, sera l’un des plus gros succès de l’année 2000, le public et les critiques sont enthousiastes, 5 oscars gagnés plus tard (dont meilleur film), Gladiator entre aux côté des réussites du genre. Après 10 ans de carrière, le film ne vieilli pas et aura donné des idées de péplums aux autres studios qui ne renouvelleront pas l’exploit (Alexandre, Troie, …). Comme quoi, à l’aube d’un nouveau millénaire, revenir aux valeurs antiques peut donner un film culte.