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Le VIN
L'invention du vin est à situer dans les régions montagneuses du Proche Orient ; Elle daterait de huit millénaires.
Merveilleusement développées en Mésopotamie d'abord, puis en Egypte et en Grèce, cette domestication de la vigne et l'élaboration progressive des procédés de vinification se sont propagés d'est en ouest en quelques millénaires.
Elles ont gagné le Maghreb, l'Italie, la Gaule, l'Espagne et les îles Britanniques, entraînant de nombreuses conséquences matérielles, sociales, commerciales et économiques - bref, civilisatrices.
Les objets liés à la fabrication, la conservation, le transport, et la consommation du vin se sont multipliés, diversifiés, améliorés, enrichis, anoblis.
On boit dans l'or, l'argent, le bronze, le verre.
On transporte ce breuvage dans des amphores dont la forme, telle une étiquette de cru ou de château, informe sur la provenance - c'est au point que certains de ces contenants sont imités pour tromper l'acheteur sur l'origine et vendre mieux et plus cher.
Le vin sert aux libations, aux célébrations, à rapprocher les gens, les peuples aussi.
On peut dire que l'on trace, dans son déploiement, un immense sillage de culture, comme il continue de le faire aujourd'hui.
En Gaule, c'est à Marseille que le vin s'implante durant le dernier millénaire avant Jésus Christ.
La Gaule est depuis longtemps très grande consommatrice de vins d'importation, de vins italiens notamment, mais elle n'a pas encore planté de vignes elle-même avant que les Phocéens ne l'introduisent.
La province de la Narbonnaise (Var, Hérault, Drôme, Côtes du Rhône) va alors vite s'en couvrir.
Et puis c'est l'Aquitaine qui prend la suite dans les premiers siècles de notre ère, avant la Loire, le Bassin Parisien et la Champagne, et en même temps ou à peu près sans doute, la vallée du Rhin.
Je n'ai pas besoin de rappeler l'extraordinaire degré de raffinement auquel sont parvenus les rapports de l'homme et du vin en quelques 8000 ans.
On évoque, comme un poème, l'étonnante gamme des couleurs de la robe du vin - clairet, rubis, grenat, tuilé, pourpré, pelure d'oignon pour le rouge ;
vert, paille, doré, citron, ambré, beige, vieil or, plombé ou miel pour le blanc ;
on cite l'éventail des arômes des vins, ceux des beaujolais, par exemple - violette et pivoine pour le saint-amour, violette et rose pour le moulin-à-vent, giroflée et kirsch pour le morgon, prune et et pivoine pour le brouilly, framboise et giroflée avec une pointe de cannelle pour le juliénas.
Et n'oublions pas Paris, brillant producteur.
Tout le monde connaît le vin de Montmartre, mais on connaît sans doute moins le goutte d'or, le petit vin blanc d' Henry IV, ou les 12 pieds de vigne de Saint Germains des Prés, au chevet de l'église, rebaptisée Saint Juliénas les Prés...
Yves Coppens.
Chronique sur France Info du 22 Novembre 2004, tiré du livre "le présent du passé".
Allez au plaisir de vous lire...