C’est un fait pas toujours reconnu par le grand public (et c’est aussi pour cette raison que j’ai écrit « l’Organisme »), le métier d’enseigner n’est pas une tâche facile... Témoin un courrier envoyé par une jeune collègue et à qui j’ai adressé la réponse suivante.
« Ton courrier pose une grande question et met le doigt sur la complexité et j'irai jusqu'à dire "le romantisme" de notre mission... Quand on sait à quel point le mot « romantisme » oscille entre chimère et désespoir, exaltation et désenchantement...
Les premières années d’enseignement font appréhender la réalité du métier si on l'a empoigné comme il fallait... L'expérience, le "recyclage" de cours déjà « tout faits » et « réchauffés » n'y font rien. Et ce sentiment trouble d'insatisfaction à la sortie de certains cours, cette impression de gâchis, d'incompétence, ce syndrome de Don Quichotte qui vient frapper les ailes...
On sort brisé par des mesquineries, des paroles déplacées, des rafales de vulgarités diverses... Et puis revient le matin, et puis jaillit la conscience et ça repart avec la même voix qui vibre et qui résonne, l'intelligence qui claque, et le fouet qu'on brandit avant que les chevaux ne fatiguent à nouveau... Et ainsi de suite dans un éternel recommencement. C'est un métier qu'on mérite. Courage. »