Nous sommes à la croisée des chemins

Publié le 08 mai 2010 par Jplegrand

Que se passe-t-il, le capitalisme peut-il s'écrouler ?

La  situation économique et politique de l'Europe est très grave. Beaucoup d'économistes et de responsables politiques craignent un « effet domino », de ce qui se passe en Grèce, c'est à dire une impossibilité pour les Etats de l'Union européenne de payer leur dette aux capitalistes qui comptent ne pas laisser les choses en l'état. Ainsi l’Espagne, le Portugal, l’Italie et l’Irlande, mais aussi la Grande-Bretagne pourraient être rapidement concernées.

Les bailleurs de fonds internationaux sont de plus en plus préoccupés par la solvabilité de ces Etats. Evidemment les dirigeants européens qui ont livré nos pays aux prédateurs de la finance capitaliste cherchent des solutions. Evidemment aucune de ces solutions ne remet en cause la logique capitaliste car pour eux il ne peut y avoir d'autre système que le capitalisme. D'ailleurs ils ne sont pas les seuls à penser ainsi. La majorité du personnel politique et des militants politiques de notre pays pense que hors du capitalisme il n'y a aucun salut. C'est la raison pour laquelle ils vont continuer dans leur grande majorité à rester enfermés dans les dogmes qui gouvernent leur pensée depuis toujours : ils vont accepter les pires plans d'austérité, appeler la population à encore plus de sacrifices, expliquer qu'il n'y a pas d'autre issue sous prétexte que faire autrement conduirait au chaos.

Depuis plusieurs mois j'explique avec mes amis que nous avons  à faire non pas à une banale crise du capitalisme mais à LA crise du capitalisme. Je sais que mes positions ont été accueillies avec beaucoup de scepticisme voire de mépris par la plupart des responsables politiques. Même chez des responsables du PCF   j'ai entendu des âneries du type "le capitalisme retombera toujours sur ses pieds" , pourtant la réalité nous apporte chaque jour la preuve que nous vivons des phénomènes inédits. Il n'est pas juste de comparer cette crise à celle de 1929, tout simplement parce que nous ne vivons pas du tout dans le même monde, parce que les forces productives mondiales actuelles ne peuvent être comparées à celles d'il y a 80 ans, parce que le capitalisme n'est plus du tout au même niveau de développement. Aujourd'hui ce qu'il est nécessaire de comprendre c'est que le capitalisme dans sa phase accélérée d'intégration mondiale est devenu un carcan insupportable pour le développement de ces forces productives, que sa fonction d'usurier international va à l'encontre de l'activité de millions d'être humains et conduit à la destruction d'immenses richesses socialement utiles et à celle de l'environnement de notre planète.   
La crise grecque n'est  que le début d'une crise beaucoup plus vaste dans toute l'Europe. Les dirigeants des Etats européens le savent c'est pourquoi ils sont décidés à faire appliquer leur plan coûte que coûte au prix d'énormes souffrances pour le peuple grec. Ils ont   exigé que la Grèce réduise sa masse salariale, accélère la contre-réforme des retraites et réduise immédiatement de 10% les dépenses de l’Etat.Tout cela ne va pas passer comme une lettre à la poste.

Les gens vont se trouver dans des situations où les idées révolutionnaires même si elles restent minoritaires pour l'instant  peuvent gagner beaucoup de consciences. Parmi eux, les plus déterminés à en finir avec le capitalisme vont être poussés par les circonstances à se rencontrer, à s'organiser, à lire et à se former aux idées révolutionnaires : celles du renversement du capitalisme par un travail démocratique sans précédent qui va consister à démontrer que rien ne doit se faire sans les gens, sans les travailleurs, que les richesses créées doivent être gérées par eux et non par la classe capitaliste.

Ces idées vont aussi se confronter à la réalité, elles vont être l'objet d'âpres batailles mais elles n'avanceront que si les citoyens et les travailleurs se donnent des organisations débarrassées de toute la bureaucratie actuelle de dirigeants et d'élus qui pensent comme hier sans comprendre ce qui se passe aujourd'hui parce qu'ils se trouvent dans des logiques d'appareils et non dans l'exigence d'une stratégie révolutionnaire.

Pourquoi des militants de gauche, des militants syndicalistes se plaignent que les gens ne s'engagent pas en masse dans ces organisations ? Ils ont raison de le regretter mais c'est tout simplement parce que le peuple ne se retrouve pas du tout dans celles-ci. Non que le peuple soit allergique à toute forme d'organisation mais il a besoin de donner du sens au combat, de comprendre les enjeux, de mener des luttes ouvrant une perspective transformatrice et pour cela il a besoin de maitriser son propre mouvement sans injonction ou montage politicien de partis complètement dépassés par les événements. Il a besoin de ne pas être embrigadé dans des idéologies, ou dans des batailles de chefs, de clans... Il a donc besoin d'une pratique que lui seul peut se forger en toute autonomie à l'épreuve de l'expérience de la lutte. Pour moi la meilleure école d'apprentissage révolutionnaire n'est pas le parti mais la vie elle-même. Si le peuple dans son combat a besoin de se constituer en parti pour les besoins pratiques de sa cause alors il le fera. Sans doute dans la période qui va venir des militants d'organisations actuelles qui se réclament de l'anti-capitalisme rejoindront le mouvement populaire, mais il faut accepter l'idée que dans notre peuple des milliers de personnes qui ne sont pas des militants vont se révéler comme d'excellents organisateurs et animateurs des luttes parce que les circonstances vont les conduire à agir. Et ils n'agiront pas pour l'intérêt d'un parti, ni pour celui de quelques dirigeants politiques, mais ils le feront parcequ'ils refuseront les destructions capitalistes de ce qui leur est le plus cher : leur famille, l'avenir de leurs enfants, les années de travail et d'investissement personnel dans leur entreprise, leur dignité . Ils refuseront que la Nation et la République soient prostituées sur l'autel du capitalisme !

Alors le capitalisme peut-il s'écrouler ? Oui , la situation est telle qu'elle peut entrainer des désordres considérables et une déstabilisation politique et économique qui conduise à des formes barbares d'organisation sociale du type contrôle technologique des individus et des peuples, travail forcé et gratuit pour des millions de gens, embrigadement idéologique des pauvres et des travailleurs, autoritarisme de masse, création d'une classe d'esclave moderne. Ce serait une terrible régression. L'histoire n'est pas linéaire et de tels reculs peuvent hélas se concevoir. Mais l'Histoire c'est aussi la capacité des hommes à s'organiser vers des degrés de civilisation plus élevés. Notre monde a les capacités objectives de parvenir à une civilisation qui libère les individus des contingences matérielles élémentaires, qui l'émancipe du travail tel qu'il existe depuis des millénaires par une réappropiation sociale et collective de la direction de nos sociétés. Jamais la question de la mise en commun des intelligences et des capacités humaines n'a été aussi importante dans l'histoire de toute l'Humanité. La révolution que nous allons vivre est de l'ordre des bouleversements que l'humanité a connu lors de transition telles que celles du néolithique. L'âge  de la coopération, de la mise en commun, doit impérativement s'ouvrir sous peine de voir disparaître l'humanité. Tel est le sens de notre combat révolutionnaire.