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Les sons font toujours leur place dans mes oreilles. Les prières du garçon de cour, les coqs qui se chamaillent les poules toute la nuit, les chiens qui font la même choses pour les chiennes, les klaxons des voitures qui te saluent, te remercient ou t'avertissent, la mer qui sans fin envahit la plage avant de la céder à mes orteils. Quelquefois, ce sont les écouteurs qui me chuchotent de la musique dans le tympan. On n'a pas idée de l'importance des sons, tellement que si on me proposait la cécité ou la surdité, je choisirais la cécité. Je préfère passer un souper à discuter avec des gens sans les voir, que de les voir sans pouvoir échanger. Ne vous inquiétez pas, suivant les conseils de tous ceux à qui j'ai annoncé cette préférence, je consulte un psy pour régler ce dilemme impossible. Les sons donc. Dans cette nouvelle vie de l'extérieur, rien n'est silence. Notre maison est complètement ouverte afin de permettre à l'air de circuler, aux mouches de sortir. La vie du voisinage crie en permanence. Le moteur diesel de la bagnole s'entend plus qu'il ne sent. Comme l'avion de Tortugair. Même bagay la a été sonore avant d'être dévastation, tout le monde l'a entendu avant de le voir. Les minutes de silence qui commencent plusieurs de mes réunions bourdonnent dans mes oreilles. Le silence sonore n'existe pas dans ce pays, il n'y a que le silence politique qui reste de marbre malgré les discours permanents des politiciens.