Ca y est, François Fillon a enfin donné le signal d’une véritable politique de rigueur …oups, désolé, ça m’a échappé…« de restauration des grands équilibres de nos finances publiques » …ouf, c’est quand même nettement mieux !
Imaginez vous que j’ai faillis confondre mesures d’économies et rigueur…y’
des moments ou je me dis que je suis pas vraiment un gros benêt !
C’est comme Christine Lagarde qui lors d’un moment d’égarement, s’est laissé aller à évoquer le terme maudit et qui s’est faite aussi sec et peu élégamment accuser par son chefFillon de moins bien maîtriser le français que l’anglais !
Il est vrai que la nuance est subtile, le discours de la majorité consiste à
contester l’appellation arguant du fait que les mesures, annoncées n’incluent
pas d’augmentation d’impôts !
Bien évidemment c’est jouer sur les mots, certes il n’y a pas d’annonce
d’augmentation du taux des impôts (IRPP, TVA, IS, CSG……….) mais on parle d’en
élargir l’assiette (Tickets resto, Chèques vacances…), d’en réduire les …
réductions (les fameuses niches fiscales), sans compter ce que nous amènera la
réforme des retraites !
Donc, appelons un chat … un chat et la diminution en euros constants des
dépenses de l’Etat pendant 3 ans accompagné de l’augmentation du taux moyen de
prélèvements obligatoires …la rigueur !!!
Etonnant, cette incapacité qu’ont les politiques à exprimer clairement à la
population qu’il y a des moments ou un pays doit faire des efforts, que rien
n’est acquis, qu’il faut mériter le modèle social que l’on a choisit ou tout
simplement que l’argent que l’on dépense, il faut au préalable l’avoir gagné
!
C’est parce que la classe politique grecque a toujours fait dans la
surenchère populiste, c'est-à-dire qu’elle n’a fait que dire à ses citoyens ce
qu’ils avaient envie d’entendre, que tout allait bien dans le meilleur des
mondes et que pour ce qui n’allait pas la solution était simple : dépenser
l’argent public, que le pays se trouve dans cette situation !
En France, faire de « rigueur » un mot tabou est également tout à
fait révélateur d’un état d’esprit comparable.
Pourtant, la rigueur dans la gestion publique devrait-être un souci
permanent pour ceux qui nous gouvernent, même si cela passe par des mesures
impopulaires !
Cela dit, il y a rigueur et rigueur, toutes les politiques de rigueur ne se
valent pas.
En gros, l’échelle de la rigueur va de la rigueur à la grecque, lourde,
façon bourrins, celle que l’on se fait imposer lorsqu’on est au fond du trou, à
une rigueur maitrisée, c'est-à-dire celle qui laisse encore la place à des
choix politiques !
Or ne nous y trompons pas, nous sommes clairement, mais de justesse, dans le
2ème cas de figures, et ce qu’on nous propose ne fera que nous permettre
d’éviter de nous retrouver dans le premier.
Il y a 2 ans déjà, j’avais eu l’occasion d’écrire que le laxisme en période de
vaches grasses était de la négligence et de l’imprévoyance mais qu’en période
de vaches maigres c’était carrément de l’inconséquence et de l’irresponsabilité
!
2 ans plus tard, les vaches qui n’étaient déjà pas bien épaisses, sont
devenues carrément faméliques et la petite marge de manœuvre dont nous
disposions a fondue comme beurre au soleil.
Il devient plus que temps d’exiger une politique de rigueur que nous
puissions maitriser un tantinet avant que nous n’ayons plus de
choix !
Une politique de rigueur que nous aurons encore la capacité de doser afin
qu’elle casse l’engrenage vicieux de nos déficits sans casser nos espoirs d’une
déjà bien maigre croissance.
L’annonce de François Fillon, bien que tardive, va donc dans le bon sens.
Diminuer les dépenses de l’Etat pour les ramener, via une baisse en euros
constants d’environ 10%, en 3 ans est somme toutes à la fois raisonnable (
n’oublions pas ne sont pas concernées par ce chiffre les dépenses de la Sécu et
des collectivités locales) et un bon signal pour tout le monde !
Pour les français d’abord, même si il faudra probablement du temps pour que
certains s’en rendent compte, pour les marchés qui pourront continuer à prêter
à la France tout l’argent dont elle a besoin à un prix raisonnable, et pour nos
partenaires européens auprès desquels il sera plus facile de
prôner la discipline budgétaire si on se l’applique à soi même !
Evidemment, et comme d’habitude, beaucoup essayerons de nous faire croire
que rigueur n’est que synonyme de libéralisme pur et dur et que la seule
motivation d’une telle politique est de casser les services publics et de faire
plaisir aux marchés.
Ce sont les même qui vont jusqu’à
manifester (dans tous les sens du terme) sur place, leur solidarité avec le
peuple grec.
Gageons d’ailleurs, qu’on va les voir rabouler dare dare d'Athènes, en
criant haut et fort dans un amalgame excessif, qu’après les grecs c’est au tour
de français d’être les victimes des mêmes gros vilains marchés.
Malgré tout, proclamer la rigueur pour la rigueur ne peut évidemment
suffire.
Tout d’abord, il faut que les actes soient en concordance avec les paroles,
or l’expérience montre que ce n’a pas toujours été le cas, loin de là ; La
France a fait beaucoup de belles promesses en matière de réduction de ses
déficits qu’elle n’a jamais tenu !
Il est également important qu’enfin le Gouvernement fasse preuve d’un peu de
pédagogie pour expliquer que nous n’avons plus le choix que de faire un effort
collectif. Même si sa crédibilité est au plus bas, il est indispensable qu’il
essaye et il me semble que la meilleure des pédagogie serait de reconnaitre ses
erreurs (notamment la loi TEPA inefficace et couteuse)et de revenir dessus
!
De plus, il ne suffit pas de dire qu'il faut diminuer les dépenses, encore
faut-il bien choisir celles que l’on va amputer. Or, en la matière on peut
avoir des doutes sur la pertinence des choix du Gouvernement. Une des critiques
du dernier
rapport de la Cour des Comptes portait non pas sur la volonté du
gouvernement de diminuer les dépenses mais sur la manière de le faire et
notamment dans cette application d’une règle rigide du non remplacement d’1
fonctionnaire sur 2, érigé en dogme, sans nuance et sans autre considérations
que budgétaires !
Enfin et surtout, si on ne souhaite pas que les mesures dites temporaires
s’éternisent, elles doivent s’accompagner de réformes de fond (c’est d’ailleurs
la critique qui est faite
par beaucoup au plan grec). Or, à l’exception notable de la réforme des
retraites qui s’annonce, il semble qu’il y ait un eu statu quo d’annoncé sur
tout le reste. Il est donc à craindre que sans être inutiles, ces mesures ne
soient pas à la hauteur des enjeux et que les 3 ans annoncés se transforment en
30 ou 300 ans !
En conclusion je dirais que la mésaventure des grecs et les menaces qui
pèsent sur plusieurs pays européens constituent une conjoncture idéale pour
enfin réhabiliter la notion de rigueur, espérons que le Gouvernement ne va pas
gâcher l’occasion parce qu'il ne faut pas compter sur son opposition pour cela,
et dans ce cas, comme dirais l'autre, ce pays
est foutu !