Le lourd passif travailliste

Publié le 08 mai 2010 par Copeau @Contrepoints
Aujourd'hui, l'État britannique gère plus de 48% de l'économie. L'OCDE situe même ce chiffre à 53%. En Irlande du Nord et au Pays de Galles, les dépenses publiques atteignent les 70% ; dans le nord-est de l'Angleterre, 64%.

Le Royaume-Uni se trouve aujourd'hui avec un « parlement suspendu », où aucun parti n'a la majorité. C'est là une chose plutôt normale sur le continent, mais une rareté dans les îles. Le disproportionné système électoral britannique est dessiné pour produire des larges majorités qui favorisent un mandat clair et sans casse-vitesse. Ce résultat a laissé les Anglais un peu étourdi, peu coutumiers du fait qu'un parti gagnant doive néanmoins négocier et transiger un pacte pour former un gouvernement.

En attendant que les choses reprennent leur cours normal, probablement avec l'installation d'un gouvernement conservateur, il est intéressant de se pencher un instant sur l'héritage travailliste : un lourd Léviathan paternaliste, invasif et sans frein.

Ce furent 13 années de détérioration progressive des finances de l'État et de dilatation du secteur public, au détriment du secteur productif. Pour se faire une idée : selon une récente étude du Centre for Economics and Business Research (CEBR), les dépenses publiques représentaient 37% en 1997, quand les Travaillistes entrèrent au gouvernement de Sa Majesté, conduits par Tony Blair. Aujourd'hui, l'État gère plus de 48% de l'économie. L'OCDE situe même ce chiffre à 53%, c'est-à-dire que plus de la moitié de l'économie de la Grande-Bretagne se trouve entre les mains de fonctionnaires.

Si l'on analyse région par région, les chiffres sont encore plus inquiétants. En Irlande du Nord et au Pays de Galles, les dépenses publiques atteignent les 70% ; dans le nord-est de l'Angleterre, 64%. Il s'agit là niveaux de dépenses carrément soviétiques. Les États de l'Europe de l'Est à l'époque soviétique avaient le même poids économique. Ces régions sont totalement dépendantes des dépenses publiques, en grande partie financées par les autres régions.

Londres est le territoire avec le moins de dépenses publiques du Royaume-Uni, 35% du PIB, ce qui corrobore le fait que la capitale n'est pas représentative du reste du pays. Quand on compare Londres avec la Grande-Bretagne, on oublie que la métropole s'apparente souvent à une bulle dans la réalité britannique. Depuis 1998, les dépenses publiques britanniques ont augmenté plus rapidement que dans n'importe quel autre pays de l'OCDE (13% du PIB). La moyenne des pays de l'OCDE étant de 4,2%. Aux États-Unis, elles ont augmenté de 6,9%. En Espagne, de 6,2%. Dans d'autres pays, elles diminuèrent : Slovaquie (-6,9%), Norvège (-4,5%), Suède (-2,5%), Suisse (-1,4%).

Durant la campagne électorale, les candidats ont signalé l'importance d'améliorer les services publics et de les protéger des coupes budgétaires. Peu de choses ont été dites sur ce que nécessite le secteur privé pour créer de la richesse et des emplois, pour innover et attirer les entreprises étrangères. L'héritage travailliste pèse comme une pierre tombale sur l'économie, asphyxiant l'esprit d'entreprise de la société britannique. Espérons que le prochain gouvernement arrive à alléger ne fût-ce qu'un peu le poids de cette charge.