Je n’ai pas le temps de m’arrêter sur tout ce qu’il peut pondre. Ce serait bien trop de travail même si cela fait partie de mes petits délassements. Si en ce moment je ne produis pas beaucoup d’articles, je passe néanmoins beaucoup de temps devant l’ordinateur depuis plusieurs semaines. Chercher les infos, collationner les articles, les archiver, les dépouiller minutieusement quand le sujet est complexe, et ensuite écrire en les synthétisant et si possible en y mettant du style, tout cela est fort chronophage. De surcroît, je suis plutôt fatiguée en cette fin d’hiver interminable.
J’ai pas mal d’ébauches sous le coude gauche. Mais c’est celui que je lève le moins facilement car il reste très algique depuis que j’avais réussi le tour de force de me fracturer les deux coudes à la fois en 2006 et l’ablation du matériel opératoire n’y a rien changé. J’avais écrit à l’époque à Mamie Tartine que je me préparais un 3e âge très arthrosique avec mes diverses fractures. Sans oublier le dos, arthrose à tous les étages et cela ne date pas d’hier. Je viens de récidiver : depuis dimanche, bloquée par une lombalgie assez cognée. Laquelle a eu cependant la gentillesse de n’y point ajouter l’habituelle sciatique.
Petit rappel : vous ne trouverez le verbe “sarkonner” dans aucun dico. Je l’ai forgé à partir de sarkonneries et du verbe jargonner qui est utilisé par les orthophonistes pour décrire un trouble précis dans une forme d’aphasie – perte du langage normal – où les malades parlent mais dans un langage totalement incompréhensible. Aphasie de Wernicke si tant est que ma mémoire ne me trahisse pas. Certains diraient «déparler», autre manière de dire qu’une personne raconte n’importe quoi, souvent associé à la folie dans le langage populaire.
J’en reviens à ma tête de Turc préférée – au fait saviez-vous que si le budget de la Grèce est déficitaire c’est en partie à cause du budget militaire : en prévision d’une guerre contre la Turquie ! forcément aussi ridicule que naguère la guerre de Thatcher contre l’Argentine au sujet des Malouines… mais le moins drôle c’est qu’il paraîtrait, je n’ai pas encore eu le temps de vérifier, que Sarkozy aurait imposé des achats d’armement en contre-partie du prêt de la France… si c’est vrai, c’est absolument honteux !
J’avais lu sur une alerte Google que Frédéric Lefebvre chantait les louanges de Nicolas Sarkozy à l’occasion du 3e anniversaire de sa présidence de manière aussi dithyrambique que ridicule : le qualifiant de «président au rendez-vous de l’histoire» ! Mais aucun article de presse n’était référencé. Quand bien même seraient-ils amis, je ne reprends pas les articles des blogueurs tels quels si je ne peux corroborer leurs affirmations avec des articles de journaux.
En passant par Google actualité, J’ai trouvé un article de Libération Trois ans de sarkozysme : comblés et réfractaires font le bilan. «Le porte-parole de l’UMP ose l’envolée lyrique: «Trois ans déjà ! Trois ans essentiels pour la France qui ont révélé un grand président ! Un président au rendez-vous de l’Histoire (…) Efficacité, humanité et vérité. La France retrouve ses couleurs»… Dommage que le ridicule ne tuât point ! Elève Frédéric Lefebvre, je ne peux que vous mettre un zéro pointé. Vous devriez plutôt entendre ce que pensent actuellement 71 % des Français de Nicolas Sarkozy. D’un avis diamétralement opposé.
Et attendez encore un peu de temps, quand François Fillon nous aura infligé la purge ultralibérale qu’il est tout émoustillé de pouvoir nous faire ingurgiter sous couvert de lutter contre les déficits pour amadouer les agences de notation… Si Goldman Sachs, John Paulson et quelque autre hedge fund ou trader déjanté, ont envie de baffrer de la dette française, nous aurons en même temps l’austérité et la rigueur – je ne sais lequel des mots choisir – et la faillite de la Maison France.
Maladie sénile de l’ultra-capitalisme : la «spécularite aiguë». Maladie que l’on dira “de système” comme à chaque fois que l’étiologie reste inconnue mais le plus souvent et vraisemblablement maladie auto-immune : en un mot comme en cent, l’organisme développe des anti-corps contre lui-même et se bouffe de l’intérieur. Curieusement, en latin la spéculation financière se traduit par “quaestum – gain, profit - instituere” que l’on traduira dans ce cas par entreprendre alors que «speculare» doit être traduit par observer quand ce n’est pas espionner.
Cette parenthèse étant fermée, je reprends uns à uns les qualificatifs utilisés par Frédéric Lefebvre pour louer l’action de son grand homme au cours des trois années de son mandat.
EFFICACITE… On aura rarement vu un chef d’Etat aussi peu efficace. Brassant beaucoup d’air en essayant de se faire mousser. Voulant se mêler de tout – ce qui n’est d’ailleurs pas son rôle – mais aussi vibrionnant que brouillon. Ne prenant nullement le temps ni la peine de réfléchir – en est-il seulement capable ? - avant de lancer le gouvernement sur une piste. Une fois l’idée émise, il faudrait qu’elle soit réalisée sur-le-champ. Sans tenir compte ni de la réalité – l’intendance tentera de suivre tant bien que mal – ni moins encore des règles institutionnelles : légalité, procédures législatives, etc. Nul doute que s’il pouvait rayer les instances démocratiques de même que tous les contrepouvoirs, il ne se gênerait pas. A commencer par le Conseil constitutionnel.
HUMANITE… A-t-on jamais vu un être humain se soucier aussi peu des autres, sauf quand ils peuvent lui être utiles et uniquement tant qu’ils le sont ? Nicolas Sarkozy feint d’éprouver de la compassion pour les victimes et les personnes qui souffrent. Totale UM/Posture : il n’aime que lui-même. Il est fort bien décrit par le psychiatre et psychanalyste Serge Hefez comme pervers narcissique. Ce que pour ma part, j’intègre à la riche sémiologie du “syndrome de Sarkozy”.
VERITE… Ah ! ça, c’est vraiment le pompon ! Je ne saurais dire s’il l’on trouverait plus menteur que Nicolas Sarkozy. Supermenteur puissance 10 ! Je ne vais pas refaire l’inventaire de tous ses mensonges, fausses promesses, etc… C’est un menteur invétéré, un menteur d’habitude dirait-on en science pénale pour des infractions répétées. Ce n’est pas pour rien que j’ai forgé la “Constante de Sarkozy” (© mémé Kamizole) qui s’énonce de façon quasi mathématique : “un scandale par semaine, un mensonge par jour”, à ceci près que le scandale devenant quasi permanent, il faudrait plutôt l’énoncer ainsi : “un scandale par jour, un mensonge par heure”, sachant qu’au demeurant il devient nécessaire dans certain cas de plutôt utiliser les minutes voire les secondes.
Pour en terminer avec le sujet, puisque Frédéric Lefebvre parle d’un président «au rendez-vous de l’histoire» je serais fort curieuse de savoir ce que l’Histoire (avec un grand H) en retiendra, ne serait-ce que dans 20 ou trente ans, sans même parler de siècles. Il aura réussi surtout à faire tomber la fonction présidentielle encore plus bas que le caniveau, à devenir la risée quasi permanente de la presse internationale et à rabaisser la France sur tous les plans. République bananière uniquement mue par le népotisme et le clientélisme. Economie en perdition sur fond de désindustrialisation. Malgré ses velléités affichées. Sans même parler le l’état général dans laquelle il la laissera : grand corps malade.
Si l’on devait le comparer à quelques uns des présidents de la République qui se seront illustrés de méchante façon depuis 1875, ce serait d’abord Patrice de Mac Mahon qui, sommé par Gambetta en 1876 de «se soumettre ou se démettre» car il refusait de prendre un président du Conseil républicain, tel qu’issu du résultat des élections, finit par se soumettre et ensuite, démissionna.
Paul Deschanel ne fut pas mal non plus dans son genre. Elu en janvier 1920, il fut forcé de démissionner en septembre 1920 pour insanité mentale. Entre-temps, il lui était arrivé une aventure peu commune : il était tombé d’un train en pleine nuit, en pyjama. Ayant marché jusqu’à la maison d’un garde-barrière, il lui dit «je suis le président de la République» sur quoi l’autre lui répondit : «et moi je suis le Pape».
Enfin, Felix Faure qui défraya la chronique en mourant à l’Elysée dans les bras d’une jeune femme de petite vertu. Quand le médecin appelé demanda à son entourage «avait-il sa connaissance» ? il lui fut répondu : «elle est sortie par la fenêtre»…
Je ne sais pas pour vous mais ces petites anecdotes me font toujours rire, l’histoire même avec un grand «H» est aussi faite de ces “petits riens” qui la rendraient plus captivante pour les jeunes têtes. De même qu’il y a de multiples biais pour aborder l’histoire. Nous devons à l’école des Annales – Lucien Febvre, Marc Bloch, Fernand Braudel et Ernest Labrousse, notamment - d’avoir considérablement diversifié les approches.
On retiendra aussi les noms du médiéviste Jacques Le Goff et d’Emmanuel Le Roy Ladury, qui après s’être intéressé aux Cathares – «Montaillou, village occitan, de 1294 à 1324» - et à la paysannerie en général – «Histoire des paysans français» (de la peste noire à la Révolution) – s’intéresse maintenant au climat et a produit plusieurs ouvrages fort intéressants sur le sujet. Tout peut être objet d’histoire.
L’histoire est aussi un roman – avec sacrément plus d’imagination que n’importe quel écrivain ! - et si la vie est un roman, l’histoire de tous et chacun est également un roman.