Création de valeur, bouts de chandelle

Publié le 07 mai 2010 par Mpbernet

Il y a des matins, comme aujourd'hui, où on ferait mieux de rester au lit.....

Quelle plus mauvaise nouvelle mettre en avant : la reprise de l'éruption volcanique en Islande qui risque de perturber à nouveau le transport aérien mondial ? Le résultat plus qu'incertain du scrutin britannique qui peut conduire à l'immobilisme alors que le pays est dans uns situation financière encore pire (oui, c'est possible !) que celle où la France se débat avec la gestion de sa dette publique ? L'affolement de la Bourse de New York sous l'effet conjugué des spéculateurs à la baisse de l'Euro (ce qui n'est pas forcément mauvais en soi) et du dérèglement des logiciels de trading ?

Hier, je me suis livrée à un exercice tout à fait nécessaire, maintenant qu'en tant que retraités, nous vivons dans un monde "fini, bordé, sans surprise (sauf à la baisse)" côté revenus...Nous n'avons pas à nous plaindre car deux retraites de cadres supérieurs ayant cotisé plus de 40 annuités sont certainement plus confortables que les revenus de bien des actifs et ce n'est pas là mon propos. Le problème, c'est que nous disposons de temps libre...et donc de plus d'occasions de dépenses. Donc, je me suis astreinte à dresser un tableau de trésorerie pour les douze mois qui viennent, histoire de voir comment nos dépenses - en particulier les frais fixes - sont financées par nos recettes.
L'ajustement se fait obligatoirement (le tableau doit obligatoirement donner, en fin de période, un solde cumulé  égal à zéro) au niveau des dépenses variables, celles que nous décidons d'engager ou pas....vaste question. C'est toujours au mois de mai que se pose le problème, avec l'obligation de faire face aux échéances fiscales : le solde de l'impôt sur le revenu, la CSG et tous les impôts locaux qui tombent à la fin de l'année. Et c'est là que l'on voit à quel point la charge peut être lourde pour les plus modestes. L'impôt local n'est pas progressif, lui, et, comme la TVA - mais elle se voit moins - touche tout le monde de ma même façon. Et il augmente de façon inexorable, chaque année...
Donc, il va nous falloir surveiller un peu le niveau des cartes bleues et des retraits de billets. Histoire de rester "dans les clous", c'est bien entendu faisable...mais pas agréable. Où rogner ici ou là une dépense inutile : on a déjà décidé de résilier notre abonnement à Canal+, que l'on ne regarde pratiquement jamais...mais c'est si peu ! Donc, ruser, chasser les double-emplois et procéder à de la création de valeur partout où c'est possible.
Cet été, je n'achèterai aucune petite robe et je ne ferai pas les soldes. J'ai cousu tout l'hiver et  vais  pouvoir tout de même satisfaire mon besoin de nouveauté, celui qui nous tenaille toutes au printemps. Car dans nos sociétés évoluées, ce n'est plus le besoin qui pousse à la consommation, c'est le plaisir de consommer en lui-même, le plaisir d'acheter...même si on a le superflu ! Créer de la valeur consiste à utiliser les stocks sans les laisser stagner, vider son congélateur avant d'aller au marché, éviter de gaspiller, revendre des objets devenus sans valeur pour soi mais qui peuvent être utiles à d'autres.

Et en plus, c'est bon pour la planète !
Je me suis débarrassée d'un meuble récemment, car il me "sortait par les yeux". D'un seul coup, en réalité, je ne voyais plus que lui, il défigurait ma chambre, et en plus, il était pratiquement vide ! La première solution fut de songer à le mettre sur le trottoir en attente des services de voirie. Et puis, j'ai décidé de le mettre en vente sur e-Bay, sous la condition que l'acheteur vienne le chercher ici....Mis à prix 1€, le dernier enchérisseur l'a emporté pour 81€. C'est un antiquaire restaurateur de meubles installé en Côte d'Or, il était très satisfait de son achat et n'était bien entendu pas gêné que la marquèterie ait des manques, il remettra la bibliothèque en état à "moments perdus" et sera certain de le revendre à bon prix car c'est un meuble de petite taille. Et moi, j'ai refinancé une partie de mon nouvel achat et pu gagner de la place dans mon bureau ....E-bay, c'est de la création de valeur pour tout le monde : l'acheteur comme le vendeur, et l'intermédiaire qui prélève sa commission au passage...sauf l'Etat puisque la TVA est perçue au Luxembourg. Tout ne peut pas être parfait.
Créer de la valeur, au niveau politique, c'est aussi mieux utiliser les ressources collectives. Je suis très remontée contre les personnels des crèches en grêve. Tout le monde sait que les caisses de l'Etat ne permettent pas de créer plus de places alors que des milliers de mamans ont un besoin urgent de faire garder leur enfant. Le ratio enfant par puéricultrice est relevé  pour tenir compte du fait que l'effectif des bébés n'est jamais complet... et on abaisse le niveau de formation théorique des personnels. La belle affaire ! Des tas de jeunes sont prêts à se former pour avoir un emploi gratifiant, même s'il est sans doute fatiguant. Quand on connaît le coût d'un petit enfant gardé en structure collective, on est sidéré. Là, on cherche à mieux utiliser les installations existantes, faire des économies à la marge....Tout le monde y gagne, au prix d'un effort des personnels, certes, mais cela vaut la peine ! (Là, je sais que je vais me faire "tacler", mais c'est mon coup de gueule du jour !)
Bon, à côté des économies de fourmi, il vaut mieux ne pas regarder - au sens littéral du terme, il faut s'enterrer, ne pas céder à la panique - les fluctuations erratiques d'un patrimoine investi en valeurs mobilières. Que tous ceux qui prônent un système de retraite par capitalisation se taisent ! La seule solution tient dans un partage plus équitable des charges. Mais les mesures à prendre - à savoir une révolution de notre système fiscal - sont si impopulaires, conduisant inéluctablement à balayer pour longtemps la formation politique qui en prendrait l'initiative, que je doute que nous nous y résolvions jamais.....à moins que nous ne tombions un jour dans la situation des Grecs.