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En 1923, l’Egyptienne Hoda Charaoui (à gauche, en compagnie de Safia Zaghloul), propriétaire et éditrice de la revue L’Egyptienne et ses amies, qui revenaient du Congrès féministe mondial tenu en Italie, ont retiré leur voile en descendant du wagon harem : le peuple qui se pressait dans la gare du Caire et ses alentours les a acclamées.
Elle signifiait ainsi que la femme égyptienne se lançait dans l’ère moderne et la lutte pour la libération de son pays. Le discours de Hoda Charaoui ne touchait que les femmes de la haute société, car la réclusion et le port du voile, signes sociaux de leur position privilégiée, qui leur étaient en principe imposés plus strictement, étaient ressentis comme une violation essentiellement par des femmes avec assez d’instruction et de loisirs pour s’ouvrir à des idées nouvelles en lisant les journaux et les romans étrangers.
Les paysannes et femmes du peuple dans les villes, qui souvent travaillaient hors du foyer, étaient plus ou moins libres de sortir. Elles pratiquaient la ségrégation des sexes autant qu’elles le pouvaient mais leur habitat n’était en général constitué que d’une seule petite pièce où s’entassaient épouses et gent féminine de la maison, protégées du regard des hommes par un simple rideau. Aucune documentation ne permet de prouver de façon irréfutable que la majorité des femmes était particulièrement gênée par la nécessité de se couvrir le visage dans la rue. Si le système patriarcal les faisait souffrir, c’était dans d’autres domaines, comme les mariages forcés et les grossesses multiples.
C’est peu après le décès de son mari qu’elle se dévoile de façon spectaculaire.
Cependant, à la création de la Ligue arabe en décembre 1944, elle déplore l’absence de femmes et déclare :
« La Ligue dont vous avez signé le
pacte hier n'est qu'une moitié de Ligue, la Ligue de la moitié du peuple
arabe. ».
Hoda Charaoui décède en 1947.