Capitalism : A Love story… Michael Moore Vs Wall Street

Publié le 08 mai 2010 par Sfar @ToujoursUnCoup

En cette période de crise, de l’arrivée honteuse d’une  rigueur inévitable, de catastrophisme ambiant et de spéculations « criminelles » contre l’euro… jeter un œil sur le dernier documentaire de Michael Moore : Capitalism : A Love story n’invite pas à vouloir trouver le bonheur dans le paradis capitaliste.

Michael Moore est un véritable autodidacte du cinéma documentaire. Sa motivation première n’a rien d’artistique :  c’est sa colère. Il y a 20 ans il partait déjà en guerre contre la politique des grosses entreprises américaines face aux petits travailleurs (Roger and Me). Puis il y eut sa croisade contre les armes et leur prolifération dans les Etats-Unis (Bowling for Columbine) qui lui vaudra une première reconnaissance internationale. Suivront d’autres documentaires remarquables comme Fahrenheit 9/11 véritable brûlot anti-Bush ou encore SiCKO qui dénonce les dérives de l’assurance maladie américaine.

Avec Capitalism : A Love Story, Michael Moore s’attaque à la crise financière, Wall Street, la politique économique des grosses entreprises, le rôle peu glorieux de l’état américain en mettant en évidence toute une série d’escroqueries qui ont spolier bon nombre d’américains moyens.

Certains trouveront ce documentaire de moins bonne facture que les précédents : un peu brouillon et fourre-tout dans sa présentation, n’allant pas suffisamment en profondeur dans les thématiques abordées,  parfois populiste ou s’attardant de manière impudique sur quelques épisodes dramatiques de familles américaines. On peut le reconnaître mais cela n’enlève rien à l’intérêt d’un tel film documentaire. Déjà, malgré la lourdeur du sujet et des récits présentés, on s’amuse beaucoup. Ne serait-ce que le passage décrivant Flint, la ville d’origine de Michael Moore est hilarant. Les relectures ironiques de quelques épisodes que nous avions suivis à l’époque aux infos sont savoureuses. Michael Moore lui-même se met en scène dans des situations rocambolesques comme venir réclamer un sac à la main aux plus grandes banques de rembourser le peuple américain et demander à un policier d’arrêter les dirigeants de ces mêmes banques. Voilà qui apporte une légèreté aux propos et scandales dénoncés.

Ensuite on en apprend beaucoup. La presse française a énormément relayé le scandale des Subprimes (ces crédits immobiliers gagés sur le logement de l’emprunteur (hypothèque)) qui ont provoqué la précarité et la mise à la rue d’un nombre incroyable de familles de la middle classe américaine. Et voilà qu’on découvre que la majorité des pilotes de lignes américains vivent eux aussi dans des situations précaires : sous payés, exploités par les compagnies aériennes ils doivent souvent faire un second métier pour y arriver financièrement. Chose  complètement médusante : les spéculations des plus grandes entreprises sur la vie de leurs propres  collaborateurs. Vous connaissiez les dead peasant policies? Moi non! Ce sont des polices d’assurance que prennent les grandes firmes américaines sur la vie de leurs employés et qui peuvent leur rapporter de très importantes primes non imposables lorsque ceux-ci décèdent prématurément. En parallèle aucune aide n’est prévue pour les familles de ces mêmes employés quant à leurs obsèques ou frais médicaux qui restent à la charge seule des familles endeuillées. Dans Capitalism : A Love story, on découvre aussi qu’il existe des maisons de corrections privées dans lesquelles des adolescents sont incarcérés de manière abusive en raison des énormes bénéfices qui découlent de leur détention.

Heureusement quelques notes d’optimisme sont proposées au fil du documentaire : une entreprise où chaque employé (de l’ouvrier de base au patron) est propriétaire à égalité de son usine créant ainsi à la fois un cadre de travail sain et des bénéfices signifiants pour l’entreprise. Des exemple des résistances qui ont permis d’éviter la fermeture d’une usine ou aider une famille expulsée à retourner vivre dans sa maison laissée à l’abandon par la firme qui l’en avait expulsée.

Documentaire coup de gueule qui, espérons-le, ramènera un peu d’humanité et de bon sens dans un monde qui depuis trop de temps n’est voué qu’au Dieu Argent et à toutes formes de spéculations sans état d’âme.

En images qui bougent et dénoncent :

- La bande annonce -


-Extrait 1 les subprimes-

-Extrait 2 l’après-coup-

Capitalism: A Love Story de Michael Moore est disponible en DVD depuis le 25 mars 2010