Un cochon sacré au paradis du jambon ibérique !

Publié le 03 décembre 2007 par Chantal Doumont

Un cochon sacré au paradis du jambon ibérique !

L'Inde a ses vaches sacrées. A La Alberca, village espagnol réputé pour ses succulents jambons, l'élu est un cochon, qui gambade librement sur le pavé... jusqu'à son sacrifice, programmé le 17 janvier, comme le veut une tradition de la fin du Moyen-Age. 

"Bonjour cochon!": les habitants saluent amicalement l'animal dès qu'ils le croisent au hasard des ruelles de leur village médiéval, situé à environ 50 km au sud-ouest de Salamanque (ouest), près du Portugal. "Ils sont priés de le nourrir, d'en prendre soin, et les automobilistes de lui laisser le passage", explique Raquel Canubo, employée de mairie. 

Ici, comme dans d'autres villages espagnols, le "cochon de Saint-Antoine", est sacré depuis la nuit des temps. Il a même sa statue en granit plantée juste à côté de l'entrée principale de l'église. Chaque année, un cochon de lait est offert au village par l'une des nombreuses entreprises de charcuterie locales qui exportent leurs jambons et chorizos aux quatre coins de la planète. Il est lâché le 13 juin, et tué sept mois plus tard, le 17 janvier, jour de la Saint-Antoine, le patron des animaux. Saint-Antoine est souvent représenté dans l'iconographie avec un cochon à ses pieds, la légende voulant qu'il guérît miraculeusement de la cécité une laie et sa portée. 

"Dans le passé, le cochon de Saint-Antoine était mis à mort et sa viande offerte à la famille la plus déshéritée du village", explique Raquel Canuto. "Mais aujourd'hui, il est offert au vainqueur d'une grande tombola", dont les recettes sont reversées aux oeuvres de l'église. Le gagnant emporte le cochon vivant et le tue chez lui, où les moindres parcelles de sa viande sont transformées en plaisirs de la table. Libre au chanceux d'en faire ou non profiter les voisins. 

Au-delà de la tradition, le jambon représente avant tout un juteux commerce à La Alberca, dont les monts environnants de la Sierra de Francia pullulent de cochons se nourrissant de glands au pied des chênes.

afp