Communiqué de la LPO
En voyant les images des nappes de pétrole atteignant les côtes de Louisiane, on ne peut s’empêcher de penser à la catastrophe de l’Erika qui a touché toute la côte atlantique en 1999 et à celle de Donges dans l’Estuaire de la Loire en mars 2008. Or, ici le pétrole touche des milieux naturels bien différents, affectant des zones humides côtières comptant parmi les plus vastes de la planète dont l’estuaire du Mississipi.
Cette fois, la nappe de pétrole est gigantesque, atteignant plus de 1 000 km de large ! On assiste au début d’une catastrophe écologique majeure qui va toucher des habitats et des espèces animales sensibles, et notamment des oiseaux.
Les premiers touchés vont être les oiseaux marins (sternes, goélands, bec-en-ciseaux,…) qui se nourrissent en mer d’invertébrés et de poissons, et risquent de s’engluer dans les nappes de pétrole. Ces oiseaux nichent au sol sur les îles sableuses au large des côtes sud de la Louisiane qui seront directement affectées. Ces îles, ainsi que toute la zone du delta du Mississipi qui sera touchée, abritent également le Pélican brun, emblème de l’Etat de Louisiane, dont les populations sont en danger et très vulnérables, en raison notamment d’un faible taux de reproduction.
Puis ce sont les oiseaux d’eau : spatules, hérons, canards, et les limicoles (bécasseaux et chevaliers), qui se nourrissent dans les vasières de la zone appelée "Delta actif" (en raison de ses dépôts mouvants), qui vont être affectés. Les zones de mangroves, qui abritent notamment des limicoles, des canards, des spatules rosées, l’Ibis blanc, des aigrettes et bien d’autres organismes aquatiques vont ensuite être touchées. Les oiseaux migrateurs en halte migratoire dans ces trois grands types d’habitats subiront également les conséquences de la catastrophe.
Deux éléments risquent encore d’aggraver les effets de la marée noire sur l’avifaune, d’une part, cette catastrophe intervient alors que tous ces oiseaux sont en période de reproduction, d’autre part, la marée noire touche des zones humides, constituées de dizaines de milliers d’îlots et de zones marécageuses où il est très difficile de pénétrer pour récupérer les oiseaux à soigner et enlever le pétrole.
Comme à Donges, les oiseaux vont donc se cacher pour mourir. Les moins souillés d’entre eux vont s’intoxiquer avec les particules d’hydrocarbures, en nettoyant leur plumage avec leur bec, et succomber à des pathologies pulmonaires en raison de la perte progressive d’étanchéité de leur plumage. Ce sont des milliers d’oiseaux qui sont condamnés à plus ou moins brève échéance.
Depuis 30 ans, les catastrophes se multiplient, alors qu’il suffirait d’investir dans des techniques modernes pour prévenir de tels accidents et surtout éviter de telles implantations dangereuses, en dépendant moins du pétrole grâce aux économies d’énergie et à l’utilisation massive d’énergies douces.
Pour l’heure, cette marée noire pourrait s’étendre aux états du Mississipi, de l’Alabama et à la côte Nord Ouest de la Floride et à plus long terme, toucher les habitats naturels situés en arrière du littoral qui vont être soumis à une érosion et à une pollution excessives, avec des conséquences irréversibles pour la biodiversité et les activités humaines.