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Encore un autre petit tour de Tortugair cette semaine. Du haut des airs, Port-au-Prince est une ville grise. Le béton y prend toute la place. Les montagnes qui l'entourent sont vertes, même s'il n'y pas une surpopulation d'arbres. La déforestation est un sujet tabou ici, même si des milliers de sacs de charbons sont vendus partout dans le pays. Quelques haïtiens vous diront que c'est une invention des étrangers, des blancs, que cette partie de l'île n'a jamais été vraiment très intense côté végétation. Pour la grande majorité, pa gen pwoblèm avec la déforestation. Seuls certains groupuscules se questionnent sur cet enjeu. Quelques fois ils manifestent. Des organisations internationales (les canadiens et les américains entre autres) financent des projets de reboisement ou encore des projets qui visent à trouver une solution plus 'équitable' au charbon. L'enjeu du bois ici, c'est le charbon. Pour faire à manger surtout, mais également pour mettre dans le fer à repasser, question d'avoir une chemise impeccable. La fierté haïtienne a un prix ! Un projet financé par les américains permet de récupérer le papier et de le transformer en boulettes qui peuvent servir à chauffer le cabrit, le riz national ou la banane. Disons, qu'il faudrait 2000 projets de cette nature pour qu'on commence à voir la lumière au bout du tunnel. Juste un peu d'imagination et les milliards de beaux $ envoyés en Ayiti depuis bagay la aurait pu permettre la création d'un projet subventionnant l'utilisation du gaz pour la population la plus défavorisée incapable de se le payer, 90% de la population en fait. On transforme le marché du charbon en marché du gaz pour que les gens qui en vivent ne soient pas asphyxiés. On ne règle pas tout bien évidement, le gaz n'est pas une solution sans conséquence pour l'environnement. Mais dans le contexte d'extrême pauvreté dans lequel la population tente de survivre, les impacts négatifs du gaz sont sûrement moins ravageurs que la dévastation sociale (appauvrissement des populations paysannes par exemple) et écologique associée à la déforestation du pays. On n'a pensé qu'aux milliers d'haïtiens morts le 12 janvier quand le terrain sur lequel leur maison était construite s'est mis à glisser, plus rien pour lui donner une consistante. Aux zones complètement inondées parce que plus rien n'est en mesure de retenir l'eau. Il me semble que ce serait un bon moyen de transformer la générosité internationale en quelque chose de solide et de durable.