Je suis un rosier où s’ouvre une rose
Il n’est plus de nuit pour l’ombre qu’elle est
D’un parterre errant de lumières closes
Où vibrait l’essaim des jours écoulés
Nul feu dans le noir que le ciel ne l’ait
Avec mon amour mort à tant de choses
Contraint de filer aux voeux envolés
Le linceul d’un pleur où s’ouvre une rose
Aube d’une vie étrangère aux jours
L’oubli des hasards morts de notre amour
Eclôt dans la fleur les mains qui la serrent
Et cueillant sans moi la rose des nuits
Une soeur de cendre en quittant nos terres
Rend leur corps lunaire aux morts que je suis
(Joë Bousquet)
Illustration: Sylvie Lemelin