Dans un billet précédent, je donnais un extrait du livre La tiers mondialisation de Smaïl Goumeziane :
Le revenu moyen d'un patron est passé de 42 fois le salaire moyen de son ouvrier en 1980 à 419 fois en 1998, soit un écart multiplié par 10.
Un petit tour sur l'Observatoire des inégalités m'a inspiré un nouveau billet.
L'ex-PDG de Renault, Louis Schweitzer, a reçu un salaire annuel de 11,9 millions d'euros. Soit l'équivalent de 987 années de SMIC. Diantre, presque 1 millénaire de SMIC en un an !
Mais le salaire annuel "c'est l'arbre qui cache le forêt", comme dirait George Eddy (grand philosophe contemporain). Les dividendes versés sont encore plus édifiants : Bernard Arnault (LVMH) a reçu 326 millions d'euros en 2007 au titre de l'année 2006, soit l'équivalent de plus 27'000 ans de SMIC net.
"Travailler plus pour gagner plus" ? Quelle bonne blague !!! On en rira encore dans quelques millénaires.
Source : voir l'article sur le site de l'Observatoire des inégalités.
A titre de comparaison, il semblerait que le bénéfice attendu de la dernière réforme des régimes spéciaux soit de 200 millions d'euros par an (voir article Marianne). Les dividendes versés à Bernard Arnault cette année concentrent donc une fois et demi cette somme dans les mains d'un seul homme. Ca n'a rien à voir, c'est juste pour discuter.
Le Plan B met en libre accès le téléchargement de sa carte des médias en France (qui possède quoi). Il s'agit de la carte de juin 2006, qui n'est donc plus tout à fait à jour. La carte 2007, disponible dans la version papier du numéro 7, n'est pas encore disponible en ligne (je leur ai envoyé un mail d'insultes, mais il n'ont pas répondu. Patience donc !).
Il est intéressant de constater que les principaux bénéficiaires du système sont soit à la tête des médias, soit à la tête des groupes qui sponsorisent très largement ces mêmes médias à travers la publicité.
Comme le dit le Canard Enchainé dans son dossier de 82 pages, "Les nouveaux censeurs" :
page 6 :
Mais l'autocensure comme les autres avatars de la censure ne sont évidemment pas son seul fait. La censure d'aujourd'hui, au-delà de ces petits arrangements entre amis politiques, est avant tout économique. Les médias en général et la presse en particulier vivent de la publicité, qui a pris plus d'importance que leurs ventes dans leurs financements. Les annonceurs, le sachant, ne se privent donc pas de considérer que, puisqu'ils paient cher des pages de publicité, ils attendent en contrepartie de ne pas être maltraités dans les pages d'information.
page 14 :
""La liberté de la presse commence et s'arrête au tiroir caisse."" Telle était l'une des maximes favorites de Robert Hersant, qui commença sa carrière sous le maréchal Pétain, et un passage par les prisons de la IVème République, pour l'achever sous Jacques Chirac, président, dans la peau d'un député RPR possédant le groupe "Le Figaro" et un bon quart de la presse régionale.
Le pragmatique Robert Hersant ne s'est jamais payé de mots : les grands débats sur l'honneur ou sur la nécessaire honnêteté de la presse, les belles envolées sur la liberté des journalistes, il les abandonnait à ses éditorialistes pour s'occuper de l'essentiel : les finances et la publicité. Car derrière le cynisme de sa formule se cache une vérité, rarement avouée dans la presse française : le degré d'indépendance d'un journal - en clair sa capacité à résister à la censure de ses annonceurs et son pouvoir de s'opposer aux pression des politiques - dépend de sa santé économique. Et de ce point de vue, certes bassement matériel mais essentiel, la situation de la presse hexagonale est catastrophique.
Qui peut raisonnablement espérer compter sur info-Sarkozy, ou sur info-Bolloré, info-Arnault, info-Lagardère, info-Pinault, info-Wendel, etc... pour s'interroger sérieusement sur le bien-fondé de ces salaires pharaoniques ?