Je suis reine d’un royaume, merveilleux de beauté,
mon palais est de papier.
Derrière les murs éphémères de ma fragile maison,
déambulent les ombres de suivantes affairées, graciles et muettes.
Dans un coin de ma mémoire, chante une musique d’enfance,
de rires partagés, de clochettes agitées, de claquements de semelles.
C’est une boite de Pandore que j’aime à ouvrir, à l’occasion, dans le secret de mon âme.
Nul ne peut s’en douter.
Je suis reine d’un royaume, que je ne connais pas.
Entourée de soieries, de parfums précieux, comblée de lourde féminité,
j’aime quand mon époux, le roi, me conte ses exploits, ses épopées du dehors.
Hier au soir, j’ai dérobé, sur son manteau, accroché,
le délicat feuillage d’une brindille pâle,
et l’ai enfoui, précipitamment, parmi mes écharpes soyeuses.
Un jour, sans aucun doute, glisseront ensemble
les multiples panneaux de cette prison dorée.
Le vent du matin, surpris de cette opportunité, s’engouffrera,
les prendra à revers, les soulèvera d’un simple souffle d’air,
pour les faire s’envoler, gracieusement,
tels des pétales légers,
de fleurs de cerisiers.