C’est ce que j’appellerais sans risque d’erreur «Se tailler la part du lion». Ego nominor leo ! Les salariés d’Airbus ont à peine plus de chance que «la Génisse, la chèvre et la Brebis» qui selon Jean de la Fontaine, s’inspirant du fabuliste latin Phèdre, «firent société» avec le lion, pour leur plus grand désavantage. Le lion refusant avec la dernière énergie de leur laisser la moindre portion du cerf que la chèvre avait capturé et qu’il dépeça en quatre parts. Il s’octroya la première d’autorité : «C’est que je m’appelle le lion», la seconde lui échoit également «par le droit du plus fort», de même que la troisième «comme le plus vaillant» et quant à la quatrième, si tant est que quelqu’un y voulût toucher «Je l’étranglerai tout d’abord» dit-il à ses associés.
Or donc, en parcourant le palmarès 2010 des dirigeants publié par Le Echos, je vois que Louis Gallois a vu sa rémunération augmenter de 126,8 % en 2010. Soit une rémunération fixe de 900.000 euros et 1.421.250 pour la part variable. 2.321250 euros pour l’année. Je suppose qu’il n’a pas de problèmes de fins de mois.
Je ne saurais dire si la “part variable” est fonction de la réussite d’EADS mais celle-ci ne me semble nullement flagrante, entre les déboires de l’A400, avion de transport militaire qui avait été si mal conçu qu’il fut un temps question de l’abandonner et les retards récurrents de l’A350 futur gros porteur, dit encore «SuperJumbo» en raison de sa taille. Toutes choses qui ont un impact négatif sur la trésorerie d’Airbus, lis-je sur le Figaro du 7 décembre 2009.
Ce doit être pour cette raison que tout en demandant aux salariés français d’Airbus de travailler à flux tendu pour tenir les délais pour la sortie de l’A350 : le compte à rebours est enclenché selon le Figaro du 23 avril 2010 «L’usine de Nantes met les bouchées doubles pour livrer les grosses pièces de structure du futur long-courrier le 1er trimestre 2011», la direction refuse avec la dernière énergie d’accorder plus de 2,5 % aux salariés des usines de Saint-Nazaire, Nantes et Toulouse qui se sont mis en grève. Et encore, lis-je sur 20 minutes, alors que le personnel réclamait 3,5 % depuis plusieurs semaines la direction voulait s’en tenir à 1,9 %, ce qui a déclenché le conflit. Puis ensuite, 2,3 % devant la solidarité sans faille des 5 syndicats (FO, CFE-CGC, CGT, CFDT, CFTC).
Ceux qui créent la vraie richesse sont traités comme des Ilotes. Quitte à me répéter, ces dirigeants gloutons ont-ils besoin de telles rémunérations ? Qui n’ont aucune justification ni économique ni humaine. Quand bien même ferait-on la part du luxe. 6 zéros, sinon rien… Tiens, c’est une idée ! Les faire travailler gratos. Et tout cela au moment où l’on promet à la grande majorité des Français un serrage de ceinture maximum. Qu’il ne faudrait pas appeler «politique de rigueur»… Comme si nous n’étions pas déjà assez exsangues.
Je n’ai pas encore eu le temps de lire le détail des mesures prévues mais nous pouvons être certains que nous allons être tondus rasibus, plumés à sec, en long, en large et en travers. Faire rendre gorge aux salauds de pauvres. Louis Gallois devrait cependant se méfier. Qu’il s’accroche aussi longtemps qu’il pourra à son poste et à son flouze. Avant le “chauve-qui-peut” de la débâcle.
Croyez-vous que pour autant le «bouclier fiscal» qui non seulement met les multimillionnaires du COUAC/40 à l’abri des efforts de solidarité – CSG, RDS et autre taxe destinée à financer le RSA – mais permet plus encore que l’Etat rendit à quelques happy few des sommes plus que rondelettes ? Que non point : «pas tant que je serais président», répondra une fois de plus Nicolas Sarkozy.