L’ex-hôtel Ferrandi laisse place à La Belle Juliette, un hôtel 4 étoiles dont l’ouverture est prévue en octobre 2010. Hoosta a rencontré la décoratrice Anne Gelbard, et la propriétaire Corinne Moncelli, lors d’un entretien espiègle et amusant.
Hoosta – La Belle Juliette s’inspire d’une héroïne du XIXe siècle. Pourquoi avoir choisi cette jeune femme ?
Corinne Moncelli : Je cherchais un personnage féminin du XIXe siècle, en référence à la façade de l’hôtel qui date de cette époque. J’ai découvert Juliette Récamier qui était d’une beauté fascinante. J’ai effectué des recherches sur le personnage et j’ai appris qu’elle maîtrisait parfaitement l’art de recevoir, qu’elle voyageait beaucoup. Juliette Récamier était renommée dans toute l’Europe comme a pu l’être Lady Diana avec qui elle avait beaucoup de points en commun. (Lady Diana était une descendante de Georgiana Duchesse du Devonshire grande amie de Juliette.), des miniatures avec son portrait étaient édités en grands nombre. Tout le monde se pressait pour l’inviter, elle avait un incroyable sens du contact, toujours dans le respect et l’amour d’autrui.
Hoosta – Parlez-nous de votre rencontre avec Anne Gelbard, votre décoratrice.
C.M. : Lorsque le projet est né, les hôtels de couturiers, comme Christian Lacroix, étaient à la mode. Je tenais à créer un hôtel différent. Alain Bisotti, qui travaille avec moi pour les Hôtels Paris Rive Gauche, a remarqué le talent d’Anne Gelbard au Salon Maison et Objets. J’ai rencontré Anne à son atelier et cela a tout de suite collé. Je voulais faire appel à quelqu’un qui n’appartienne pas à l’hôtellerie, qui n’avait pas d’expérience en la matière. Jusque-là, je n’avais parlé à personne de mon projet et lorsque j’ai rencontré Anne, je lui ai tout raconté au premier rendez-vous. J’ai craint que Anne qui n’avait jamais fait de prés ou de loin de travaux de décoration d’une telle ampleur puisqu’il s’agissait de décorer un bâtiment complet, ne se représente pas bien la masse de travail que cela comportait, d’autant que Anne continuait son activité à elle en parallèle. C’est pourquoi j’ai bien détaillé tous les aspects négatifs d’un suivi de projet comme celui là, ce à quoi Anne m’a répondu: “même pas peur”.
Hoosta – Anne, pour quelles raisons êtes-vous passée de la haute couture à l’hôtellerie ?
Anne Gelbard : L’envie de changer de support, de prendre mon temps pour réfléchir. Je travaille dans la mode depuis 17 ans – Chanel, Dior, Givenchy – et lors des défilés, on est toujours dans l’instant, on fonctionne à l’instinct. J’avais envie d’un projet à long terme. La Belle Juliette s’est présentée comme un super challenge, pour me permettre de confronter le milliard d’idées qui bouillonnent en moi avec la réalité et voir enfin si ces idées sont réalisables. Je suis entourée d’une équipe formidable chapeautée par une architecte d’intérieur, Emilie Corre, qui est « la vision 3D de mes idées ». Nous collaborons étroitement avec Vincent Bastie qui est l’architecte. C’est tout de même un projet colossal, 34 chambres toutes différentes, sans parler des parties communes…
Hoosta – La décoration joue sur les couleurs et les matières. Pouvez-vous nous en dire plus ?
A.G. : Juliette a écrit son style, l’hôtel aussi. Nous avons adopté le style Directoire, plus fin que le style Empire, et offert une vision contemporaine et graphique du style de l’époque. Nous avons créé une gamme de couleurs propre à l’hôtel qui s’accorde parfaitement avec le choix des tissus Pierre Frey et Dedar. Au rez-de-chaussée, nous avons mélangé un velours et un tissé avec du cuivre pour un effet superbe. Ce tissu, le « Memoria » de Pierre Frey, est pour moi celui qui représente le mieux l’élégance et le raffinement de Juliette Récamier.
C.M. : Le rose, le bleu et le jaune, les couleurs préférées de Juliette, font également partie de la signature de l’hôtel.
Hoosta – Que vous a apporté Juliette jusqu’à présent ?
C.M. : Nous sommes tous tombés amoureux de Juliette ! Même si l’hôtel est encore en travaux, nous avons l’impression qu’il est déjà habité. Juliette a toujours été là !
A.G. : Juliette nous transporte, chacun se dépasse par amour pour elle. Il faut dire qu’elle incarnait la beauté, la générosité et qu’elle possédait son propre style. C’était une coquette.
C.M. : C’est comme une amie. En tout cas, elle l’est devenue. Et puis, elle nous a rapproché et soudé dans notre travail. Un dimanche où Bruxelles était sous la neige, nous sommes allés chiner ensemble, Anne, Vincent, Emilie, Alain, Pascal mon mari, et moi. C’est cette complicité et cette motivation commune qui nous a permis de relever le défi. Maintenant, nous espérons que l’hôtel plaira !
Le blog des Hotels Paris Rive Gauche
Crédit photos: JasonW
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