3 poèmes.

Par Ananda

I.

Le doute et son vacillement...

les cultiver,

les accueillir,

ne pas s'en effaroucher, non...

car ils annoncent la poussée,

le jaillissement,

la vigueur

de la foi, ce geyser de sève.

Le doute et son vacillement

qui lézardent soudain nos jours,

nous tiraillent de l'intérieur

et de l'extérieur

de concert

il faut les laisser

s'installer

comme cendres après crémation,

comme un paradoxe sinueux

plus précieux qu'une plante rare :

ils sont le seuil

du chant trouvé !

II.

La richesse du monde est là

comme un vacarme assourdissant,

un kaléidoscope fou

qui remue sans fin ses couleurs;

je me réveille ce matin

et je la sens, là, tout autour

en train de passer la frontière

entre ma peau et mon dedans.

La richesse du monde est là

comme une voûte de lilas,

de feuillages au treillis serré

sous laquelle je me tapis:

elle m'investit, m'envahit

de ses trilles exaspérées

alors je cherche les mots pour

la tenir un peu

à distance...

III.

Méconnaissance

Pour Dana Shishmanian

Tu te prolonges bien plus loin

que tu ne crois

dans l'étendue, dans l'horizon, dans le lointain,

dans la course des nuages, dans le dessin

des crêtes qui ressemblent à une écriture.

Tu vas plus loin que ta propre géométrie,

que la courbure de l'espace de ton corps,

tu te continues en nappe vers l'infini

vers le troupeau d'atomes et celui

d'univers

vers l'au-delà de toute vie, de toute mort.

Et tant pis si tu ne le fais

qu'à ton insu. 

Patricia Laranco.