J’en avais déjà parlé l’été dernier. En tant que X4 je crois. Quand il m’avait avoué être amoureux de moi. Aveux fort malvenu. Mais soyons francs : qui n’est pas amoureux (un peu au moins) de son ami (/amie) d’enfance ?
Seb m’a téléphoné la veille au soir, il était à Paris pour quelques affaires, des rendez vous s’étant reportés, il voulait passer un peu de temps avec moi. Déjeuner ? D’accord !
J’aime beaucoup les déjeuners en ville. Ils sont intemporels. C’est comme si on volait quelques heures à notre quotidien. Ce qui se passe entre midi et deux ne compte pas.
Je l’ai retrouvé à la gare, juste après avoir déposé les enfants à l’école. Je suis toujours surprise de le voir aussi bronzé, « déguisé » en homme de ville, en Monsieur. « Que veux-tu faire ?
-La même chose que toi, sourient ses yeux.
-Je voulais passer à la jardinerie, chercher un pot…
-Va pour la jardinerie !
Je m’assoie au volant et nous mène sans trop réfléchir sur l’autoroute. La conversation est badine et je me rends compte que je ne suis pas du tout là où je voulais aller. Tant pis, il y a une jardinerie dans cette direction-ci aussi.
Parking de zone commerciale de grande banlieue, chariot, pièce de un Euro, nous déambulons dans les rayons intérieurs, puis extérieurs, et encore intérieurs. Je tergiverse sur la taille du pot, sa couleur, sa matière, sa forme. Patient Seb ne perd pas de son sourire, il rit même de mes hésitations énervantes. Finalement, j’ai le pot, la terre, la soucoupe, direction la caisse où Seb insiste pour payer. Je finis par accepter.
Il est midi et je lui propose sans conviction de déjeuner dans un restau de centre commercial. « Non, allons plutôt déposer ça chez toi, tu me feras bien quelque chose à manger ? »
C’est ainsi, et je ne sais pas trop comment, nous nous sommes retrouvé à manger du saumon grillé assis dans l’herbe au fond du jardin. C’est ainsi que mon caoutchouc s’est rempoté dans une sublime poterie d’Albi aux couleurs flamboyantes, et c’est je ne sais pas trop comment que je me suis retrouvée dans ses bras, la tête à l’envers à contempler la course des nuages…