Aujourd’hui, les syndicats se battent pour défendre un droit, celui à la retraite, et l’on se bat pour savoir quand pourra-t-on partir à 61, 62, 63…, car il est vrai qu’après avoir passé 40 années dans un silo à grain ou sur un poste à souder, on est en droit de laisser son corps se reposer et s’éteindre lentement.
Depuis la seconde moitié du XXe siècle, les progrès de la médecine ont permit de prolonger l’espérance de vie de 15 à 20 ans, alors que les ouvriers du siècle passé mourraient quelques années après le début de leur retraite, ceux d’aujourd’hui et de demain vont profiter des joies d’une retraite bien méritée, doigts de pieds en éventail à siroter un drink sur la plage… Mais pour se trouver dans cette situation, il faut avoir la retraite adéquate et cette retraite là, ils sont peu nombreux à la posséder.
Ainsi, ceux qui se plaignent de voir leur retraite s’éloigner d’eux ne semblent pas réaliser les conditions dans lesquelles ils vont devoir se trouver.
Nombre de retraités, hommes et femmes ont des pensions si faibles qu’ils parviennent à peine à vivre, mais à survivre, contraints de vendre leurs effets personnels dans la rue pour manger, à mendier, à faire les poubelles, à se rendre dans les associations de secours aux démunis, à être pris en otage dans leur logement avec des charges indirectes qui ne cessent d’augmenter, comme la hausse du prix du gaz, de l’électricité, sans parler de celle du fioul, nombre de Français et étrangers ayant travaillé et cotisé en France, se retrouvent dans cette terrible situation de rejet social, il sont servi la France, ils ne la servent plus, ils sont donc à présent inutiles.
Ah ! j’oubliais la maladie, car une sous-alimentation, des carences en vitamines, l’abandon, provoquent également la maladie, maladie qui est à la charge de l’état, puisque le patient n’est pas solvable, une maladie qui coute des millions, à force. Ne serait-il pas plus intelligent d’augmenter le montant des retraites les plus basses pour permettre à nos parents, nos grands-parents de vivre un peu mieux et de preserver leur santé ?
On a calculé les retraites d’une façon savante, mais à aucun moment on a pensé que l’Euro allait changer la donne, il est certain qu’une monnaie qui passe de 1 pour être multipliée par 6, cela fait la différence.
Souvenez-vous du temps du franc, lorsque dans la rue on nous demandait un franc, aujourd’hui, on nous demande au minimum un euro, deux, parfois cinq. Jamais on aurait donné 33 francs à un type qui se plaignait de ne pas avoir assez pour payer son billet de train, pourtant je l’ai fait, enfin, je me suis bien fait avoir par un petit salopard de quarante balais qui m’a pris pour une bille, mais qu’importe, j’ai la conscience tranquille, et à tout bien réfléchir, j’aurais préféré les donner à un véritable nécessiteux et pas à un petit truand qui se faisait passer pour un pauvre type.
La retraite était sensée permettre aux agriculteurs, aux employés, aux professions libérales… de vivre décemment en attendant la mort, puisqu’il s’agit de cela en vérité, trop vieux pour être actif, ayant rendu de fiers et loyaux services à la nation, le repos du guerrier est enfin offerts aux méritants.
Mais dans la nature, est-ce qu’un ours perçoit une retraite ? Est-ce que ce même ours va attendre qu’on lui serve ses repas, matin, midi et soir dans son bois ?
C’est bien ce que semblent reprocher nos gouvernants à cette situation, en effet :
- Pourquoi payer des gens à ne rien foutre alors que les caisses sont vides ?
Mais lorsqu’elles étaient pleines les caisses, c’était avec l’argent des contribuables, l‘argent de ces mêmes personnes qui aujourd’hui ont vieillies, et qui passent ou qui vont passer à la retraite, alors que doit-on faire ?
« Les caisses sont vides », la crise des « subprimes » a achevé le monde des spéculateurs, dont notre état, qui jongle avec l’argent des caisses et de la sécu depuis des années à la bourse, alors il est vrai que l’état ne pouvait pas s’attendre à perdre des milliards qu’il fallait récupérer d’une façon ou d’une autre, mais bien sûr, l’état n’est pas, il n’est jamais fautif, ni responsable.
Le système a bien fonctionné durant des années, il y a eu erreur, qu’importe, une génération de sacrifiés par la faute de certains, les responsables ont des parachutes dorés, on s’en tape, c’est pourquoi il est toujours plus commode de se trouver du bon côté du manche.
Donc, on se bat pour poser définitivement un âge de la retraite en France, mais à quoi bon, si le chômage ne cesse de croître, si les entreprises ne cessent de licencier des quadras et des quinquas, puisqu’ils coûtent trop chers et qu’ils se retrouvent au chômage durant deux ans puis, en pré-retraite, puisque personne ne veut plus d’eux, malgré leurs compétences, ils coutent, et sont trop chers !
Alors, qui va payer la retraite de ceux qui tombent justement en retraite et qui sont en bonne santé et qui risquent, je le leur souhaite, de vivre encore 10, 20 30, 40 ans peut-être ?
On n’avait pas pensé à cela lorsque l’on a crée les retraites.
Alors, au lieu de penser à la retraite, pourquoi ne pas créer de l’emploi au lieu de s’acharner à détruire le tissus même de l’emploi en France (600 000 emplois perdus en deux ans) qui devient malheureusement un état producteur de service, mais pour user d’un service, il faut de l’argent, mais ce n’est pas possible, tout le monde ou presque sera bientôt au chômage en France, fini, l’état providence, les réformes arrivent et elles vont faire très mal.
Les privilèges des syndicats, les luttes ouvrières vont inévitablement devoir revoir leur copie, le monde actuel n’a plus rien à voir avec le monde d’hier, la SNCF, Air France, les ouvriers des collectivités, les fonctionnaires, peuvent faire autant de grèves qu’ils le souhaitent, mais cela ne changera rien à la situation économique actuelle.
L’état veut laisser croire à une période difficile et passagère, il faut se serrer la ceinture de deux crans encore :
- …mais vous verrez, ça ira mieux demain et on ne lèvera pas d’impôts supplémentaires ?
- Ah bon ?
Soyons réalistes et cessons les clivages politiques, l’état de tous les Français n’aura plus le choix, c’est inévitable et comme je le disais dans une note précédente, sa passivité est en rapport avec ses vues électorales et c’est bien dommage, car si l’on ne prend pas le taureau par les cornes, c’est lui qui vous encorne.
Comment va-t-on relancer l’économie intérieur du pays, quand va-t-on cesser d’imposer les PME, PMI par des charges trop lourdes ne leur permettant pas de créer de l’emploi, quand va-t-on cesser de fermer les usines en France pour les délocaliser dans des pays ou la main d’œuvre est moins coûteuse, avec la complicité de l’Europe et des états, il suffit de voir le cas de DELL qui produisait près de 10% du revenu Irlandais, 10% qui ont disparus du jour au lendemain, car DELL est parti s’installer en Pologne avec l’argent de l’Europe et de la Pologne.
En Europe, on paye les entreprises pour venir s’installer dans des zones ou les avantages fiscaux sont énormes, mais cela créer-t-il de l’emploi en France ?
Et avec ça, tout le monde pleure pour sa retraite, mais à quoi bon ?
À quoi bon pleurer, si l’on s’installe dans un bled où le boulanger, le médecin, l’école élémentaire et le collège, la pharmacie, ont fermé faute de clients ?
Avant de parler de retraite, nous devrions apporter des solutions efficaces concernant l’emploi des jeunes, des quadras et des quinquas, sans réponse concrète, on peut dire adieu à ces beaux rêves de retraite privilégiée.
Nous vivons une époque formidable…