Histoire de revisiter un peu mes classiques, je me suis racheté quelques “vieilleries” : du Philip K. Dick, de l’Asimov et du Arthur Clarke. Rien que ça. J’ouvre le bal avec ce “maître du Haut Château” car il partage une certaine similarité avec ma lecture précédente (La Brêche). En effet, il est question d’uchronie, de seconde guerre mondiale et de divergence dans son résultat. Mais aucun autre parallèle ne saurait être trouvé : les deux romans n’ont rien à voir.
Si Christophe Lambert avec “la brêche” a su me captiver rapidement dans un récit ne souffrant d’aucun manque de rythme ni d’actions, il n’en ai pas de même avec ce livre de Philip K. Dick. De toute évidence, l’auteur n’a pas réellement chercher à écrire une histoire mais s’est focalisé sur une sorte de réflexion assez confuse sur le mélange de trames “réalité” versus “alter-réalité”.
Dans ce livre, l’uchronie (la fameuse question “Et si ?”) démarre sur la mort prématurée de Roosevelt. Le président américain qui le remplace alors ne se montre pas capable de hisser le pays à un niveau suffisant pour endiguer la montée en puissance de l’Axe. Du coup, l’Allemange et le Japon remporte la Seconde Guerre Mondiale et mette le monde à genoux… voire, plus bas que terre.
L’histoire suit alors plusieurs personnages dont peu ont de liens entre eux. Voilà déjà une première source de frustration. J’ai passé un long moment à me demander comment l’auteur allait regrouper tout ce petit monde jusqu’à ce que j’abdique et admette que les personnages en tant que tel n’étaient pas la raison d’être de ce “maitre du haut-chateau”.
En effet, on se ballade essentiellement sur la côte Ouest des USA, autour de San Francisco, sous domination Japonaise. On nous apprend comment est la vie, quelles sont les habitudes des envahisseurs, comment les gens vivent. On y suit Childan, un revendeur genre antiquaire, spécialiste de l’histoire des Etats-Unis. Mr Tagomi, un dirigeant dans le plus pur style caricatural d’une corpo japonaise. Frank Frink, qui cache sa condition de juif, employé d’une usine.
Un peu plus à l’Est, l’ex-femme de Frank, Juliana vit dans une région plus ou moins autonome coincé entre la zone japonaise et celle, sur la côte Est, sous domination allemande. C’est d’ailleurs autour de cette femme que l’on en apprend le plus sur le programme des Nazis : les atrocités commises sur le vieux continent et pire encore, en Afrique.
Et puis, surtout, il y a l’omniprésence d’un Oracle et de la sauterelle. L’oracle est une sorte de jeu importé par les japonais auquel on se réfère en lui posant des questions : des numéros surgissent qui correspondent à des passages d’un livre. La lecture de ses passages, dignes d’un Nostradamus, est supposé éclairée les requérants sur leur avenir, voire sur leur présent.
D’un autre côté, un mystérieux livre, “La Sauterelle”, écrit par un certain Abendsen, retranché dans un “haut chateau”. Ce livre raconte une réalité alternative qui serait en fait la notre : les Etats-unis et les alliés ont gagné la guerre, la vie est très différente.
Et en gros, ça s’arrête là !
Je regrette profondément que les pensées de l’auteur ne viennent pas plus en surface dans cet ouvrage. Car il n’est pas question d’autres choses que d’une réflexion, à mon sens. Il y a beaucoup de violence dans ce livre, dans les propos des acteurs comme dans la description que fait K.Dick du règne allemand. Il y a aussi une certaine forme de vacuité dans la société japonaise, une absence totale de révolte, des impressions fugitives sur des manigances européennes et, quelque part, la promesse d’une chute de l’Empire Nazi.
Sinon, rien.
Je suis terriblement resté sur ma faim. Même dans l’écriture elle-même. J’ai trouvé ce livre long, affreusement !
Je vous invite a jeter un coup d’oeil sur la page wikipedia de cette oeuvre pour vous faire une autre idée… où l’on parle même de “mise en abime”. Très exactement le sentiment de vide que j’ai eu en refermant ce livre !