Qui ne connait pas le donjon de Naheulbeuk ? Dans la communauté sans cesse renouvelée de rôlistes (comprenez, amateur de jeux de roles, JDR), Naheulbeuk est une référence. Tout d’abord il y eut la saga MP3 : pour grossir le trait, il s’agit de scénettes retranscrivant une partie de JdR. Avec les gags, les bons mots, les persos caricaturales. Cela fonctionne tant que l’équipe de Pen Of Chaos se produit même sur scène. Le succès aidant, on vit apparaître des dessins, des figurines, des BDs et “La couette de l’oubli” est le premier roman.
Autant le dire tout de suite : la recette qui est excellente en MP3 et très bonne en BD, fonctionne beaucoup moins bien en roman.
En effet, le petit plus de cet univers parodique, c’est les bons mots, les situations cocasses que tout rôliste à connu et Naheulbeuk mise la dessus et sur un humour très potache pour conserver son lectorat.
Si, à l’oral, les intonations des voix et la brièveté des sketchs créent une bonne dynamique, et si, en Bd, la qualité des illustrations, les détails et les dialogues apportent une vraie légèreté, en roman, c’est drôlement plus compliqué.
Un roman, c’est avant tout une histoire, un scénario, une progression. Or ici, dans cette “couette de l’oubli”, l’auteur John Lang, a essayé de s’en tirer avec les mêmes pirouettes. Et malheureusement, je dois avouer que ça tombe à plat. L’humour est plus poussif, la trame tire en longueur et finit, comble du désespoir, par provoquer l’ennui.
Et encore !
Il faut avouer que l’auteur a eu la bonne idée d’entrecouper son récit de “bulletins cérébraux”. Il s’agit de passages où, tour à tour, chacun de nos habituels personnages (nain, barbare, rodeur, magicienne et l’elfe) prend la parole pour donner son avis sur la situation. On a ainsi un ressenti différent et l’on retrouve plus facilement l’esprit de Naheulbeuk.
L’histoire ?
Oh, comme je l’ai dit, c’est un peu accessoire. Une quête pour notre équipe de héros loosers préférée. Pas épargnés par le sort, nos mercenaires doivent traverser de belles contrées, une grande ville et… un donjon. Ben oui, faut ce qu’il faut. C’est du JdR med-fan oui ou non ? L’écriture est maîtrisée, parfois peut-être trop soutenu. Les dialogues sont globalement bien construits mais peut-être trop rares ou tombant régulièrement dans les vannes faciles.
On gardera de bons souvenirs toutefois des “voix off” simulant le maitre du jeu, des passages de niveaux (et l’on se régale des points de charisme de la “gentille” elfe), des réflexions en-dessous de la ceinture du nain, du barbare et du rodeur, etc etc…
Pas franchement emballé par cette déclinaison livresque alors que je possède quasiment toutes les Bédés, je me pose vraiment la question de lire la suite. Ce livre est sûrement dédié aux plus grands fans de Naheulbeuk mais je ne suis pas sûr qu’il soit une bonne entrée en matière pour quiconque ne connait pas déjà l’univers.
Le site de pen of chaos dédié au donjon.