Salut les vilains petits canards !
L'autre jour, j'entendais un représentant des libéraux déclarer que les Grecs, responsables de la déroute financière à cause de leur mauvaise gestion, de leur train de vie supposé et des mensonges éhontés livrés aux instances internationnales méritaient largement les mesures sacrificielles que l'Europe leur faisait subir.
Certes.
Ce même intervenant d'ajouter que le peuple était responsable par la délégation démocratique et les mandats électoraux qu'il avait accordés à ses hommes politiques pour gérer le pays.
Et là, amis du Village, mon sang de canari n'a fait qu'un tour ! Des dents acérées ont poussé en quelques secondes dans mon bec délicat!
Ainsi le vote des citoyens impliquerait-il une délégation du pouvoir économique à ceux qu'on met au pouvoir démocratiquement ? Cela parait logique.
MAIS.
Lorsqu'on doit choisir entre un Strauss-Kahn et un Sarkozy ? Entre un social libéral et un libéral social ? Entre la blanche neige et la neige blanche ? Entre la peste et le choléra ? Existe t-il vraiment une alternative ? D'autant que les législations des pays sont faites pour éliminer les petits partis ! Sans oublier que pour parvenir au pouvoir, des fonds très importants sont nécessaires pour planifier une campagne électorale digne de ce nom et que seuls 2 ou 3 partis dans chaque pays démocratique peuvent légitimement prétendre à la victoire !
Et comme, ces "grands" partis sont financés par des lobbies ou des entreprises privées, ils évitent consciencieusement de remettre en cause le système.
Donc, votre choix se résume simplement à voter pour du blanc-bleu ciel ou du rose pâle ! Et à l'arrivée, vous tombez sur les mêmes politiques fades pratiquant les mêmes mesures, votant pour les mêmes lois. Juste, changent le visage et l'allure des représentants et la plastique des épouses ; avouez que c'est bien peu !
Et quand ces gens font d'énormes bévues, c'est le peuple qui paye. Comme ces politiciens grecs inaptes et jouisseurs.
Dites, les amis, ce dualisme incolore ne vous rappelle pas un peu la situation
À propos avez vous jamais entendu les autorités politiques européennes ou grecques, exiger une enquête et le passage en Justice des dirigeants politiques et banquiers responsables de cette faillite en Grèce ?
Les classe moyennes et modestes héllèniques se révèleraient donc les seules coupables de ce krach sous prétexte qu'elles auraient donné leurs suffrages à des incapables et des corrompus ? Mais le peuple grec avait-il d'autres possibilités de choix ?
Foutaises !
Il n'existe pratiquement plus d'alternative idéologique dans nos sociétés occidentales aseptisées. Dans le cas grec, les 2 partis successivement au pouvoir étaient aussi médiocres ou corrompus l'un que l'autre.
Vous, citoyens ordinaires, avez vous l"impression en mettant votre bulletin dans l'urne de vous engager à payer les pots cassés de ceux que vous allez élire ? Savez vous à l'avance s'ils seront honnêtes et compétents, s'ils respecteront leurs paroles ou s'ils ne vous conduiront pas vers une aventure hasardeuse ?
Et si à mi-mandat, si vous vous apercevez que vous avez été trompés par vos représentants, quels sont vos recours pour les pousser dehors ? Aucun, bien entendu : vous avez signé un contrat à durée déterminée de 5 ans minimum !
L'addition sera de toutes manières pour vous et dans ce cas on comprend mieux la colère justifiée du peuple grec impuissant !
Alors, on risque à coup sûr, tôt ou tard, l'émergence fatale de partis populistes, démagogiques et autoritaires d'extrême droite vers lesquels se rabattront les électeurs dégoutés et écœurés comme on en rencontre de plus en plus.
L'Europe se prépare des lendemains malsains...
Dans le monde actuel, plus vous grimpez les échelons, moins vous êtes responsables de vos fautes. Ce fait est désormais patent et hélas indiscutable : seuls les petits, salariés, fonctionnaires, cadres, artisans ou commerçants, professions libérales payent pour leurs erreurs. Au fur et à mesure de sa montée dans la hiérarchie sociale, non seulement la rémunération croît, mais les périls diminuent d'autant que les parachutes dorés ou les voies royales de garage atténuent la chute éventuelle et vous garantissent une rente confortable. L'oligarchie de connivences en cours actuellement dans tous les pays occidentaux est une assurance tous risques pour tous ceux qui ont la chance de bien naître ou d'y rentrer par relation. Sauf égarements gravissimes votre avenir est assuré envers et contre tous.
Le libéralisme économique et la spéculation financière, idéologies du risque pour les dirigeants économiques ? Mon œil ! Un slogan médiatique de plus, oui !
Dès lors, les erreurs de nos élites politiques ou économiques seront toujours pardonnées mais leurs séquelles seront systématiquement mutualisées.
Le Peuple, fût il grec ou français, qu'il vote ou non, sera toujours le dindon de la farce.
C'est la morale de cette sinistre tragédie grecque qui se déroule sous nos yeux.
Toutefois pour en terminer et relativiser, n'oublions jamais que presque un milliard d'individus sur notre planète souffrent de malnutrition, la crise monétaire accentue la volatilité des marchés et commence à attirer les capitaux des spéculateurs vers les marchés plus traditionnels des matières premières comme le riz, la farine et autres productions vivrières dont les pays les plus pauvres sont si dépendants...
La spéculation devient un véritable fléau, un nuage de sauterelles virtuelles, un fleuve boueux qu'il convient, pour les États, de maîtriser impérativement avant d'y finir engloutis. Mais je crains qu'avec un mollusque languide (pour parler poliment) de l'acabit de ce pauvre François Fillon, nous soyions bien mal barrés.
Amis du Village, bon courage et à bientôt et allez donc consulter ce superbe billet sur les pseudos modèles de la mondialisation et cet autre brillant exposé sur un tout autre sujet dramatique : la Palestine.
Il est 21h, j'ai rédigé mon billet depuis déjà quelques heures et je viens de parcourir le blog de l'excellent SuperNo. Lui aussi parle de la Grèce. Si nos propos sont différents, ils n'en vont pas moins dans le même sens. À lire absolument.
Cui cui fit l'oiseau, phénix déplumé de basse-cour.