L’auteur est agrégé d’histoire. C’est un détail qui compte. Son Paris de la fin de la grande guerre est décrit avec une redoutable précision. Le boulevard Haussmann, les Tuileries, la zone de Saint-Ouen, le Val de Grâce et son étage réservé aux gueules cassées, les manifs ouvrières du 1er mai 1919… Il propose un voyage dans le temps très documenté et passionnant pour peu que l’on s’intéresse à cette époque.
Pour ce qui est du récit, la mécanique propre au polar est déroulée de façon classique et efficace. L’équipe de la brigade criminelle m’a plus fait penser au 87ème District d’Ed Mc Bain qu’aux brigades du tigre. Chaque inspecteur possède sa propre personnalité et le fonctionnement de la police est très clairement expliqué, y compris les débuts de la police scientifique et de ses experts de l’époque.
Les chapitres sont très courts, il y a beaucoup d’action et les dialogues sont bien menés. Bref, un très bon polar historique qui se dévore rapidement et pose les bases d’une série qui, je l’espère, continuera de proposer des épisodes de cette qualité. Il est d’ailleurs indiqué à la dernière page du roman que le second volume s’intitulera Le bal de l’Équarisseur. Tout un programme !
L’info en plus : La valse des gueules cassées n’est pas le premier polar de Guillaume Prévost. Il a déjà publié, toujours aux éditions Nil Les sept crimes de Rome (une histoire qui met en scène Léonard de Vinci dans l’Italie du 16ème siècle), L'assassin et le prophète (une enquête menée par un jeune philosophe juif à Jérusalem en l’an 6 après J-C) et Le mystère de la chambre obscure (où quand Jules Verne se fait détective dans la France du second Empire). Ces trois romans policiers ont été repris en poche aux éditions 10/18.
La valse des gueules cassées, de Guillaume Prévost, Éditions Nil, 2010. 19 euros.