Face à Avatar (que je n'ai pas encore vu), "le Concert" apparait comme un objet minuscule et inerte. Ce "petit film" de Radu Mihaileanu (réalisateur de Va, Vis et Deviens) n'a certes pas les armes de communication d'un James Cameron mais la salle était pourtant pleine à Lyon pour ce film sorti il y a plus d'un mois.
Ce film à l'image d'une poupée gigogne, est un film à tiroir qui permet plusieurs niveaux de lecture.
J'avoue qu'au départ j'avais un peu peur. Peur de revoir un film qui ne serait qu'un remake des Virtuoses ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Virtuoses ) ou de Full Monty. En réalité le film n'a rien n'a voir avec ces deux grands succès du cinéma britannique.
Au début, on croit à la farce russe, tant l'auto-dérision, les éclats de rires, les qui propos sont présents. La recherche des musiciens qui ont tous désormais un autre métier, le voyage à paris sont autant de séquences qui offrent aux spectateurs une vraie joie communicative.
De même, la caricature de l'oligarchie et du système économique russe rappelant Il divo de Paolo Sorrentino ( http://lexilousarko.blog.fr/2009/01/10/il-divo-5356158/ ) sont autant de travers que le réalisateur se plait à évoquer, en les caricaturant pour dénoncer un régime qui n'est certes plus communiste mais qui a versé dans une autre forme d'autoritarisme.
Et puis, au delà du style de scénarisation, il y a une vraie histoire.
Andrei Filipov, chef d'orchestre du prestigieux Bolchoi est un homme qui a vu sa vie basculer le jour où refusant de se débarrasser de ses musiciens juifs, il a été licencié. Aujourd'hui, il fréquente encore la prestigieuse salle de Moscou, mais sous l'uniforme d'un homme de ménage. Un jour, alors qu'il se trouve dans le bureau du directeur, un fax arrive en provenance du Chatelet, invitant l'orchestre du Bolchoi a s'y poduire. Andrei se saisit alors de l'invitation et réunit ses anciens amis musiciens avec un rêve en tête: jouer Tchaïkovski avec Anne Marie Jacquet.
Toute l'intrigue tient dans ce lien: pourquoi Andrei (l'excellent Aleksei Guskov avec des faux airs de Ralph Fiennes) veut-t-il jouer avec Anne Marie Jaquet le Concerto pour violon et orchestre de Tchaïkovski.
La grande force de film est de pouvoir dire des choses, faire passer des émotions sans forcement faire discourir les personnages. La scène de fin est d'une rare intensité, la musique de Tchaïkovski prenant alors toute sa place lorsque l'archet répond à l'orchestre en écho d'une histoire douloureuse. Tout prend alors sens et la musique se révèle comme une réponse à des blessures passées.
La musique apparait ici comme "signe" et socle" de "l'appartenance au monde", comme un ancrage qui fait le lien entre chaque individu, entre chaque génération pour dépasser les affronts de l'Histoire et apaiser les souffrances des Hommes.
Concerto pour violon et orchestre opus 35 de Tchaïkovski
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