Au moment où l'Assemblée nationale examine le texte Grenelle 2, en matière de sécurité aussi, Nicolas Sarkozy n'a plus de souffle mais brasse du
vent.
Signe que les mesures annoncées à Gagny en mai 2009, puis à Bobigny en avril dernier n'ont provoqué sur le terrain aucun changement notoire, le Chef d'Etat a convoqué aujourd'hui à l'Elysée
l'ensemble des préfets, procureurs généraux, recteurs et inspecteurs d'académie.
Les accents volontaristes du Président de la République sont les mêmes, tout comme les mesures, dont la plupart ont déjà fait l’objet d’annonces : la vieille antienne de la «
sanctuarisation des établissements scolaires », un diagnostic de sécurité dans tous les établissements scolaires avant la fin de cette année... Mais l'heure est-elle encore au diagnostic ?
Autre mesure annoncée, déjà présentée à Bobigny, Nicolas Sarkozy souhaite que les proviseurs des lycées sensibles puissent réserver un bureau à la police. Rappelons que 9200 postes de
gendarmes et polices ont été supprimés. Quels policiers mettra t-on dans les bureaux de police présents dans les écoles ?
En réalité, un bureau de police ne remplacera jamais des équipes pédagogiques renforcées, condition indispensable pour faire reculer la violence.
Plutôt qu'un énième discours élyséen, l'école a besoin de solutions. Le Parti socialiste réitère ses propositions pour lutter contre les violences scolaires :
- l'arrêt de l'application de la révision générale des politiques publiques aux forces de sécurité,
- l’arrêt des suppressions de postes et le recrutement, de toute urgence de surveillants et de personnels formés,
- la suspension de la réforme de la formation des enseignants,
- la revalorisation du métier d’enseignant, indispensable à l’exercice de l’autorité
(prise en compte du niveau master dans les rémunérations actuelles, plan de titularisation des personnels précaires, réévaluation des missions et du statut des professeurs remplaçants de
l’éducation nationale (TZR) qui connaissent aujourd’hui une dégradation sans précédent de leurs conditions de travail),
- l’attribution de bourses aux étudiants s’engageant dans la voie de l’enseignement pour renforcer l’attractivité de ces filières.
L'urgence est de bâtir un plan ambitieux de lutte contre la principale source de la violence : le décrochage scolaire. La création d'un « fichier de décrocheurs » recensant les élèves
quittant la scolarité à 16 ans ne traite pas les causes du problème. Il faut de vraies mesures : renforcement des ZEP, diminution du nombre d’élèves par classe, promotion des expériences
innovantes, soutien des familles en difficulté et recherche d'une plus grande mixité sociale.
Jean-Jacques Urvoas, Secrétaire national du PS chargé de la sécurité
Bruno Julliard, Secrétaire national du PS en charge de l'éducation