Voici deux courts extraits d’un Chat avec Xavier TIMBEAU, Directeur du département Analyse et prévision de l’OFCE. Vous trouverez le chat en intégralité en suivant le lien ci-dessous.
« La croissance est encore insuffisante pour permettre une baisse du chômage »
LEMONDE.FR du 22 avril 2010
Dans ce chat, Xavier TIMBEAU, analyse les perspectives de croissance pour l'Union européenne et la France.
« On est aujourd'hui dans une phase où on est retourné à des taux de croissance positifs, mais malheureusement, ces taux sont insuffisants pour permettre une baisse du chômage.
(…).
Mais il y a un autre élément qui retarde la baisse du chômage qui est qu'aujourd'hui, les entreprises ont moins licencié que ce que la baisse d'activité aurait pu impliquer. Elles ont donc d'une certaine façon un excès de main-d'œuvre qu'elles vont devoir consommer pour que globalement il y ait à nouveau des créations nettes d'emplois en 2010. Et cet excès de main-d'œuvre supposerait pour être comblé, à peu près 1 point de croissance, en plus de la croissance minimale pour faire baisser le chômage.
Cela veut dire qu'en 2010 il faudrait 2,5 points de croissance pour voir baisser le chômage, et c'est pour cela qu'on attend une stabilisation du chômage à la fin de l'année 2010, et une amorce du mouvement de baisse en 2011, mais qui restera assez timide.
Au total, tout cela signifie qu'on va être pendant une période de temps longue dans une situation de chômage élevé. Et cette apparente stabilisation du marché du travail masque une aggravation de la crise. Parce que dans ce temps-là, le chômage de longue durée augmente et avec lui les effets négatifs sur le revenu des ménages, et des effets délétères sur la situation des individus confrontés à ce chômage de longue durée. »
Xabier TIMBEAU à Pontault-Combault en avril 2007 lors d'un débat sur la dette publique
avec Jean PISANI-FERRY et Michel PEBEREAU
Sur la crise des finances publiques grecques
« La crise grecque reste un événement anecdotique. C'est un effet de mimétisme sur les marchés financiers. La crise grecque est un problème budgétaire considérable pour le pays mais, aujourd'hui, c'est surtout une intense spéculation sur les marchés secondaires de dettes grecques (ce sont les marchés sur lesquels les opérateurs et les institutions financières échangent des titres de dettes) qui conduit à l'explosion des taux d'intérêt.
La panique est amplifiée par les réactions des agences de notation Mais le paradoxe, c'est que celles-ci disent : les taux d'intérêt grecs augmentent, donc les Grecs ne seront pas capables de faire face à leurs échéances. Or ce raisonnement est circulaire. Un élément que personne ne souligne mais qui est pourtant très important, c'est que, pendant que la crise grecque se développe, les taux d'intérêt publics sur les titres de dettes européennes non grecques – ceux de la France, de l'Allemagne, du Portugal, de l'Italie, de tous les pays de la zone euro – baissent. Donc ce qui se passe aujourd'hui, c'est que les institutions financières fuient la dette grecque et se réfugient sur les autres titres de dette européenne.
Donc la dette grecque est bien une panique spécifique sur la Grèce, et pas du tout le mouvement que tout le monde craint, mais sans qu'il se soit produit, d'une défiance vis-à-vis des titres publics en général.
Du coup, l'impact sur la croissance de la crise grecque est extrêmement faible. Aujourd'hui, le seul impact est celui du plan de restriction grec sur l'économie européenne, et ce plan représente 10 milliards d'euros sur les presque 10 000 milliards que pèse l'économie de la zone euro. »
La suite et l’intégralité du débat ici :
http://www.lemonde.fr/economie/chat/2010/04/22/retour-de-la-croissance-quand-pour-qui-a-quel-prix_1341381_3234.html