Magazine Culture

On badine avec Obaldia

Publié le 06 mai 2010 par Audinette

On badine avec Obaldia

René de Obaldia, un nom jovial et tout en mouvement, comme les pièces de l’auteur. A la recherche de comédies récentes ou anciennes à savourer, je me tourne vers cet académicien connu et reconnu du monde du théâtre. Et je tombe sur Grasse matinée, interpellée par la quatrième de couverture: la pièce est un dialogue entre deux squelettes, Babeth et Artémise, qui discutent dans le cimetière pour…tuer le temps.

C’est une sorte d’En attendant Godot : il y a rien et tout à espérer de ces heures qui ne passent plus. Artémise philosophe sur la sérénité et la paix à trouver, et Babeth  râle. Contre le corbeau dans lequel elle croit reconnaître un ancien amant, contre ce cercueil trop petit qui lui fait mal aux os, contre l’impossibilité de faire la grasse matinée. Même dans ce qu’on croyait être le sommeil éternel – c’est le comble.

Comme quoi, même trépassé, on ne sait pas quoi faire de sa peau (qu’on n’a même plus).  Alors c’est l’occasion de regarder sa vie, et de voir qu’il y a du clair et de l’obscur. Babeth est directe, prosaïque, fataliste ou pessimiste, mais jamais grave; face à une Artémise apaisée, rationnelle et optimiste ou idéaliste, mais jamais superficielle. Comme le lui dit Babeth “même si on vous plongeait dans de l’huile bouillante, vous jubileriez comme une frite” !

Tout est mené avec une ironie désopilante. Les discussions sur la politique, les histoires érotiques d’Artémise qui n’avait pourtant pas l’air d’y toucher, la haine de sa collègue de cercueil pour le corbeau-amant qui s’amplifie… Obaldia manie l’humour comme personne pour rendre ces squelettes plus vivants que nature.  L’effet miroir n’est ni gratuit ni sans effet : il fait résonner (raisonner ?) en nous que si l’on doit trainer ses problèmes même quand on est un squelette, mieux vaut les faire s’évaporer avant. 

Cette Grasse matinée nous apporte philosophie et légèreté.

Elle insuffle un brin de joie de vivre. Parce qu’elle ose badiner avec la mort.

Grasse matinée de René de Obaldia, 1991

Editions L’ Avant-Scène Théâtre



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Audinette 61 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte