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Ces curieux soutiens à Song et à Geremi

Publié le 03 mai 2010 par Atango

J'ai appris récemment que j'avais chambré Paul Le Guen parce qu'il aurait traité cavalièrement Rigobert Song dès sa prise de fonction. Bon. A moins que je ne fasse plus partie du peuple camerounais, il va falloir que Stephen Sunou, puisque c'est lui qui a écrit cette phrase dans Camfoot, me dise quand je me suis associé à une quelconque bronca contre Paul Le Guen au sujet du capitanat (mot camerounais) de Rigobert Song.

Mais ne soyons pas dupe, l'essentiel n'est pas dans cette pitoyable tentative de manipulation, mais dans la méthode adoptée par certaines personnes pour apporter leur soutien à Rigobert Song et à Geremi Njitap, deux joueurs qui, semble-t-il, ont besoin d'être aidés dans leur volonté de figurer dans la liste des 23 pour l'Afrique du Sud.

 Personnellement, je pense qu'ils ne devraient pas faire partie du voyage, simplement parce que nous avons aujourd'hui des joueurs capables de faire mieux que leurs performances respectives actuelles. Je suis imperméable à tout autre type d'arguments, notamment tout ce qui relève des questions de pouvoir.

 Remarquez en effet que dans l'article auquel je fais référence, la question du "capitanat" arrive tout de suite sur le tapis. Tiens, ça me rappelle la sortie récente de Mahalia Nteby sur le même sujet. Ce fameux traitement cavalier dont Le Guen aurait été coupable, je n'en sais mot, et cela ne m'intéresse pas du tout. En effet, Rigobert Song, en tant que joueur, n'a plus sa place dans cette équipe : la question du brassard est donc réglée ipso facto.


 Je suis pourtant capable d'accepter que d'autres personnes pensent le contraire, et je suis prêt à écouter leurs arguments. Or, tout ce que j'entends depuis, c'est des propos relevant de question de pouvoir, du genre "on ne traite pas un chef comme ça", et d'autres camerouniaiseries du même genre. On veut nous convaincre que Paul Le Guen, en enlevant le brassard à Song, a touché à des logiques occultes qui le dépassent et qui nous dépassent tous. Foutaises. Tout cela n'a rien à voir avec le football, et pourtant, au bout du compte, c'est le football qui jugera tout ce petit monde. Lorsque Robben nous fera souffrir sur la pelouse, lorsque les attaquants japonais nous malmèneront, il n'y aura plus personne. Stephen Sunou, Mahalia Nteby et tous les autres seront dans les sissongos les plus épais, et aucune "notion de chef" ne viendra faire le job.

 Il y en a assez, en effet, de tout ce micmac. Eto'o qui s'en va en Turquie, Le Guen qui y va quelques jours plus tard. Les deux vétérans consultent à domicile, comme deux chefs de village magnanimes. On parle de cérémonie de passation de brassard. Mais on est où là ? Eh bien, messieurs, si le football se met à fonctionner comme un lamidat, qu'on nous le dise, et nous irons nous occuper d'autre chose. Il me semblait qu'on devait sélectionner les meilleurs, et que la personne chargée de ce travail, c'est Paul Le Guen, dont les décisions sont censées être suprêmes. Vraiment, si ce n'est pas le cas, on aimerait le savoir tout de suite, car nous sommes fatigués de ces luttes de pouvoir qui surgissent à chaque veille de Coupe du Monde.

 Le pire, c'est qu'on se moque ouvertement de l'opinion. Entre les titres racoleurs comme cet incroyable "Rigo, pardon, reste", les allusions directes, les mensonges éhontés proférés en pleine conférence de presse, les photos censées montrer le charisme d'untel, et qui ne font que mettre en évidence l'outrage des ans, les ficelles sont tellement grosses qu'on finit par se demander si ces messieurs et dames ne cherchent pas à saboter volontairement leur soutien à Song et à Njitap.

 Pourtant, je ne le crois pas. Il se trouve simplement que Song et Geremi comptent dans leurs soutiens différents profils. Il y a évidemment leurs supporters sincères, mais il y a aussi le clan des ennemis d'Eto'o, qui applique à la lettre cette logique commune aux enfants et aux dictateurs : l'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ceci est évidemment d'une absurdité crasse, mais je vous prie de croire que certains fonctionnent encore comme cela. Il ne s'agit donc pas d'un lobby organisé, mais d'un mouvement interlope dans lequel on tire à hue et à dia.

 Tous ceux à qui j'en ai parlé en disent trop ou pas assez, mais on sent bien qu'il y a des luttes pour le pouvoir, avec mise en place de différents camps qui se font la guerre à coup d'articles de presse. D'où les missiles récemment balancés à Eto'o et à Paul Le Guen sous forme de chroniques et d'éditoriaux clairement scélérats.

 On peut penser ce qu'on veut d'Eto'o et de son comportement dans la tanière, et il faut sûrement y regarder de près. Mais le lien entre toute cette réalité fumeuse et la présence de Song et Geremi dans le groupe des 23 me semble relever de l'acrobatie intellectuelle. De toute façon, mon avis a toujours été que ce qui se passe dans la tanière doit être réglé dans la tanière, et non sur la place publique. Ce que nous voulons, c'est juste des résultats sportifs. Le travail qui se fait dans l'ombre pour obtenir ces résultats, nous ne sommes pas censés le voir.

 Et j'ai envie de demander : le sport dans tout ça ?


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