El Chalten – Puerto Natales … 14/02 – 28/02
Après les petits villages tranquilles du sud de la Carretera Austral, nous tombons dans une fourmilière touristique Nous qui cahotions sur les cailloux du ripio en rêvant d’une petite chambre confortable devons nous contenter du camping. Nous voilà à nouveau dans un de ces endroits victime de sa célébrité où les voyageurs au long cours sont relégués au second plan. Nous ne pouvons pas nous permettre grand-chose parce que ceux qui sont en vacances pour trois semaines peuvent tout se permettre et que les prix suivent… Passée la déception, nous passons de très bons moments ! De toute façon, tous les cyclistes sont au camping !
Nous sommes dans le Parc National Los Glaciares, connu pour les marches autour du mont Fitz Roy (3.375 m), du nom d’un capitaine anglais qui a cartographié une grande partie des côtes de Patagonie. Nous ne sommes pas des fanatiques de la marche en montagne mais c’est l’activité principale ici. C’est même la raison d’être d’El Chalten. Le village a été construit en 1985 pour mettre fin aux disputes concernant la frontière avec le Chili et il vit maintenant grâce au tourisme.
Dès le lendemain de notre arrivée, nous profitons du beau temps et partons pour le Cerro Torre. Nous marchons dans la forêt puis soudain débouchons sur une rivière. Au loin, le Cerro Torre, des aiguilles de granite. Le vent se lève et nous déjeunons au bord d’un lac, abrités derrière des tas de pierres avant de redescendre rapidement. Dès que le vent se lève, la température tombe rapidement et nous n’avons qu’une envie, retrouver un endroit abrité !
Le lendemain, réveil à 7h du matin. Nous ouvrons la tente, écartons la porte craquante de givre, il fait froid mais le ciel est complètement dégagé. Nous avons beaucoup de chance, ce sont les premiers jours de soleil en plusieurs mois. Nous montons au pied du Fitz Roy en compagnie de Neil, Harriet, Mateo, Femke et Tariq, un ami de Neil et Harriet. Il dirige un magasin d’équipement de camping à Londres et Ben en profite pour le soumettre à une batterie de questions : ‘que penses-tu de cette tente ? et ces vestes ? etc etc’. Plus nous voyageons et plus nous nous intéressons au matériel. Notre rêve serait d’ailleurs de concevoir notre propre tente, nous n’en avons pas encore trouvé une qui réponde à tous nos critères. La marche passe vite à bavarder avec les uns et les autres. Nous faisons d’ailleurs fausse route, tout le monde bavarde et personne ne regarde les embranchements. Après avoir marché plusieurs heures dans la forêt, nous escaladons des éboulis pendant une heure et là, c’est la récompense : le Fitz Roy enneigé s’élance au-dessus d’un glacier qui descend comme une langue de neige vers un lac bleu-vert. Cette montagne a quelque chose de solennel avec sa forme si particulière.
Nous passons les deux jours suivants à ouvrir toutes nos sacoches, laver et sécher nos affaires et tout re-ranger. Les vélos sont nettoyés de fond en comble. Nous ne roulerons pas sur du ripio avant quelque temps, ils devraient rester propres et brillants au moins quelques jours. Nous faisons aussi quelques visites à la panaderia (boulangerie) de la place principale. Nous apprécions la philosophie de la boulangère qui refuse d’augmenter ses prix pour profiter des touristes. Nous profitons sans remords des empanadas (chaussons à la viande, au fromage…) et des facturas (pâtisseries) à la douzaine. Reprendre un rythme de vie sédentaire sera difficile, nous ne pourrons plus manger en nous disant : ‘demain, on pédale !’.
Maintenant que nous avons retrouvé le goudron, nous envisageons les distances avec plus d’optimisme : ‘El Calafate est à 220 km ? Facile, ca se fait en deux jours !’. Effectivement, nous parcourons 120 km le premier jour en 7h ! Le ripio a du charme mais c’est aussi agréable d’engranger les km. Le paysage nous surprend. Finies les cascades, la végétation luxuriante, les glaciers, les montagnes, les vallées… Nous pédalons dans la pampa, une vaste plaine d’herbe jaune battue par le vent. La route est plate sur une soixantaine de km puis des ondulations apparaissent. De loin en loin, nous passons une estancia toujours bâtie sur le même modèle : une maison blanche et quelques corps de ferme, les étables pour abriter le bétail l’hiver. Il n’y a pas un arbre et nous imaginons que les hivers doivent être rudes ici sans aucune barrière naturelle contre le vent.
Nous pédalons plus ou moins de concert avec quelques autres cyclistes : Neil et Harriet, les deux Anglais, sont partis avec une ponctualité toute britannique. Quand ils disent 8h30, c’est 8h30 ! Nous sommes les suivants, nous, 9h, ça veut dire 9h30… Quand à Mateo, il est Américain mais vu ses départs tardifs et chaotiques, il doit avoir du sang latin dans les veines. Il y a aussi Francis et Hélène, un couple Franco (elle)-Québécois (lui). Mêmes combats que nous pour les départs… A une des rares intersections, ils nous rattrapent et alors que nous faisons une pause, une voiture s’arrête. Encore un qui veut prendre une photo ou vérifier : ‘C’est vraiment plus confortables ces vélos ?’. Mais non, c’est Jean Coitre, un cycliste français de 72 ans qui vient de finir un tour du monde à vélo et se promène en voiture. Un vrai tour de force : 38.000 km en 17 mois. Un bon cyclo-voyageur parcourt environ 1.500 km par mois … nous, c’est plutôt 1.000km. Jean a parcouru en moyenne 2.200 km par mois ! ‘Je suis un peu fatigué’ nous dit-il en nous montrant les coupures de journaux étrangers qui parlent de lui. Un peu plus loin, au beau milieu de la route, nous apercevons une tache noire. Encore un animal écrasé se dit Sylvie en s’apprêtant à détourner les yeux. C’est un tatou bien vivant qui profite de la chaleur de l’asphalte. Une voiture arrive et Sylvie, n’écoutant que son petit cœur tendre, saute de son vélo et vole au secours du tatou. Celui-ci s’enfuit à toute vitesse dans les buissons pendant que la voiture passe en klaxonnant. Ce n’est qu’après que Sylvie réalise qu’elle a oublié de sortir son appareil photo … et ne nous reverrons pas de tatou ! Nous campons au bord de la rivière, un petit camping qui ne paie pas de mine mais c’est abrité du vent et le gérant est Brésilien avec un accent espagnol qui nous fait penser aux plages de sable blanc et aux cocotiers. Mateo nous rejoint une heure après et nous dînons tous les trois dans cet abri rebaptisé ‘ghetto’ par les deux garçons. Un caddie voisine avec des tôles en ferraille ondulée.
Le lendemain, nous avons à peine parcouru vingt km, qu’un violent vent de face se lève. La Patagonie a plus d’une corde à son arc pour les cyclistes qui s’y aventurent. A la fin de la Carretera Australe, nous nous étions dit : ‘le plus dur est fait, maintenant la route est goudronnée et il ne pleuvra jamais autant’. C’était compter sans le vent. Comme d’habitude, Ben se met devant et Sylvie pédale dans sa roue pour ménager ses genoux. Elle pédale parfois tellement près pour profiter du couloir sans vent que son pied vient taper dans le porte-bagages de Ben. Nous pique-niquons à l’abri d’une dune lorsque Ben s’écrie : ‘mais… c’est El Calafate en face !’. De l’autre côté du Lago Argentino aux eaux turquoises, nous distinguons des maisons … il nous reste encore une cinquantaine de km. ‘Ils auraient pu mettre un bateau quand même !’ rageons-nous. Nous venons à peine de repartir quand deux motards arrivent en sens inverse, ralentissent et s’arrêtent. C’est le couple allemand que nous avions rencontré sur la route des Sept Lacs en décembre ! Ils s’étaient arrêtés pour vérifier que tout allait bien et nous avions découvert qu’ils avaient un porte-savon sur leur moto. Ils sont descendus jusqu’à Ushuaia et remontent vers El Chalten et le nord. Nous regrettons de les croiser sur la route, nous aurions bien aimé faire plus connaissance. A un mirador, Sylvie est en train de prendre une photo du lac quand un homme dans un 4x4 avec sa famille nous interpelle. Ils sont Chiliens et ont lu notre interview parue dans le Mercurio (journal national chilien) en janvier. Finalement, nous ne sommes pas si perdus que ça dans la pampa, tout le monde semble nous connaitre ! Les prix du logement sont aussi élevés à El Calafate qu’à El Chalten. Pourquoi dormir en dortoir quand, pour moitié prix, nous pouvons dormir confortablement dans notre chère petite tente ? C’est l’avis de la plupart des cyclistes et à la fin de la journée, nous nous y retrouvons tous. Nous faisons connaissance avec Pete et Isla (Néo-Zélandais et Ecossaise) qui ont beaucoup roulé avec Francis et Hélène. Tous les quatre, ils étaient à deux jours derrière nous pour la traversée de Villa O’Higgins.
Le lendemain, nous partons visiter le glacier du Perito Moreno. Nous tentons le stop, sans succès, même en voyageant à vélo, nous avons l’air si soignés ? Ce n’est pas un moindre mal car au lieu de partir à 8 h du matin avec les foules, nous prenons le bus de l’après-midi et rentrons à 10 h du soir. Nous passons la fin de l’après-midi et la soirée en toute intimité avec ce gigantesque glacier qui s’avance dans le lac Argentino. La glace change de couleur à mesure que le soleil tourne. Au coucher du soleil, le glacier se hérisse de pics de glace que nous ne pouvions distinguer dans la lumière aveuglante de la journée. De gros blocs de glace se détachent régulièrement. Souvent nous sommes avertis par le bruit, un gros plouf, une gerbe d’éclaboussures et un cercle de glaçons qui s’élargit à vue d’œil. ‘Tu l’as encore raté, je t’avais dit qu’il allait tomber celui-là !’ déplore Ben tandis que Sylvie appuie frénétiquement sur le déclencheur de son appareil photo. Nous quittons le glacier à regret. Malgré toutes les ‘installations’, barrières, passerelles métalliques, avertissements… nous avons été impressionné par la taille du glacier. Les craquements et les chutes de glaçons nous ont donné l’impression qu’il était vivant. Nous terminons la soirée dans un tenedor libre (‘fourchette libre’ littéralement, c’est-à-dire buffet et viande à volonté).
Nous passons deux jours de plus à El Calafate. Le premier est un jour de repos prévu… il faut bien laver le linge et surtout profiter des merveilleuses facturas de la panaderia Don Luis. Cette boulangerie fait des pâtisseries si savoureuses que tous les cyclistes se repassent l’adresse. Les garçons vont galamment chaque matin chercher la douzaine de facturas pour leur douces qui piaffent d’impatience devant leur café. Neil et Harriet impressionnent tout le monde. Ils sont minces comme des adolescents et engouffrent plus de nourriture que les autres cyclistes du groupe ! Le soir Ben jette un œil à la météo. Après avoir recoupé des informations contradictoires sur plusieurs sites, il arrive finalement à se faire une idée : ‘On ne part pas demain, ils prévoient du vent de face pour dans deux jours et à ce moment-là, on sera sur la partie de ripio’. Il y a effectivement 60 km de ripio avant Puerto Natales. Pete, Isla, Neil et Harriet partent quand même tandis que Francis et Hélène restent. Eux aussi voyagent depuis longtemps et ils reconnaissent qu’au bout d’un moment, les jours de repos ont tendance à se cumuler. Les quatre autres ne voyagent ‘que’ depuis sept mois et ils pètent le feu !
Pour justifier ce jour de repos, nous nous penchons sur la suite de voyage … que fait-on une fois arrivés à Ushuaia ? Et là, c’est le complexe de la page blanche. Nous ne savons pas ce que nous voulons faire ! Ce ne sont pas les envies qui manquent, entre la Bolivie aux paysages lunaires, la Colombie dont tout le monde parle avec des étoiles dans les yeux, le nord de l’Argentine, la traversée des Etats-Unis, le Canada… Que nous arrive-t-il ? Un mélange de plusieurs choses probablement. Un peu de fatigue, pas la fatigue physique plutôt celle de ‘emballer-déballer-bouger souvent’. Nous découvrons que ce qui nous motive et nous importe, c’est de parcourir des ‘routes’ : en Asie, c’était la route de la Soie, ici, la Carretera Australe et la route pour Ushuaia. Maintenant, nous avons l’embarras du choix mais nous aimerions suivre une voie au lieu de mettre bout à bout des villes. Ushuaia est aussi un but que nous poursuivons depuis plusieurs années et nous sommes probablement victimes du syndrome ‘le but est atteint, et après ?’. Pour finir, nous décidons … que nous déciderons plus tard ! Nous sommes encore à un mois d’Ushuaia, nous faisons confiance à la thérapie du vélo pour nous aider à décanter nos envies.
Nous quittons El Calafate avant Francis et Hélène. Ils attendent des cyclistes portoricains rencontrés lors de leur voyage et font route ensemble jusqu’à Puerto Natales. Les trente km jusqu’à la ruta 40 se font à toute vitesse. Nous avons de la chance, nous sommes arrivés par vent d’est, très rare, et nous repartons avec du vent d’ouest … deux fois du vent de dos ! Le vent continue à souffler de trois quarts arrière quand nous tournons au sud et nous faisons une longue montée de quinze km assez facilement. Sylvie flanche sur la fin : ‘Dis, je meurs de faim, je n’ai plus de jambes !’. Le vent que nous ne sentions pas sur les vélos, abrités par nos sièges, a vite fait de nous refroidir … pas très plaisante la pause déjeuner. En haut de la pente, la route tourne un peu plus à l’ouest et cette fois, le vent souffle franchement de face. Nous commençons un peu à déprimer, il fait glacial, le soleil commence à tomber et l’intersection et le camp de travailleurs où nous avions prévu de nous arrêter sont encore à quarante km. C’est à cet instant qu’un 4x4 s’arrête, trois femmes descendent et commencent à nous mitrailler avec leurs appareils photo. Ben agite la main pendant que Sylvie râle, elle déteste la célébrité ! Ce sont trois copines belges en vacances dans le sud. L’une d’elles habite Santiago et elles se baladent pour quelques semaines. Leur bonne humeur et leur enthousiasme pour notre voyage nous remettent d’aplomb. Nous nous attarderions bien pour discuter mais nous nous refroidissons un peu plus à chaque minute. Nous repartons ragaillardis. Il y a vraiment un ange gardien qui veille sur nous ! A l’intersection, Ben va demander de l’eau pendant que Sylvie garde les vélos et inspecte les alentours… ‘tiens, un hangar, on pourrait mettre la tente à l’abri du vent’. Ses espoirs sont anéantis avec le retour de Ben : ‘On ne peut pas dormir ici, j’ai un mauvais pressentiment avec ces deux hommes’. Nous chargeons les outres pleines sur nos vélos et attaquons le ripio avec cette fois, en ligne de mire, un petit poste de police à 20 km. Nous pourrions planter la tente au milieu de nulle part mais nous ne serions pas abrités. Tout autour de nous ce ne n’est qu’un désert de pierres et de broussailles agitées par le vent. Nous engouffrons les deux dernières facturas et en avant ! Malgré la violence du vent, nous apprécions le paysage. Les ombres des pierres s’allongent au sol avec le soleil couchant et la terre se teinte de jaune et d’orange. Deux heures et vingt km plus tard, c’est avec soulagement que nous apercevons une petite maison blanche en contrebas. Quelle n’est pas notre surprise d’y retrouver Pete et Isla ! Isla n’était pas bien et le vent était trop fort. Les vingt km que nous venons de faire, ils ont mis trois heures ce matin … vive le vélo couché ! Nous sommes accueillis par Fabian, un policier qui vit là toute l’année. Son rôle est de porter secours aux pauvres touristes comme nous mais il n’a pas de voiture ! Il adore la compagnie et à peine sommes-nous arrivés qu’il pose sur la table une énorme casserole de pâtes ! Une heure après, il nous offre sa chambre … le rêve de tout cycliste après une dure journée, arriver trouver un repas chaud et ne pas avoir à monter la tente. Le pressentiment de Ben était bon. Pete et Isla ont passé le premier soir au camp, à l’intersection. Ce matin quand Isla est allée demander s’ils pouvaient rester une journée de plus, les deux hommes regardaient un film porno tout en lui jetant de drôles de regards !
Fabian est un peu triste de nous voir partir et nous aussi. Ce n’est pas tous les jours qu’on nous réserve un tel accueil ! Nous nous entendons bien avec Pete et Isla et décidons de continuer ensemble. A l’arrière, les filles abordent les sujets ‘sérieux’ pendant que devant, les garçons passent en revue et commentent tout le matériel qu’ils transportent. Un sujet favori chez les cyclistes avec la nourriture ! Ce jour-là, un peu plus habitués au vent, nous découvrons que ce qui fait la beauté des paysages dans cette région, ce sont les nuages. Epais et floconneux comme des moutons, effilochés comme un tissu usé, de formes bizarres… ils nous fascinent toute la journée et prennent toute leur dimension le soir lors d’un magnifique coucher de soleil qui embrase le ciel. Autant le paysage sur terre est monotone, autant le paysage céleste est changeant. Les nuages changent de forme fréquemment et nous commençons à voir l’intérêt du vent … grâce à lui, le ciel est un tableau vivant ! Nous croisons beaucoup d’animaux pour une région si désertique : renards gris, nandous, ces autruches aux grandes plumes et des moutons. Sylvie et Isla rattrapent les garçons et voient avec surprise Ben gesticuler et hurler sur le bord de la route. ‘J’ai peur que ce mouton ne soit embourbé dans le marécage, il ne bouge pas !’. Les blagues fusent mais Ben n’en démord pas et continue à s’agiter pendant que le mouton le regarde d’un œil blasé. ‘Tu devrais aller voir, il est peut-être vraiment coincé’ finit par suggérer Sylvie. Inutile de dire qu’à peine Ben fait-il quelques pas dans le bourbier, le mouton décampe… Nous pensions être seuls au monde mais au loin, nous apercevons un petit point qui se rapproche. Chouette un cycliste ! C’est un Français, double coïncidence amusante un Rochelais et un des fondateurs du Festival du Film d’Aventure dont les parents de Sylvie ne ratent pas une édition ! Stéphane roule seul pour le moment, son amie s’est fait mal et voyage en bus en attendant des jours meilleurs. Ils sont partis d’Ushuaia et ont eu beaucoup de vent de face : ‘Pour vous, ce sera facile !’. Stéphane nous apprend qu’il a passé la nuit au camp de Tapi Aike en compagnie de Neil et Harriet et de deux autres cyclistes. Tous les quatre étaient épuisés en arrivant. Au camp de travailleurs, nous sommes bien accueillis, un dortoir pour quatre, une douche chaude et même accès à la cuisine ! Nous fêtons la fin du ripio avec du popcorn et une semoule en dessert.
Le reste de la route est moins aride, arbres et prés fleuris de marguerites bordent la route. Le vent a diminué et, bien qu’il fasse froid, nous pédalons sous un grand ciel bleu. Nous pique-niquons au soleil puis repartons pour Rio Turbio. Arrivés au pied de la colline sur laquelle s’étage la ville, Pete et Isla nous rattrapent à bout de souffle : ‘Mais, enfin qu’est-ce que vous avez mangé à midi ? On n’arrivait pas à vous suivre !’. Oups, on a encore oublié l’avantage du vélo couché dans le vent de face. Après la beauté sauvage de la pampa, c’est le choc. Rio Turbio est une petite ville minière. Tout autour, ce ne sont que carrières, camions poussiéreux et usines très laides. Nous ne nous arrêtons que le temps de faire le plein de facturas, ‘les dernières puisqu’on repasse au Chili’ et nous élançons pour la frontière. Ayant parcouru 100 km en moins de 6h, nous commençons à fanfaronner : ‘on sera à puerto Natales pour le goûter !’. C’était sans compter la montée… cette fois Pete et Isla sont en tête ! Comme d’habitude, les postes de douane sont de chaque côté de la montagne. Nous faisons une pause photo au col puis fonçons en descente sur le poste chilien. Arrivée nuageuse sur Puerto Natales. Cette petite ville est au bord d’un fjord, au loin des montagnes enneigées… Nous tournons en ville à la recherche d’un guesthouse pas trop chère, avec deux chambres doubles libres … le Graal en somme. Pour finir un homme nous aborde dans la rue, ‘une cabana ça vous intéresse ?’. Oh que oui ! Nous voilà installés pour quelques jours dans un mignon petit bungalow avec, ce qui nous intéresse le plus, un four ! Pendant quatre jours, ce sera une orgie de pizzas, gâteau fondant au chocolat, hamburgers, saumon à la crème en papillotes … il faut se préparer pour les prochaines étapes ventées !
Le lendemain nous retrouvons, Neil, Harriet, Mateo et Tariq, en plein préparation pour une marche d’une semaine dans le parc national de Torres del Paine. Nous sommes un peu effarés et très admiratifs devant leur résistance. Pete et Isla repartent sans visiter le parc. Ils ont un vol au départ d’Ushuaia et ont peur de ne pas y être à temps. Nous nous contenterons de deux marches à la journée, trop paresseux pour envisager de porter plusieurs jours de nourriture sur notre dos.