La chose est suffisamment peu courante pour être signalée: un article récent sur le métier de correcteur (qui est, entre autres, celui de votre serviteur), article qui explique assez bien pourquoi le métier est en crise malgré son importance centrale dans le monde de l'édition.
Seuls bémols:
1. L'article met l'accent sur les publications littéraires, qui ne sont qu'une partie de la production éditoriale échue aux correcteurs... mais il est vrai que du fait de la notoriété de l'écrivain de littérature, dont le style est censé être inaliénable, l'exemple de la correction littéraire est particulièrement frappant: le métier de correcteur y apparait d'autant plus invisible que la place de l'auteur y est prépondérante.
2. La conclusion sur "la faute à Internet et aux portables" est tout à fait approximative, la réduction du nombre de corrections accordées à un manuscrit étant le plus souvent la conséquence de la soumission du monde de l'édition à une échelle de rentabilité qui n'est pas la sienne... mais celle de Dassault, Bouygues, Lagardère, Seillère et autres grands possesseurs de groupes d'entreprises qui rachètent d'année en année les maisons d'édition et les groupes de presse, et leur font par conséquent subir des taux de rentabilité auxquels ils n'ont pas l'habitude d'être soumis. "La faute à Internet et aux portables", c'est tout à fait vrai pour la presse, ça l'est beaucoup moins pour l'édition, qui était jusque dans les années 1990 un secteur tout à fait "rentable", mais dont l'appropriation par les grands groupes financiers dénature les objectifs financiers et les logiques de profit qui lui étaient jusqu'ici habituelles — dénaturation qui se répercute naturellement sur les stratégies éditoriales, et par suite sur la qualité des livres publiés. Le problème actuel des maisons d'édition au regard du marché, ce n'est pas tant qu'elles ne soient pas rentables, mais qu'elles ne le soient pas assez.
Merci à Langue sauce piquante d'avoir signalé cet article.