Prostitution et politique
Il y a quelques années, le Bloc Québécois a mis sur pied un comité de réflexion concernant la prostitution. Après quelques consultations, trois députés du Bloc Québécois ont déposé un projet de loi visant à légaliser la prostitution.
Le Conseil permanent de la jeunesse, après avoir consulté 19 jeunes prostitués de Montréal et de Québec propose maintenant de décriminaliser les personnes se prostituant et leurs clients. Est-ce que 19 jeunes sont représentatifs de l’ensemble du milieu? Leur opinion sera-t-elle la même le jour où ils ne pratiqueront plus la prostitution?
Quelques groupes communautaires tentent de faire légaliser la prostitution. Je ne vous cacherai pas qu’au début des années 90, j’ai moi-même été en faveur de légaliser la prostitution. Aujourd’hui, je suis cependant ébranlé par de nouvelles informations que nous ne pouvons pas négliger. Des pays tels que les Pays-Bas, l’Allemagne et l’Australie ont légalisé la prostitution depuis maintenant 10 ans. Nous pouvons analyser les résultats de leur expérience avant de nous positionner.
La prostitution: le plus vieux métier du monde?
Un argument en faveur de la légalisation est de penser que la prostitution a toujours existé et qu’elle existera toujours. Pourquoi alors ne pas légaliser? Quand je pense à la femme et aux métiers qu’elle a exercé dans nos sociétés, ce n’est pas comme une prostituée que je la vois. La femme a premièrement été une mère, celle qui veillait à la vie en communauté pendant que les hommes allaient à la recherche de nourriture. Être parent, citoyen de sa communauté. Et cela implique d’être sage-femme, artisane, infirmière, cuisinière… Toutes sortes de métiers qui consistent à prendre soin de l’autre et de sa communauté.
Expérience de la légalisation de la prostitution
Les dix années d’expérimentation, démontrent qu’en légalisant la prostitution, les conditions de vie des femmes se sont détériorées, le trafic des femmes et des enfants a augmenté, la prostitution de rue a triplé. Pire, on voulait légaliser la prostitution pour enlever ce gagne-pain aux groupes criminalisés. Erreur. Ces groupes se sont rapidement organisés et contrôlent les bordels légaux! Si demain matin, la prostitution est légalisée à Montréal, qui a la capacité de s’organiser rapidement, de se trouver des prête-noms et d’avoir l’argent nécessaire pour nous construire de superbes bordels de luxe? Les groupes criminalisés, évidemment.
La prostitution, un choix?
Ceux qui favorisent la légalisation de la prostitution disent que les femmes se prostituent par choix. Dans les faits, n’est-ce pas plutôt par manque de choix? La très grande majorité des personnes qui se prostituent ont été sexuellement agressées et très souvent en bas âge. Est-ce que cela doit être considéré dans notre réflexion?
Combien de personnes se prostituent, forcées directement ou indirectement? Et il y a celles qui n’ont rien connu d’autres, souvent perdues dans une dépendance aux drogues, tentant de fuir leurs souffrances. Est-ce qu’elle se prostitue pour consommer ou consomme-t-elle pour pouvoir se prostituer? Un cercle vicieux qui nous montre qu’il s’agit d’un flagrant manque de choix.
Il est vrai que pour un petit nombre d’entres elles, la prostitution est un choix, un mode de vie qu’elles ont accepté. Une prostitution de luxe où la prostituée garde le contrôle de son corps et est capable de mettre ses limites face aux clients. Mais ce n’est qu’une faible minorité. Peut-on accepter de légaliser la prostitution, sachant que la très grande majorité va en subir les tourments?
Dans ce numéro nous ouvrons le débat avec une nouvelle chronique sur la prostitution. Nous continuerons d’analyser différentes facettes pour vous aider à faire votre propre réflexion. Nous attendons vos opinions, vos questions et vos commentaires sur ce sujet qui nous touche tous, d’une façon directe ou indirecte. N’hésitez pas à nous laisser vos commentaires.