Ca va flotter dans les maillots de bain cet été. Le régime Grec devrait être très tendance dans les mois à venir. Pas une simple rigueur budgétaire telle qu’annoncée par François Fillon sur TF1 mais une pénible et longue cure d’austérité dont les premières victimes seront les couches les plus défavorisées.
Le régime draconien réservé aux Grecs laisse sceptiques de nombreux observateurs qui estiment, à l’image du quotidien Suisse Le Temps, que le dispositif permettra sans doute à la Grèce de garder la tête hors de l’eau mais sans lui offrir les moyens de s’en sortir. Un asservissement qui ne dit pas son nom, accepté par les dirigeants européens, Allemagne en tête, au seul titre que l’Etat Hellénique qui a triché, manipulé les chiffres pour vivre au dessus de ses moyens doit être puni pour son comportement déviant. La morale doit être sauve, la fourmi savoure sa revanche sur la cigale.
La crise Grecque dépasse très largement les colonnes du Parthénon. L’opinion publique est échaudée par des marchés financiers qui sont les perpétuels gagnants là où les peuples sont les sempiternels perdants, toujours condamnés, in fine, à régler l’addition. Il demeure incompréhensible que les efforts demandés ne portent que sur les débiteurs et épargnent les créanciers qui ont sciemment fermés les yeux sur des chiffres qu’ils savaient maquillés. De ce côté-là, la morale n’est pas sauve. Il ne serait pas anormal que les établissements financiers, passés de trépas à vie par le soutien des Etats, mettent aussi la main à la poche à travers une restructuration et un effacement partiel de la dette Grecque. Une contribution des banques aurait constitué un signe positif à l’égard des citoyens qui ne peuvent se résoudre à ce qu’elles soient intouchables.
Les peuples ont besoin de perspectives et d’espoir. Comme les ménages, ils ne peuvent être enfermés dans le cycle infernal du sur-endettement. A ce titre la situation sociale Grecque est condamnée à être explosive.
Les institutions européennes portent également, par leur silence coupable, une large part de responsabilité. Les aides européennes allouées à l’Etat Hellénique ont atteint jusqu’à 4% du PIBpour des résultats économiques plus que médiocres. A niveau équivalent, l’Irlande s’est profondément transformée et a joui d’une véritable prospérité. Pourquoi ? Parce qu’à la façon d’un régime bananier, la manne de l’UE s’est évaporée dans les poches de dirigeants peu scrupuleux. 95 % des Grecs considèrent que la corruption est un problème majeur dans leur pays. Rien n’y est possible sans enveloppe. Le système est caricatural notamment au niveau de la santé publique. De façon surprenante c’est le FMI qui va assister le gouvernement grec dans la mise en place d’un système fiscal efficace qui doit notamment faire rentrer dans les contributeurs les plus hauts revenus dans un pays où l’évasion fiscale est le sport national.
Punition n’est pas solution. La potion amère infligée aux Hellènes relève du remède de cheval : ça passe ou ça casse. Le risque c’est évidemment la récession, la misère sur la misère. La question de la faiblesse des rentrées fiscales n’est pas abordée. Le risque pourtant, c’est de vampiriser la faible part de la société qui respecte les règles fiscales et l’inciter à l’inverse, par nécessité, à s’engouffrer à son tour dans l’économie souterraine.
La question qui est posée aujourd’hui est celle de l’audace ou du recul dans la construction européenne comme l’écrit Mathieu Aurouet dans Causeries Républicaines. Faut-il persévérer dans l’erreur d’une Europe obèse qui met ses peuples en compétition ou, à l’inverse rechercher un nouveau paradigme dans lequel le politique prend le pas sur l’économie ? A hésiter trop longtemps entre le seau d’eau et le seau d’avoine l’âne européen est en plein dépérissement. Les européens disposent certes d’une monnaie mais sont orphelins, en courant deux lièvres à la fois, d’une gouvernance économique et politique.
Il est temps de mettre un terme aux dogmes libéraux du laisser-faire monétaire et économique. Jacques Attali avec raison évoque à propos de la situation actuelle une situation absurde, groucho-marxiste.
Nous sommes effectivement à un point de bascule, un moment de vérité dans l’histoire de la construction européenne. La solution est dans plus d’Europe, pas dans un élargissement sans fin mais, une intégration plus profonde. A commencer par les fonctions dévolues à l’euro et à la BCE. A quoi sert une monnaie unique si elle appauvrit les gens et rend non compétitive les entreprises ? A quoi sert une banque centrale si elle ne peut prêter aux Etats membres en difficulté ?
C’est aux institutions politiques de l’UEde répondre à ces questions. A charge pour elles de passer un contrat de confiance avec les citoyens européens prêts à entendre parler d’austérité si elle s’accompagne d’équité, d’efficacité et de perspectives. Un peu plus sommes toute que l’avertissement de Dominique Strauss-Kahn, le patron du FMI selon lequel, “Il n’est pas possible de continuer sans une meilleure coordination des politiques économiques “.
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