Françoise, une veuve de 60 ans, a eu recours aux services de La Maison Jean Lapointe. Sa situation financière était peu reluisante, et elle se demandait comment elle parviendrait à subvenir à ses besoins les plus pressants. Elle avait dépensé tous ses placements au jeu et accumulé des dettes dont le total dépassait les 50 000$. Elle n’était même pas en mesure d’assumer les taxes et les autres frais d’entretien de sa maison.
Sa santé était devenue précaire: douleur intense et chronique au niveau des jambes, perte de poids à cause de troubles digestifs et d’une mauvaise alimentation, palpitations… Ignorant ses problèmes de jeu, son médecin avait diagnostiqué une dépression majeure. Même ses deux enfants ignoraient l’obsession qui lui rongeait le cœur. Comme la plupart des joueurs, elle protégeait jalousement le secret qui était en train de la détruire.
Comment devient-on un joueur compulsif?
Rien ne prédisposait Françoise à devenir une joueuse problématique. D’ailleurs, les jeux de hasard et d’argent ne faisaient pas partie des activités familiales. Mariée pendant 35 ans et mère de deux enfants, elle devint veuve à 57 ans. Après le décès de son conjoint, sa situation financière ne lui causait aucun souci. Elle demeurait dans la maison familiale totalement payée, n’avait aucune dette, recevait une pension de conjoint et avait un REÉR bien garni.
Le jeu s’est installé insidieusement dans sa vie. Au début, elle achetait occasionnellement des billets de loterie et, à quelques reprises, elle avait accompagné une voisine à une soirée de bingo. Après le décès de son conjoint, elle éprouvait beaucoup de solitude. Elle a donc commencé à faire du bénévolat dans un centre pour personnes âgées et les accompagnait occasionnellement au Casino.
Les machines à sous et le jeu compulsif
Lors de ses premières expériences avec les machines à sous, la chance lui sourit et un billet de 5$ introduit dans une machine au hasard lui procura un gain rapide de 500$. L’excitation de ce premier gain et les félicitations de ses amis, qui la trouvaient «chanceuse», avaient suscité chez elle un sentiment de bien-être qui l’avait réconfortée.
Pour combler une solitude qu’elle supportait difficilement, elle accompagnait maintenant sa voisine au bingo deux à trois fois par semaine. Elle se disait «chanceuse», et le jeu prenait de plus en plus de place dans sa vie. Avant de rentrer à la maison après une soirée au bingo, elle ne manquait pas une occasion de s’arrêter au dépanneur du coin pour acheter quelques «gratteux». Son passe-temps lui coûtait maintenant entre 150$ et 200$ par semaine.
Casino et machines à sous
Elle préférait le Casino et ses machines à sous. Ces appareils sont vite devenus une obsession qu’elle ne pouvait plus contrôler. Le problème s’est aggravé rapidement: elle pouvait passer la journée, même parfois la nuit complète devant les machines à sous, sans même s’arrêter pour manger!
Si le jeu a pris autant de place dans sa vie, c’est que Françoise disposait de trop de temps et ne savait pas comment le meubler. Elle n’avait pas su trouver de loisirs constructifs pour combler le vide laissé par le départ de son mari. Celui-ci avaient eu des problèmes de santé qui avaient occupés presque tout le temps de Françoise. Et puis ses deux enfants, qui étaient maintenant sa seule famille, habitaient loin de chez elle.
Dépression et jeu compulsif
Lorsqu’elle jouait, Françoise avait l’impression de s’évader et d’oublier le poids de sa solitude. En outre, le jeu était devenu un remède contre sa douleur physique; lorsqu’elle jouait, elle était moins consciente de ses douleurs articulaires et autres maux. Finalement, le jeu lui permettait de socialiser et de se divertir, tout en lui procurant une excitation que l’idée de gagner décuplait.
Juste avant de consulter, elle avait commencé à jouer seule, soi-disant afin de mieux se concentrer. Elle vivait maintenant des périodes de dépression qui la plongeaient dans un désespoir sans fond.
Finalement, elle devint secrète, évitant les situations de confrontation, et mentant à sa famille et ses amis. Pire, elle, une femme si fière qui entretenait sa maison impeccablement et s’occupait bien de sa personne, s’était mise à négliger ce qui jadis était si important.
Afin de se procurer de l’argent pour «se refaire», elle empruntait auprès de ses amis et déposait même des enveloppes vides au guichet automatique, pour ensuite retirer le montant du dépôt. Ses comptes d’électricité et de téléphone étaient en souffrance depuis plusieurs mois. En bout de piste, sa personnalité et son attitude face à la vie avaient drôlement changé: elle était devenue irritable, anxieuse, stressée et dépressive. Elle pleurait souvent et ne ressentait plus aucun plaisir dans la vie. Un soir, elle avait même pensé au suicide à la suite d’une perte de 800$.
Rétablissement du joueur compulsif
Au bout de son rouleau, Françoise a entrepris une thérapie à La Maison Jean Lapointe. Elle a depuis recouvré la santé et le goût de vivre. Elle mène maintenant une vie sereine et s’abstient de jouer. Elle assiste régulièrement aux réunions de Gamblers Anonymes et elle est même de-venue l’une de leurs bénévoles assidues.
Ce nouveau groupe d’amis a remplacé le jeu et même si le sentiment de solitude réapparaît parfois, elle sait qu’elle n’est plus seule et qu’elle peut recevoir du support. Malgré sa fragilité, elle se surprend à penser que le pire est derrière elle et que cette embellie est là pour durer.
Le traitement du jeu compulsif à La Maison Jean Lapointe
La Maison Jean Lapointe offre un ensemble de services pour les personnes qui vivent des difficultés liées au jeu. Son programme de traitement vise à mener les joueurs problématiques à s’abstenir de jouer et à retrouver leur équilibre personnel. Ce programme est gratuit et subventionné en totalité par le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. Une personne peut effectuer un stage externe ou interne, ou se prévaloir de services sur une base individuelle.
La Maison dispose également d’un programme d’aide à la famille et offre des services budgétaires et de fiducie. Les délais d’admission sont courts et une réponse est fournie rapidement, selon les besoins exprimés. Tous les services sont gratuits et dispensés par une équipe de conseillers spécialisés.
Activités de sensibilisation au jeu compulsif
En plus des services de traitement, La Maison Jean Lapointe a mis en place un programme de sensibilisation aux risques associés aux jeux de hasard et d’argent. Elle offre gracieusement des ateliers d’une durée de 45 à 90 minutes sur cette problématique. Ces ateliers traitent des mythes et réalités des diverses formes de jeu, des signes de jeu pathologique et des ressources d’aide disponibles.
Ces activités s’adressent à tout public qui s’intéresse au jeu et à ses conséquences, notamment les enseignants et les élèves du secondaire, les parents, les personnes retraitées, les communautés ethnoculturelles et les employés des petites, moyennes et grandes entreprises.