Fini l’euphorie de 2008 ! Les verts peuvent s’en retourner ! Le 1er texte stipulait : « Les consommateurs doivent pouvoir disposer d'une information environnementale sincère, objective et complète portant sur les caractéristiques globales du couple produit -emballage. » Tout devait être mis en route dès janvier 2011. Mais voila… Si les politiciens couraient derrière les verts en période d’élection, aujourd’hui, c’est la bande à Hulot qui voit ses espoirs s’effondrer.
Dans une étude que j’ai effectuée sur le développement durable dans la grande distribution, un chapitre est consacré à l’étiquetage carbone. 2008 a effectivement marqué un point de départ à une réflexion sur le calcul du coût en carbone de chacun des produits vendus de la part des distributeurs. Entouré par des associations écologiques ou des groupes d’universitaires, des indices ont été créés afin d’aider le consommateur à distinguer un produit coûteux en CO2 et faire son choix. Déjà en 2007, Tesco veut apposer des étiquettes carbone sur 70 000 références.
Wal-Mart, en 2008, annonce son intention de recenser l’empreinte carbone de ses fournisseurs. En 2009, avec un groupe d’universitaire, il met en place greenWerks, un système informatique calculant la durabilité (empreinte carbone et volume d’eau utilisé) d’un produit depuis sa fabrication jusqu’à sa distribution. Ce logiciel contient un algorithme qui évalue et pondère les risques encourus à utiliser chacun de ces ingrédients: il décèle les substances "persistent, bioaccumulative and toxic (PBTs)", les CMR ("carcinogens, mutagens or reproductive toxicants"), les perturbateurs endocriniens et il évalue les déchets liés à l'utilisation de l'ingrédient. En France, c’est Casino avec l’agence Bio Intelligence Service qui donnent l’impulsion en voulant étiqueter 3000 produits. Son calcul s’effectue sur le cycle de vie du produit, depuis sa création jusqu’à sa destruction en passant par son transport.Leclerc, lui, teste dans quelques magasins une étiquette environnementale d’un genre différent : identique pour tous les produits d’une même famille, elle affiche un impact carbone moyen (ou géné-rique) calculé sur la base d’informations macro-économiques (comme la consommation d’énergie d’un secteur industriel à l’échelle nationale).
Mais voilà….un an avant sa mise en œuvre, Grenelle 2 remet tout en question. L’information environnementale n’est plus obligatoire et est repoussée : i faut d’abord passer une phase de test d’une durée de un an à partir de Juillet 2011. Etonnant car les partenaires du Grenelle semblaient partant mis à part quelques réticences du ministère de l’agriculture et de la pêche qui craignaient une mesure coûteuse pour les producteurs. D’autant plus étonnant que les grands distributeurs étaient déjà dans la course !
Les conséquences à craindre : un ralentissement voire l’abandon des projets de la grande distribution qui ne verra plus l’étiquetage comme quelque-chose d’urgent à mettre en place.Pour le consommateur, l’absence d’un cadre règlementaire qui empêche le greenwashing ou le développement de faux labels marketing.
Décidemment, après l’enterrement de la taxe carbone, les résultats du Grenelle2, la dynamique verte est réellement menacée. Entrez dans le monde d'après....