photo inkinane-azawad
Rhissa RHOSSEY
Ashamor
Seul / Il n'a pas de toit / A ses yeux / Pas de lois qui tiennent / devant lui l'impossible recule / il recule chaque jour un peu plus / il n'est rien / il a tout / de la vie en attendant le meilleur / il prend le pire / Magicien de Génie / de ces rêves, il fait des réalités
Touaregs Rébellions
NON, jamais !
Non, jamais, je ne composerais avec l'ennemi / je ne voterais pas leur constitution / Qui m'oublie / Non, je ne participerais pas à leur développement / Qui me ruine / Non, je n'applaudirais pas leurs discours / Qui m'humilient / Je ne respecterais pas leurs frontières / qui m'ankylosent, / me déchirent / Et me barricadent / Je leur réclamerais / mon identité / Oui, je leur réclamerai / Par les vers / Et les rafales
Mon Ténéré / Ma vie / Ma Liberté.
Rhissa Rhossey poèmes inédits
SID AHMED MOSSA
JE N'APPARTIENS A AUCUN PAYS
Avec Mano DAYAK, je vous pose la question mes amis :
« Faudra-t-il qu’un peuple disparaisse pour savoir qu’il existe ? »
ou
" Qui rêvera sur les traces de nos pas effacés ? "
Mano DAYAK La Tragédie (photo numérisée)
Hommage à Mano Dayak
Quinze ans que Mano s’en est allé avec le vent du soir, / Quinze ans que les djenouns l’ont emporté loin de nos yeux / Sans un cri , sans un juron, sans fleurs ni couronne / il s’en est allé armé seulement de son habituel sourire / la main sur le cœur, prompt à aider pour la paix, / Mano s’en est allé le corps broyé par des serres d’acier, / Il dort depuis dans le giron du désert, laissant les kel tamajak, phoques étourdis entre les tétons des dunes / Mano Dayak s’en est allé / Sur notre ciel, les étoiles-reines se sont éteintes / Les rides qui balisaient les secrets du désert se sont effacées / Se sont tus les chants mythiques des caravaniers tirant la longe de la targuité
Repose en Paix ... un Père ... un Frère ... un Ami ...
La beauté de notre Culture
L'ENFANT TARGUI D'OCCIDENT
Ce désert que j’ai quitté tel un poussin sortant de sa coquille, fragile et curieux de découvrir la vie en dehors. Je vous dis, enfants d’Orient et d’Occident, je suis le fils du Sahara et du Sahel. Je ne connais ni le lieu exact où je suis né, ni même ma date de naissance ; pour les papiers, j’ai choisis une date au hasard.
Aujourd’hui, je suis à Marseille dans le sud de la France.
Auparavant, j’ai parcouru le Sahel : le Mali, le Burkina Faso et le Niger jusqu’au Cameroun en Afrique centrale, là où il pleut jour et nuit et où certains vers étranges rentrent dans la peau.
Arrivé en France, j’ai eu le mal du pays. Étouffé, j’ai crié.
« Frères et amis de mon pays, c’est dans une grande ville d’Europe que je vis aujourd’hui.
Amis et frères des grandes villes, n’oubliez pas que c’est au bord du plus grand désert du monde que je suis né.
Dans la tempête entre les deux mondes, je suis pris. »
Après un long cauchemar, je me suis réveillé, mais il n’y a plus à la portée de mon regard que les dégâts et les ruines à observer. Ces dégâts sont dans nos âmes les amis touareg et moi. Les ruines sont celles de notre civilisation. ( nous les nommés "Touareg la Tragédie") Elle a été oppressée puis écrasée pour être punie pour résistance à la modernité.
Car une partie des touaregs est devenue sédentaire, vit en ville, dans des bidonvilles de banlieues où ils sont réfugiés ou mendiants. C’est ainsi que la sagesse et le courage des mystérieux hommes bleus du désert sont remplacés par la nostalgie et la détresse. Un bien triste destin pour les enfants des hommes libres, certains d’entre eux s’appellent encore aujourd’hui Imouchars, fils du sable et du vent.
Certains parmi vous pourraient peut être me demander quel est le point commun entre mes amis.
Je répondrais que je ne sais pas ou du moins que je ne sais plus, aussi je dirais peut être qu’ils sont tout simplement différents. Pourtant ils sont tous les fils des hommes, les enfants de l’humanité et vivent sur Terre. Plus jeune, j’étais certain d’avoir une réponse précise à cette question, j’ai du la perdre en cours de route, en devenant adulte.
Ainsi, après un long séjour en Occident, je suis revenu au Sahara de mon essence pour revoir la Source comme l’appelle les Anciens. J’espérais ainsi trouver des réponses à mes questions. Ma première vision fut la haute montagne. A sa cime j’ai senti les âmes des Hommes des temps révolus, j’ai vu les faucons tournoyer et à son pied était là, toujours, le puits blanc.
Cette nuit là, j’ai dormi entre l’amas rocheux et les dunes de l’éternité avec la protection de nos aïeux.
Voyez-vous, mes amis, cette nuit-là, j’ai fait des rêves qui n’étaient pas miens.
Oui, mes frères, c’étaient les songes d’enfants touaregs émigrés dans des pays lointains. Ils avaient été ramenés, portés par le vent à leur place, sur le dôme de la montagne sacrée, pour être avec les souvenirs de nos aïeux. Ce voyage de retour chez moi, au Sahara, n’a été effectué que par mon âme car mon corps n’a pas les moyens financiers pour le faire comme l’impose le monde actuel.
Alors mes amis, vous devez comprendre que ce désert, je l’aime et il n’est comparable à rien d’autre dans le monde.
Oui, j’aime notre désert et n’abandonnerai jamais l’ombre de ses rares acacias car à son sable se mêle la poussière des os de nos ancêtres.
Pour ces anciens, aussi long que soit un voyage, il ne peut mener au delà du désert. Car qu’aurions nous voulu aller chercher plus loin ? Les moyens de transport se limitaient aux caravanes et aux méharis. Ils croyaient même qu’aussi grand soit le monde il se limitait au désert ! Pour beaucoup de touareg, même encore aujourd’hui, Min Nika au nord du Mali est le bout du monde.
Alors, les amis de France et d’ailleurs, pardonnez-moi, si vous me trouvez parfois pénible et ennuyeux avec mon air pensif et solitaire. C’est que, bien souvent, la nostalgie des temps révolus où mes grands pères étaient les seigneurs du désert me projette dans la détresse des miens. L’unique film qui défile et défile encore sous mes yeux est le malheur de mon peuple qui vit au 21ème siècle en s’accrochant au mode de vie nomade. Il m’est impossible d’en visionner un autre. Car dans mon âme il y a autant de souvenirs de nos Ancêtres qu’il y a de grains de sable dans le désert du Sahara.
Aujourd’hui, certains de mes amis touaregs et moi, avons quitté les ergs et les regs pour nous perdre dans les grandes villes d’Afrique et d’Occident.
A travers les trous dans leurs murs de béton, qu’ils nomment balcons ou fenêtres, nous avons vu le désert plus grand encore. Car ici loin de chez nous, notre nostalgie est bien plus grande que tous les déserts du monde. Nous sommes devenus des spectateurs impuissants de la destruction de notre mode de vie et la disparition de notre culture.
Tous les enfants touaregs conscients et vivants à notre temps, sont forcément condamnés à vivre avec ce mal dans leur âme : celui de voir leurs frères, pris dans la tempête brûlante.
Ce désert est notre âme. Pour d’autres, il semble vide de toute vie mais nous, il est la liberté.
Même en traversant les plus vastes des étendues jusqu’à nous disperser ou franchir toutes les villes du monde, notre fenêtre d’évasion restera à jamais le désert dans son intégralité et son inégalable splendeur".
Sid Ahmed-Jérôme Ag Mossa-Vernhet
PETIT ENFANT TARGUI
Petit enfant targui
Fatigué par les raids
S'enfuit de ses bleds
Et devient réfugié
Qui ne vit que d'aides.
Petit enfant targui
Maigrit et se languit
dans les camps, réfugié,
Sans viande et sans lait,
Il devient pâle et laid
Un frère touareg
Terre berbère
AGHALY AG
Écoute le vent, mon ami / Le vent de nuit du Sahara / Quand sur les dunes la nuit luit / De son surnaturel éclat
Écoute la chanson du sable / Quand tous les grains sont en folie, / Écoute, il conte une fable, / La légende du Méhari
Écoute la plainte du vent / Furieux de souffler sur le vide / Et qui te dit en sifflant / De sa voix claire et limpide
Écoute bien sa mélodie, / C’est la grande voix du désert / Des sons venus de l’infini / Qui vont se perdre dans l’éther
Je suis comme un grain de poussière / Qu’un jour le vent emportera, / Comme cette faible lumière / Que de son souffle il éteindra
Vent de la nuit, vent du désert / Tu me berces tout doucement / Et de tes sanglots le concert / Est pour moi le plus beau des chants
Aghaly Ag
la route vers le village de Tauondart
S’il ne me reste qu’une veine
Tademekkat
Nous voulons être / Le premier nœud de la nation / d’ici à la Mauritanie / et jusqu’à la Libye / et tisser de ce nœud une trame / et de cette trame un paravent / pour protéger la nation / Et s’il ne me reste qu’une veine / je la donnerai à la nation / pour qu’elle s’abreuve / Et s’il ne me reste qu’un œil / je le donnerai à la nation / pour qu’elle voie son pays / Et s’il ne me reste que le cœur / je le donnerai à la nation : pour qu’elle se nourrisse / et elle se soulèvera pour son pays / Et s’il faut donner mes doigts / pour tisser encore la nation / je les donnerai / afin qu’elle se retisse
FARIS AMINE BOTTAZZIS
ALKHIR DASHEK
L'Honneur et le Bien
Mes frères Kel Tamasheq, n'oubliez jamais l'Honneur
Ne devenez pas des sales envieux, n'oubliez jamais le Bien
Il ne faut pas perdre la dignité, mariez-vous à la vérité pour sauver notre Peuple
L'Air et la Tamesna sont la même chose, et aussi Kidal, Djanet, Sabha sont là
Mes frères Kel Tamasheq, n'oubliez jamais l'Honneur
Ne devenez pas des sales envieux, n'oubliez jamais le Bien
Nous témoignons pour nos montagnes, nous témoignons pour notre désert
Il y eu un temps ou on était réuni, mais un diable est arrivé pour nous diviser
Mes frères Kel Tamasheq, n'oubliez jamais l'Honneur
ne devenez pas des sales envieux, n'oubliez jamais le Bien
C'est là que notre union s'est déchirée, à partir de cela une longe révolution c'est ouverte,
Le sang de notre Peuple coule, nos États ne nous comprennent pas
Mes frères Kel Tamasheq, n'oubliez jamais l'Honneur
Ne devenez pas des sales envieux, n'oubliez jamais le Bien
Pour les Nations notre Union est comme une blessure sans soin,
ils ont détruit des pauvres hommes et ils ont détruit la dignité de nos belles femmes
Mes frères Kel Tamasheq, n'oubliez jamais l'Honneur
Ne devenez pas des sales envieux, n'oubliez jamais le Bien
Laissez de côté l'envie ! Plus de bagarres entre vous !
Que le Bon Dieu protège notre peuple dans ce monde qui as perdu la boussole
Faris Amine Bottazzii
La grande Mosquée
Agadez
Agadez, ce havre du désert / Agadez, ce havre de paix / Cité historique, mythique et mystique / Combien de poètes ont chanté ton cantique / Combien de navires par ton port ont relié / Tous les coins de d’Afrique depuis la nuit des / temps /Combien d’hommes de toutes les couleurs ont / Emprunté radieux tous tes couloirs / A combien d’hommes as-tu donné espoir ? / A combien encore tu donnes la paix dans / l’âme ? / Le soir quand sous tes milliers d’étoiles / Ils sentent l’air frais venant de ta mer / Et l’odeur parfumée de tes vallées / Ta mosquée majestueuse comme un ange / Veille sur eux et embellit les pages / De leur vie et renforce notre vie. / J’aime le matin emprunter tes entrailles / Non encore pollués et saluer toutes ces / femmes / Qui travaillent avec art des produits de chez / nous. / J’aime emprunter tes rues sans nom, ouvertes /A toutes les races humaines. / J’aime ton marché des fruits et légumes / Encore loin d’assassins OGM / Je t’aime Agadez, radieuse et splendide / Toujours pauvre et riche / Toujours ouverte à tous / Toi qui, toujours souriante à tous / Tendant ici ta croix à l’un, / Et là-bas ton cuir sagement travaillé à l’autre
Et l’amour, la solidarité et la paix à tous.
Eggour Shaoula
publié dans Aïr Info
photo inkinane-azawad
Vie désertique
Je me réveille,
J'ouvre les yeux. / Le soleil sur ma peau, / Il trouble ma vue.
Le sable glisse sous mes pieds / C'est une mer aride / Une vague minérale / Un souffle cinglant
Ces dunes infinies / Cette ombre invisible / Je les vois chaque jour / Je les vis sans détour
Je suis dans le désert / Cette épreuve naturelle / Éternelle solitude / Je n'ai plus que mes sens / Livrés à contre sens
Aux portes de l'oubli / Je cherche cette source / Le seul signe de vie / Qui m'offrirait enfin, / Les portes du paradis
Akalin AKalinne