Définitions ; peut-on parler d'une seule éthique ?

Publié le 11 avril 2010 par Cdefi
Christelle DIDER, docteure en sociologie, maître de conférences et chercheure au département d'éthique de l'Université catholique de Lille s'est intéressée très tôt au concept d'éthique adapté au monde de l'ingénierie. Elle a publié de nombreux ouvrages sur ce thème en adoptant une vision élargie de l'éthique de l'ingénieur, bien au delà des simples frontières hexagonales. Son dernier ouvrage paru en avril 2008 chez Hermes s'intitule "Penser l'éthique des ingénieurs".
L'éthique de l'ingénierie est d'inspiration récente. Apparue au XIXème siècle dans le cadre de la professionnalisation des ingénieurs aux Etats-Unis. Elle pourrait être définie comme l'ensemble des standards et obligations inhérentes à l'ingénieur vis à vis du grand public, de ses clients, de son employeur, et de la profession en règle générale.
L'éthique de l'ingénieur n'est pas une conduite monolithique que le professionnel doit adopter. Plusieurs nuances et aménagements sont à envisager en fonction de nombreux paramètres : type de poste occupé, activité de l'entreprise (commerciale ou non), catégorie de services apportés au client...
Il serait donc opportun de préciser qu'il n'existerait pas une seule définition de l'éthique.
Comme le précise Anne-Claude Trégouët, élève-ingénieur à l'Ecole des Mines de Nantes dans un mémoire rédigé dans le cadre de sa formation, "la morale constitue un premier fondement de l'éthique professionnelle. Héritée de la culture et de l'éducation, elle fait la distinction entre deux valeurs : le bien et le mal".
La morale serait donc la pierre angulaire de l'éthique. Morale de situation plus que morale intrinsèque, elle permet à l'ingénieur de s'adapter à une situation donnée et/ou à un cadre professionnel et de répondre aux attentes de son environnement de travail.
D'une manière synthétique, l'éthique professionnelle de l'ingénieur "se résume à l'application de ses convictions dans le monde du travail". Parfois elle peut se trouver en contradiction avec les intérêts économiques de l'entreprise, laissant l'ingénieur, dirigé par sa conscience, face à ses dilemmes et à certaines pressions internes sociales.
L'éthique implique plusieurs acteurs : non seulement l'ingénieur lui-même qui doit composer avec la vie de son entreprise, la société qui au delà de la réalisation de profits, doit servir le bien commun et instaurer ce que Anne-Claude Tregouët appelle la "responsabilité sociale (RSE) englobant trois aspects : social, environnemental et économique".