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Publié le 02 novembre 2006 par Raymond Viger

Vous serez probablement fort heureux d’apprendre quelle maladie mentale vous convient le mieux si vous mettez la main sur le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM), la référence ultime dans le domaine de la psychiatrie. Un domaine de recherche où on ne niaise pas avec la puck. La psychiatrie, en effet, est une discipline qui produit, puisqu’entre 1987 et 1994, ce guide scientifique a répertorié 77 nouvelles catégories de maladies mentales, ce qui revient à dire qu’on a découvert à chaque mois une nouvelle façon de devenir cinglé!

Décidément, les maladies mentales ont la cote. Il ne fait aucun doute que les gens n’ont jamais autant “pété les plombs” que présentement et que des milliers de personnes souffrent profondément. Il s’agit d’une réalité tragique qui ne doit pas être prise à la légère. Ceci étant dit, il ne faut pas oublier qu’il y a toujours quelqu’un, quelque part, pour profiter du malheur des autres et qu’il y a forcément un aspect marketing dans le fait que pratiquement tout le monde consultent un psy pour tout et n’importe quoi.

Si vous vous sentez mal dans votre peau, malheureusement, on va trop souvent chercher à vous culpabiliser, à vous infantiliser ou vous hospitaliser, mais surtout, tout faire en sorte pour geler votre souffrance plutôt qu’analyser ses causes. Ce n’est pas la pauvreté chronique, le stress permanent relié au boulot ou la pression sociale pour fonctionner comme une machine qui sont en cause. Non, surtout pas. Une bonne dose de prozac semble tout indiquer pour vous remonter.

Il n’y a pas que les psy pour profiter de cette business de la santé mentale. L’industrie pharmaceutique, grande productrice de pilules devant l’Éternel, s’en met aussi plein les poches. La vente de médicaments, depuis 25 ans, a augmenté de 1300% et rapporte des milliards aux compagnies. Même si tous les médicaments vendus ne concernent pas directement les maladies mentales, il n’en reste pas moins que les anti-dépresseurs, les calmants, somnifères et autres extasys légalisés se vendent à la pelle. Au point où des sources anonymes rapportent que des médecins se feraient sermonner par des confrères parce qu’ils ne prescrivent pas suffisamment.

On fait souvent la remarque que les femmes comptent parmi les victimes majoritaires de la dépression. Malgré tous les beaux discours sur l’égalité des sexes, une réalité demeure: les femmes ont plus que jamais une double journée de travail à la maison et au boulot tout en étant significativement plus pauvres que leurs confrères masculins. Après une journée de labeur mal payé, ce sont souvent elles qui doivent s’occuper des enfants. Ajoutez à cela qu’elles sont encore les premières victimes de violence verbale et physique, de viols, de discrimination et de harcèlement et on a soudain une idée plus claire des raisons qui les poussent à l’épuisement.

Il y a trente ans, face à cette double oppression, les femmes se révoltaient, revendiquaient, pour exiger justice et respect. Aujourd’hui, on dit que tout cela est passé de mode en même temps que l’ère hippie et on hospitalise des femmes toujours plus isolées à tour de bras. À tous ceux aujourd’hui qui sont déprimés, j’aimerais vous dire une chose: vous n’êtes peut-être pas si malades et coupables qu’on voudrait vous le faire croire et la société l’est peut-être davantage qu’on le pense.

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