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Publié le 02 novembre 2006 par Raymond Viger

Ils n’ont peut-être pas compris ou préfèrent ignorer que l’expansion du syndicalisme dans nos sociétés est souvent un signe de richesse mieux répartie au sein la population. En Suède, 85% de la population travailleuse est syndiquée. Selon les critères socio-économiques de l’O.N.U., c’est le meilleur pays de la planète.

Oublie-t-on la raison d’être des syndicats? Pourquoi y en a-t-il?

Les réponses varient: «C’était parce que les travailleurs étaient exploités, ils se sont donné des moyens pour combattre l’employeur-exploiteur… les choses ont changé et ils exagèrent, ils ne sont pas adaptés… C’est un mal nécessaire… ils sont violents et font du chantage… ils sont plus forts que les employeurs… ils sont trop gros… il vaudrait mieux qu’ils disparaissent…»

Voyons ce qu’il en est!

Il y a des abus, personne ne peut en toute honnêteté le nier. Entre autres abus mentionnons, ceux qui ont nui à des travailleurs mal payés et impuissants ou aux moins nantis. Par ailleurs, les abus ne sont pas le propre des syndicats puisqu’il existe de nombreux exemples parmi les employeurs, ce qui nuit directement aux employés, mais qui peut aussi tous nous affecter (pollution, utilisation abusive des ressources…) Cela ne justifie pas pour autant que les syndicats agissent sans tenir compte des conséquences de leur geste.

Les syndicats doivent le faire et être conséquent. La responsabilité des syndicats est importante dans la société québécoise. Ils représentent 40.4% des travailleurs. C’est-à-dire 1 260 000 individus sur les quelque 3 millions de travailleurs québécois. Les syndiqués qui suscitent davantage la réprobation sont ceux qui proviennent du secteur public. Ils représentent 48.2% des travailleurs de ce secteur public au Québec. Ils ont, par la force du nombre et de leur fonction, un impact important sur la population et sont plus largement médiatisés.

Dans le secteur privé, une firme est en grève et la concurrence se fait un plaisir de prendre la relève sans trop de conséquences sur la clientèle desservie. Retenons que 51.8% des travailleurs du secteur privé sont syndiqués au Québec.

Pourquoi sommes-nous si peu solidaires?

La solidarité se conjugue-t-elle uniquement aux besoins des syndiqués? Souvent, la population se sent prise en otage par des syndiqués revanchards. Les syndicats mènent un combat et les citoyens deviennent leurs captifs. Des citoyens qui sont souvent des syndiqués. Les centrales qui négocient la majorité des conventions collectives au Québec sont pratiquement des corporations d’envergure. Il en découle un esprit corporatiste les éloignant des gens-mêmes qui devraient être leurs alliés.

La société québécoise a changé. Ses citoyens ont un niveau d’instruction plus élevée, sont mieux informés et en mesure de comprendre les enjeux. Certains dirigeants syndicaux ignorent trop souvent cette réalité et utilisent des moyens de pression séculaires et passéistes. Ces moyens qui sont de plus en plus décriés les isolent. Comme tout groupe attaqué, ils ont des réflexes autarciques. (Ex. protéger un membre même si ce dernier a dépassé et de loin les bornes d’une conduite tolérable).