Yasmina KHADRA a écrit sur Alger, sur l’Algérie déchirée par la guerre civile. Il l’a réussi avec brio !
Il a écrit sur le Moyen Orient , sur le Liban, l’Irak, même sur l’Afghanistan, avec autant de réussite !
Dans L’OLYMPE DES INFORTUNES, paru chez les éditions JULLIARD en décembre 2009, il nous emporte nulle part, ou plutôt à l’épicentre de la misère humaine !
Ce roman – cette fable, ce conte philosophique – se déroule sur une décharge publique, au milieu des « horrs », les hommes libres, en fait des clochards, des déracinés, des laissés pour compte de la société.
Sommes-nous à Alger ? Rien n’est moins sûr ! La décharge aurait pu se situer à l’orée de n’importe quelle grande ville moderne.
Les personnages sont-ils inspirés de la réalité algérienne ? Pas moins sûr ! Ach le borgne ou le Pacha, Junior ou Pipo, Haroun ou Bliss auraient pu être les clones des fameux chiffonniers cairotes, des clochards parisiens, des habitants des pires ghettos new-yorkais, ou plus près de nous de nos « chemkaras » ! Même Ben Adam, le mage, l’image, aurait pu être un homme de foi dévoué à sauver les âmes,un prédicateur fou, ou peut-être un recruteur d’esprits faibles avec de sombres desseins !
Yasmina KHADRA pose avec son aisance habituelle un décor d’apocalypse, des personnages dignes des plus sombres films néo-réalistes, des situations les plus dramatiques (abandon, mort, déception), des questions parfois essentielles (amitié, responsabilité, espoir).
Tout cela fait-il un conte philosophique réussi ? Pas nécessairement !
Le livre reste certes troublant, attachant !
Mais il lui manque « un je ne sais quoi ».
Peut-être une rigueur dans le style : Khadra écrit avec tant de facilité que parfois il se laisse emporter par les mots, les phrases, les pages !
Peut-être plus sûrement une rigueur dans la construction psychologique des personnages et l’argumentaire philosophique qui devrait servir de fil rouge au livre !
Excellent romancier, Yasmina KHADRA n’a peut-être pas opté pour le bon choix en s’égarant dans un genre qu’il ne semble dominer !
Pourtant, la lecture de L’OLYMPE DES INFORTUNES n’est ni désagréable ni inutile !