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Publié le 05 novembre 2006 par Raymond Viger

Les yeux de monsieur Leblanc respirent la soif de la liberté. Voyager à vélo, c’est être libre. La liberté de partir. La liberté de prendre son temps pour laisser les choses surgir. La liberté d’accueillir les moments magiques comme les plus tragiques. La liberté de choisir les chemins à parcourir. La liberté d’être témoin de l’immensité du monde dans sa plus grande intimité. La liberté d’entrer par la même porte que les gens du pays. Sentir, sous ses roues, le paysage se construire à chaque virage et l’histoire évoluer à chaque coup de pédale. La liberté d’écrire son propre scénario de vie.

Monsieur Leblanc a souvent eu à quitter un emploi pour partir. «Si j’avais travaillé quarante ans de ma vie pour une grosse compagnie de chemin de fer à Calgary (il a déjà exercé ce métier auparavant), est-ce que je serais mieux aujourd’hui? Je serais peut-être «pogné« avec une maladie et une p’tite pension de rien…» me confie-t-il. Cet homme, vert comme un oignon, a défié les lois du temps et ses pièges. La santé est sa plus grande richesse. Pour la gagner, il a sans cesse écouté ses rêves de grandeur à vivre le monde, sans prendre de raccourci ou de chemin croche et sans l’aide de personne.

Monsieur Leblanc peut se vanter, de n’avoir jamais payé pour dormir, durant ses 40 ans de voyages: c’est sa règle. «J’ai couché dans toutes les places au monde. Tout ce que tu peux nommer: dans la forêt, sous les ponts, dans les sous-sols d’église, dans les rues aux Indes, n’importe où! Je me suis fait ramasser par la police. J’ai fait de la prison au Congo, au Brésil, en Yougoslavie parce que je couchais dans la rue. Je passais pour un voyou. Mais toi tu sais que tu es riche à craquer. Tu es en bonne santé, tu as un bon passeport qui te permet d’aller n’importe où, tu as de l’argent dans tes poches. C’est le fun de passer cinq jours en prison, c’est une belle expérience!»

Cet athlète du patrimoine mondial, comme il se nomme, a presque pédalé tous les pays au monde et il a visité toutes sortes d’endroits: «les Îles Fudji, le lieu où est tombée la bombe d’Hiroshima, Nagasaki, Pearl Habour, les Pyramides d’Égypte… J’ai été huit jours sur le Nil. J’ai été perdu trois jours dans la jungle au Brésil. J’ai été atteint par la malaria trois fois. Je me suis presque évanoui sur mon vélo après m’avoir baigné dans des eaux empoisonnées et m’avoir fait piquer par des maringouins au Mali. Je me suis réveillé le lendemain pour constater qu’il y avait des pistes de lion autour de moi! J’ai perdu mon vélo au Brésil, dans une rivière, en voulant la traverser sur un tronc d’arbre. J’ai été volé à la pointe d’un fusil pour 200$ au Japon. J’ai eu huit côtes cassées et le crâne fracturé après m’avoir fait frapper par un camion en Corée.»

À la question: Pourquoi faites-vous cela Monsieur Leblanc? Il me répond humblement: «Lorsque le printemps arrive, les pêcheurs deviennent fébriles, comme pour les chasseurs à l’automne. Pour moi, à tous les 3-4 ans, c’est le goût de faire un tour qui me prend. C’est comme une drogue.»

Afin de laisser des traces de ce personnage, un film sera produit par les Productions Vic Pelletier. Sylvain Rivière, scénariste et réalisateur du film, a eu l’idée de dresser sur écran, un portrait humain de Monsieur Leblanc. Avec son cameraman, ils le suivront sur la route pour récolter ses réflexions au cours du périple vers Athènes. «J’ai décidé de faire ce film pour combler une injustice, car Monsieur Albert n’a pas tout le mérite qu’on lui doit», explique Sylvain Rivière. Le parcours de la vie de Monsieur Leblanc sur écran et même dans un livre, sera un bel exemple pour nous tous, pour se remettre en mémoire que nos rêves ne peuvent se réaliser que si nous prenons la peine de les laisser respirer dans la plus grande liberté.

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