journaldelarue

Publié le 08 novembre 2006 par Raymond Viger

Un juste prix

Dans le commerce équitable, le prix du café est fixe à 1,26$ la livre. À la bourse, le prix fluctue entre 40 cents et 1$. Dans le circuit du commerce équitable, les agriculteurs obtiennent donc des revenus 5 à 10 fois supérieurs. Ce juste prix est décidé entre les producteurs (agriculteurs et paysans) et les acheteurs du Nord. Il correspond à ce qui permet aux producteurs de vivre et aux acheteurs de vendre dans leurs pays. Équiterre a étudié le cas de 5 villes au Québec pour comparer le coût du café équitable avec celui du café conventionnel. Statistiquement parlant, il n’y a pas de différence quand on compare du café de même qualité.

Un commerce direct

Le commerce équitable élimine les intermédiaires: l’acheteur se procure ses produits directement du producteur. Éliminé, l’intermédiaire qui transporte le café du champ à la capitale. Éliminé, l’intermédiaire qui achète le café pour le vendre à la bourse. Éliminé, le courtier qui revend le produit aux grandes compagnies. Trois intermédiaires de moins, 3 parts de profits de moins à débourser.

Un engagement à long terme et l’accès au crédit

L’acheteur, lorsqu’il transige avec des paysans, s’engage envers eux pour au moins 2 ans. Les producteurs s’assurent de revenus fixes pour cette période. De plus, les paysans peuvent demander à l’acheteur une avance de prêts. L’accès au crédit, dans les pays en voie de développement, est plus difficile. Les frais sont beaucoup plus élevés. Cette mesure permet aux agriculteurs de moins s’endetter. Ce qui arrive rarement car les acheteurs paient généralement la moitié du prix à l’achat.

Un développement communautaire et écologique

Sur les 1,26$ la livre, la coopérative de producteurs conserve 5 à 20 cents. Ensemble, ils décident de financer un projet de développement communautaire. Plus souvent qu’autrement, ils investissent dans les domaines de la santé et de l’éducation ou dans l’amélioration de leur production. Les agriculteurs du commerce équitable n’ont pas le droit d’utiliser les pesticides interdits dans les pays développés comme le DDT, par exemple, jugé cancérigène. La biodiversité est également encouragée.

Une gestion démocratique et transparente

La règle: un producteur, un vote. Les coopératives doivent ouvrir leurs livres et laisser les certificateurs indépendants vérifier. Ils reçoivent des mises en garde ou des avis auxquels ils doivent se soumettre. Par exemple, une coopérative n’ayant qu’une femme dans ses instances décisionnelles s’est vue obligée de remédier à la situation si elle ne voulait pas perdre sa certification de commerce équitable.

Dans la prochaine chronique: la certification des produits équitables pour assurer le respect des 5 principes. Du champ du producteur à la maison du consommateur.

  • Équiterre est un organisme à but non lucratif ayant pour mission de contribuer à bâtir un mouvement citoyen en prônant des choix collectifs et individuels à la fois écologiques et socialement équitables.
  • Produits du commerce équitable: café, thé, riz, bananes, cacao, sucre, jus de fruits, ballons de sport et artisanat. À venir: fruits, vins, huiles, beurre de karité…
  • Café équitable: 3% des ventes de café au Québec, 2% au Canada. Touche environ 800 000 travailleurs