Ces histoires ont été vécues. La compagnie L’attache cœur les restitue à travers des marionnettes articulées, dont la manipulation fait souvent appel à plus de deux mains, ce qui leur donne, malgré un visage figé, des postures, une allure, une vie qui colle bien avec le récit croisé de leurs personnages : quatre enfants jetés dans la guerre (celle de 1939-1945), la guerre qui a tout brassé, Tunisiens enrôlés dans l’armée française, enfants embrigadés dans les jeunesses hitlériennes, Juifs déportés en camps de concentration, victimes des effets de la bombe sur Hiroshima…
Quatre enfants qui ne comprennent pas ce qui leur arrive, qui aimeraient jouer quand le temps n’est plus à jouer, qui vivent dans leurs corps, dans leurs pensées les blessures dont certains ne se remettront jamais. On se prend à rêver d’une internationale des enfants victimes des guerres, où ils pourraient exprimer leurs souffrances et leurs incompréhensions.
Sadako, la petite japonaise, essaie de fabriquer mille grues de papier pour que son vœu soit exaucé : qu’il n’y ait plus de guerre. Elle mourra avant d’y parvenir…
La compagnie L’attache cœur a inventé un décor fait de caisses de bois, un peu comme s’il s’agissait de cases de bande dessinée en relief, dans lesquelles se joue le destin de chaque enfant. La mobilité de ces cases se réalise comme dans une mise en page et cadre à la fois chaque histoire et les rencontres imaginaires des enfants.
Chaque spectateur reçoit, en sortant de la salle, une de ces grues en origami, à charge pour lui de porter le message de paix.
Spectacle vu au Théâtre Pixel, rue Championnet à Paris