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Publié le 09 novembre 2006 par Raymond Viger

Notre magazine en est un de contenu. Notre grande faiblesse aura toujours été son côté visuel. Pendant longtemps, notre visuel aura été de n’offrir qu’une infographie de base pour permettre une meilleure lecture de notre contenu.

Mais voilà qu’avec le Café-Graffiti, nous travaillons avec des jeunes qui ont de grandes capacités d’illustration et de dessins. Nous aurions dû être capables de devenir le magazine social qui a le meilleur visuel à présenter. Nous avons offert à ces jeunes des opportunités de prendre leur place, de livrer un message à travers leurs images.

Nous remarquons cependant que, souvent, le jeune illustrateur est en panne d’idée lorsque vient le temps d’illustrer un thème, une idée. Encore plus difficile si nous lui demandons de mettre en contexte ses dessins pour en faire une bande dessinée. Le contenu de la bande dessinée, le texte, n’est pas aussi fort que l’illustration.

Un peu comme Uderzo et Gossiny, l’auteur et l’illustrateur d’Astérix, nous avons tenté de jumeler un illustrateur avec un rédacteur. Nous offrons donc les textes, un contenu aux jeunes pour qu’ils les illustrent. La situation s’est grandement améliorée. Malgré tout, nous avons eu des incohérences qui nous auront mérité des prix citron. Rappelons-nous les illustrations de notre texte sur Constance Rozon et du Festival Juste pour rire (Vol 12 no 2 octobre 2003). Les illustrations donnaient un environnement au texte différent de ce qu’il était écrit. Nous avions eu à nous excuser dans le numéro suivant de cette interprétation visuelle.

Aujourd’hui je dois reprendre pour une deuxième fois ma plume des excuses. Dans le dernier numéro, une illustration s’est glissée qui détonnait avec le texte et notre environnement éditorial. Dans le dernier exemplaire de Reflet de Société, dans le texte Création d’emploi: fermons les lave-autos automatiques, nous parlions de création d’emploi et de la beauté de voir un père de famille travailler dans un lave-auto manuel. L’illustration que nous avait fournie notre infographe montrait de jolies filles en tenues sexy lavant des automobiles. Au départ, la rédaction avait refusé le dessin. Nous ne voyions pas le lien entre l’illustration et le texte. Notre infographe a insisté, parlant de sa liberté d’expression, son droit à interpréter un texte à sa manière, du refus d’être censuré… Sous la pression du dead line et l’envahissement des différents dossiers inhérents au travail de directeur général de l’organisme, d’intervenant et de rédacteur en chef, j’ai flanché et j’ai cédé. Ce n’est qu’après publication que j’ai réalisé la grossièreté de l’erreur que je venais de commettre.

D’une part, l’image ne s’apparentait aucunement avec le texte, je me devais de la refuser. D’autre part, il est vrai que je ne peux me permettre de bafouer le droit de notre infographe de s’exprimer et de créer les images qu’il veut bien réaliser. Cependant, cela ne veut pas dire pour autant que j’accepte de les publier dans notre magazine. Si l’image ne fait pas l’affaire, notre infographe n’avait qu’à la mettre dans son porte folio personnel ou de l’afficher lors d’une exposition personnelle.

Je n’ai pas eu le courage de bafouer sa créativité. Je n’ai pas eu la sagesse de faire la différence entre un dessin pour sa créativité personnelle et un dessin qui doit communiquer son message et soutenir un texte de contenu. Aujourd’hui je n’ai que l’humilité de vous présenter l’erreur que j’ai commise et de m’en excuser.

Cette réflexion me ramène au débat que nous avions eu sur les publicités d’Éduc-Alcool (Vol. 12 no 2 octobre 2003). Le contenu des messages publicitaires est socialement acceptable. Mais les images qui supportent ces messages donnent soif et le goût de boire. Le monde de la publicité est très friand de ces images. Les publicistes savent que les mots ne servent souvent qu’à apaiser notre conscience pendant que l’image s’occupe de notre inconscient. Les politiciens travaillent maintenant leur campagne avec des faiseux d’image, les multinationales se donnent belle image pensant ainsi faire bonne figure tout en continuant de polluer la planète… L’image que l’on vend a-t-elle un pouvoir plus grand que le contenu?

Les jeunes ont de grands talents artistiques. Nous allons continuer de les aider et les soutenir à pouvoir verbaliser et créer des images sociétales. Le pouvoir de l’image appartient aux jeunes. Je remercie les lecteurs qui nous ont écrit et téléphoné pour nous faire part de leurs commentaires sur ce sujet. Cela démontre une fois de plus l’importance d’être critique et vigilant. Aucun média digne de ce nom ne saurait faire la sourde oreille à vos commentaires. Continuez votre bon travail. Vous êtes des acteurs de changements sociaux.

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